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Depuis quelques mois, plusieurs indicateurs témoignent d’une « japonisation » de la zone euro. À l’image de ce que vit le Japon depuis le début des années 1990, l’économie du Vieux Continent connaît une croissance faible, des taux d’intérêts nuls, voire négatifs, et des marchés actions sans tendance haussière. « Preuve de sa pertinence, une recherche de type big data montre l’emballement des internautes pour le sujet », indique Christophe Morel, chef économiste chez Groupama AM. Mi-juin, le président de la BCE, Mario Draghi, a confirmé la crainte du professionnel en déclarant que son institution se tenait prête à mettre en œuvre toutes les mesures de soutien à sa disposition si l’inflation persistait à rester atone. « Pas de croissance, pas d’inflation et pas de solution », résume Christophe Morel. Toutefois, tempère le chef économiste, la zone euro n’est pas le Japon. « En Europe, la problématique du vieillissement démographique est sans commune mesure avec le Japon, grâce notamment aux effets positifs de l’immigration », observe-t-il. En outre, la situation d’endettement de la zone euro n’est pas aussi problématique que celle du Japon. Enfin, le marché du travail est structurellement moins « déflationniste » à la faveur de négociations salariales collectives plus présentes. Cependant, prévient Christophe Morel, « la zone euro pourrait s’enliser dans une situation à la japonaise si la faible articulation des politiques monétaire et budgétaire devait persister ». Pour lui, le principal défi des décideurs est de réagir vite dans les situations de crise et de se positionner sur des enjeux majeurs (immigration, conflit géopolitique). Un sérieux challenge alors que les dirigeants sont soumis à des aléas politiques de plus en plus importants au plan national, la crise des « gilets jaunes » en témoigne. Ce thème de la « japonisation de l’Europe » sera approfondi dans notre numéro de rentrée.