Réseaux d’accompagnement des entrepreneurs : plus que jamais

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Pour entreprendre, en France, nous entreprenons ! 1 500 entreprises chaque jour. La plupart, des microentreprises ou des TPE, autant dire que leurs patron.nes ont besoin d’un accompagnement solide : un expert-comptable, un réseau professionnel ou institutionnel. Bien entouré.e, l’entrepreneur.euse multiplie considérablement ses chances de réussite : trois fois plus de chances de pérenniser son activité. Repérage.

En France, l’accompagnement constitue un maillage plutôt dense et actif. Pourtant, seuls 39 % des chefs d’entreprise se font accompagner au moment de la création. Les autres ont tort : parmi les « accompagné.es », 9 sur 10 se disent satisfait.es, selon une analyse de l’APCE, Agence pour la création d’entreprises – enquête Sine génération 2010, Insee*. Mieux : l’accompagnement favorise la pérennité et la croissance d’une entreprise. Alors que 50 % des entreprises créées disparaissent avant d’atteindre leur sixième année d’existence, ce taux de mortalité descend à 34 % pour les entreprises accompagnées, à en croire CCI France et son étude publiée en mai 2017.

Donc, oui, s’entourer d’un un mentor, s’ouvrir à un réseau, confronter ses idées devient un atout majeur dans sa démarche. Reste à s’y retrouver dans l’offre pléthorique en matière d’accompagnement.

Grands réseaux et accompagnements typés

D’emblée, penser aux organismes consulaires. Les chambres de commerce et d’industrie et les chambres de métiers et de l’artisanat proposent en amont un soutien pour le montage et la mise en œuvre d’un projet. Elles aident à établir un business plan avec étude prévisionnelle, plan de financement, analyse du marché, recherche d’aides et subventions… À leurs côtés, d’autres acteurs ont prouvé leur efficience : le réseau BGE (ex-boutiques de gestion), Réseau Entreprendre, réseau Initiative France (qui vient de changer de présidence**) ou encore le réseau associatif de conseil CER, plus tourné vers ses 320 000 clients, agriculteurs, artisans, commerçants, prestataires de services et professions libérales. L’idéal est que ces réseaux soient associés dès l’émergence de l’idée et que le créateur s’appuie sur eux jusqu’au développement de l’entreprise. Selon le profil de l’entrepreneur, il peut se révéler judicieux de se faire accompagner par des réseaux spécifiques. Les femmes, qui créent près d’un tiers des entreprises en France, micro-entrepreneur.euses compris.es, auront intérêt à se tourner vers des réseaux ou des portails Internet qui leur sont dédiés ou vers des structures spécialisées : Force Femmes pour les plus de 45 ans (www.forcefemmes.com/), Mampreneurs pour… les mamans entrepreneuses (www.reseau-mampreneures.org/), Diversitelles pour les femmes entrepreneuses issues de la diversité (www.facebook.com/Diversitelles/), et d’autres. À chaque profil de repérer son réseau adapté. Se tourner vers ceux qui ont vocation à accompagner tout projet contribuera au besoin à identifier le réseau spécialisé « sur-mesure » s’il existe.

Les experts-comptables, des partenaires privilégiés

Parmi les professionnel.les les plus compétent.es pour accompagner les chefs d’entreprise, les experts-comptables figurent en bonne place. Leur savoir-faire et leur expérience sur les volets comptables, financiers, sociaux, fiscaux, juridiques, numériques et de gestion les désignent comme les premiers partenaires des TPE et des PME. Voilà un bon moment que ces pros du chiffre ne sont plus seulement des « comptables », mais des agrégateurs de données. Leur vision « holistique » les désigne comme des conseillers de premier plan.

D’autant que les chefs de petites entreprises ne disposent généralement pas de la ressource en interne. « Les experts-comptables sont présents dans environ 80 % des 2 600 000 d’entreprises que compte la France, indique Bruno Le Besnerais, expert-comptable et président du comité Création et entreprises innovantes de l’Ordre des experts-comptables.

