Faites « vos » jeux

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Rien ne va plus ? En 2021, au pays du Soleil levant lors des Jeux Olympiques, le sport mondial fait un saut (en longueur) d’un record jusqu’alors inégalé, celui de l’égalité homme femme, en organisant notamment une compétition par équipe mixte, dans un sport traditionnellement fragmenté, entre les femmes d’un côté, les hommes de l’autre : le judo.

Une épreuve que la France remporte avec brio, à marquer d’une pierre blanche, tant c’est historique pour le sport international.

La France va de son côté plus loin encore, en nommant quatre athlètes porte-drapeau : deux femmes – Clarisse Agbegnenou et Sandrine Martinet – et deux hommes – Samir Aït Saïd et Stéphane Houdet. Deux « couples » femme/homme. Un pour les Jeux Olympiques, l’autre, pour les Jeux Paralympiques.

Une pour un. Un pour une. Et une pour tous.

Sur le papier et dans les faits, il faut dire que la symbolique est forte. La femme dans le sport vaut désormais un homme. Et un athlète en situation de handicap vaut désormais un athlète valide. Ce que les comités nationaux olympique et paralympique du sport français (le CNOSF et le CPSF) ont voulu, en perspective de Paris 2024, qualifier, je cite, de l’expression « une seule équipe de France ».

Plus jamais ça

Oui, mais voilà. Les actes sont forts. Les choses changent. Changent-elles complètement ? Malheureusement, je ne crois pas. Il suffit de repenser à la manière dont nos féminines au handball, alors revenues des JO médaillées de la plus belle couleur, l’or, sont effacées de la une de nos quotidiens, au profit d’un seul homme, le messie Lionel Messi, en personne, qui arrive au Paris-Saint-Germain. Sept femmes ne valent-elles pas un homme ? Était-ce un choix éditorial cornélien des rédactions, tiraillées entre deux moments historiques, ou un relent d’une histoire que l’on ne veut plus croire possible à notre époque ?

Ne dites plus qu’on ne fait rien pour vous.

100 heures. C’est le temps que France TV a décidé de consacrer aux Jeux Paralympiques de Tokyo en 2021, comme il l’avait déjà fait pour Rio, en 2016. C’est bien plus qu’à Londres évidemment où le groupe de télévision publique avait délégué la production et la réalisation de 77 heures de programmes à TV8 Mont-Blanc, petite chaîne locale, pour ne garder que le report des résultats et un résumé par jour des 22 sports paralympiques sur les chaînes nationales du groupe, ainsi que les cérémonies d’ouverture et de clôture.

Pour cette édition, en 2021, France TV, alors toujours le diffuseur officiel des Jeux Paralympiques, aura délégué une partie de sa mission à la chaîne L’Équipe, pour quelques heures de diffusion chaque jour.

En comparaison des JO, la couverture des JP fait pâle figure. Pour les JO de Tokyo 2020, nous avons eu pas moins de 1 100 heures en direct, 3 000 au total, sans compter les replays, si j’en crois le site de la chaîne avec une retransmission pratiquement sur tous les canaux du groupe. Nous n’évoquerons pas la couverture des médias privés TV et radio et des people, qui seront invités pour le commentaire sportif, dans chaque discipline pour les Jeux Olympiques. Une réalité que l’on ne retrouve pas encore pour les Jeux Paralympiques.

Handicap, homme ou femme : même combat.

Pourtant, que l’on soit un homme, une femme, porteuse ou porteur d’un handicap, l’effort à la fin reste le même. Chacune et chacun transpire de la même façon, se prépare avec la même exigence : celle de gagner. Pour l’emporter sur les nations concurrentes et caresser le même rêve : être sélectionné·e et réaliser son rêve, et porter haut les couleurs de son pays et les défendre, « quoi qu’il en coûte ».

Or le traitement des médias n’est jamais identique. Triste constat, surtout quand le rapport du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) publié le 6 juillet 2021 parle de seulement 0,6 % de représentation du handicap en télévision et comme d’un chiffre en stagnation depuis 2016, plutôt en déclin puisque deux ans auparavant, il était de 0,7 %.

Un sursaut de nos journalistes devient nécessaire, quand 20 % de la population est en situation de handicap et que ce nombre grandit chaque année. Même pas 1 % des contenus que nous offrons abordent le sujet.

Entretenir la flamme

C’est bien là le passage le plus difficile de cette romance sportive. Alors que le 8 août 2021 sonnait la fin des JO, en simultané à Tokyo et à Paris au pied de la Tour Eiffel, la France tout entière faisait montre d’un enthousiasme certain pour la fin des jeux, qui marquait officiellement leur arrivée à Paris pour 2024, donnant l’illusion qu’on oubliait la deuxième compétition qui débutait 16 jours plus tard. On éteignait la flamme. On en rallumait une autre, pour les Jeux Paralympiques de Tokyo 2020.

S’il nous est permis de rêver, alors, je crois que mon rêve serait de n’avoir qu’une seule flamme que l’on n’éteint jamais. Celle pour le sport. Celle qui célèbre la vie. L’amour. La passion des nations, qui se rangent dans une ferveur nationale, derrière leurs athlètes. Qu’une seule catégorie de jeux n’existe : les Jeux, tout simplement. Plus aucune distinction entre olympiques et paralympiques.

Qu’il n’existe plus d’hommes ou de femmes. D’athlètes de haut niveau d’un côté, puis de l’autre celles et ceux que l’on aime qualifier de superhéros, comme pour se déculpabiliser de ne pas faire mieux.

Plus on parle d’inclusion, plus on creuse l’écart. Finalement, la différence entre les individus n’existe-t-elle pas seulement parce qu’on veut la voir et que nous la cultivons ? 

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