Leur formation de huit années leur apporte les connaissances requises pour un accompagnement efficace de l’entrepreneur. Ils.elles sont donc naturellement leur interlocuteur privilégié. Cet accompagnement s’avérera un choix sécurisant et moins coûteux, notamment pour aider l’entrepreneur.euse dans le choix de la structure juridique et dans l’élaboration d’un prévisionnel de résultat et de trésorerie. » Les bouleversements économiques très récents liés à la covid-19 ont démontré que les experts-comptables et leurs équipes ont fait preuve de réactivité et de savoir-faire, en prenant notamment en charge la mise en place du chômage partiel, des prêts garantis par l’État, dans un contexte de règles nouvelles, parfois contradictoires et quotidiennement… très évolutives ! « Le rôle de l’expert-comptable est celui de facilitateur. Ce qui se concrétise notamment par la réalisation de toutes les tâches déclaratives fiscales et sociales qui incombent à l’entreprise et par la mise en place de tableaux de bord mensuels adaptés aux spécificités de l’entreprise. L’entrepreneur.euse dispose ainsi d’indicateurs précis et pertinents pour la conduite de son activité », démontre Bruno Le Besnerais.

Jeu de miroir

Au-delà des conseils techniques ou stratégiques, se faire accompagner par un réseau professionnel, c’est aussi et surtout bénéficier d’une relation humaine. L’un des principaux objectifs de ces réseaux consiste à sortir les entrepreneurs.euses de leur solitude en les ouvrant à une communauté. Les réseaux d’accompagnement, qui fourmillent de bénévoles – souvent d’ancien.nes chef.fes d’entreprise confirmés donc dotés d’une solide expérience –, proposent tout un panel de conseils personnalisés suivant les besoins et le degré de maturité des projets. « Nos 250 mentors bénévoles sont tous, ou ont été, des dirigeants qui comprennent ce que vivent les entrepreneurs.euses et sont donc capables de les accompagner. Ils se retrouvent avec des pairs qui vivent ou ont vécu la même chose qu’eux.elles et avec lesquels ils peuvent parler », relève Bénédicte Sanson, cofondatrice et déléguée générale du réseau Moovjee qui a accompagné depuis sa création en 2009 1 500 jeunes entrepreneurs entre 18 et 30 ans.

Pendant plusieurs mois, les apprentis chef.fes d’entreprise bénéficient d’un mentor référent qui va jouer un rôle miroir pour les accoucher des bonnes questions. « L’idée n’est pas de les conseiller, mais de les interroger pour ouvrir le champ des possibles. Qu’ils puissent, si nécessaire, se remettre en question et prendre des décisions éclairées. » Première embauche, relation difficile avec un.e associé.e, difficulté de trésorerie, première levée de fonds, autant de points durs que ces anciens chef.fes d’entreprise ont tous.tes connus. Aller plus vite, éviter des erreurs n’a pas de prix pour la survie d’une boîte nouvelle. Pas question pour autant de porter un jugement : tout se fait avec la plus grande bienveillance. Ce regard extérieur aide à prendre du recul et de la hauteur sur les projets, à en repérer les failles et surmonter un obstacle ou valider des choix. Dès le départ, en confrontant son projet à un comité d’engagement composé de chef.fes d’entreprise et d’expert.es, le.la dirigeant.e évite de foncer tête baissée dans le piège.

Grâce aux outils de pilotage que les réseaux procurent, les dirigeant.es sont contraint.es à une rigueur, ils.elles doivent mettre régulièrement à jour des tableaux de bord. Souvent précis. Le Moovjee dispose par exemple d’un pool de 500 expert.es métiers, de quoi avoir accès à tout type de compétence. Un réseau, du reste, forme aussi, de façon spécifique.

Et s’adapte localement. Les adhérent.es sont mis.es en relation avec les plates-formes territoriales propres à chaque région, département ou ville pour s’intégrer dans le tissu économique local et accéder à des contacts utiles. Grâce à leur fine connaissance des territoires et à leurs solides carnets d’adresses, les réseaux guident les nouveaux entrepreneur.euses vers les bons interlocuteurs. Être accompagné.e, c’est enfin se crédibiliser et gagner en légitimité : essentiel pour vendre son projet à des partenaires.

Les accompagnements courent au moins sur six à douze mois. Mais les réseaux préconisent de plus en plus un suivi d’activité sur le long terme.

Charlotte de Saintignon

* Étude Les créateurs d’entreprises : quels profils, quel accompagnement et quelles difficultés à la création, publiée par la Dares (ministère du Travail), www.epsilon.insee.fr/jspui/bitstream/1/100774/1/2019-026.pdf

** Sous la présidence de l’ancien patron de Renault, Louis Schweitzer, Initiative France a « sauvé » 45 000 emplois. Ce sera désormais la tâche de Guillaume Pépy, ex-patron de la SNCF, nommé à la présidence d’Initiative France.

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