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Bruxelles, le cœur politique de l’Union européenne (UE), a récemment annoncé une augmentation significative des droits de douane sur les importations de véhicules électriques en provenance de Chine, une mesure qui vise à protéger l’industrie automobile européenne.
Cette décision, révélée mercredi, prévoit des hausses tarifaires pouvant atteindre 28 % et reflète les tensions croissantes entre l’UE et la Chine sur les subventions gouvernementales chinoises perçues comme déloyales. Cette annonce a ainsi divisé les pays européens.
L’Allemagne, fortement engagée économiquement avec la Chine, a exprimé des réserves aux côtés de la Suède et de la Hongrie, qui craignent des représailles économiques. En revanche, la France et l’Espagne ont soutenu des mesures ciblées pour contrer ce qui est considéré comme une concurrence déloyale. Pékin, de son côté, a vivement réagi en dénonçant un comportement protectionniste de l’UE et a promis de prendre toutes les mesures nécessaires pour défendre ses droits.
Actuellement, les véhicules chinois se soumettent à un droit de douane de 10 % à leur entrée dans l’UE. La nouvelle mesure prévoit des hausses significatives : 17,4 % pour BYD, 20 % pour Geely et 38,1 % pour SAIC, en fonction des subventions publiques reçues par ces entreprises. Pour les autres constructeurs chinois, un droit moyen de 21 % s’appliquera. Bruxelles précise également que ces taux ne sont pas définitifs et qu’une période de dialogue s’ouvre jusqu’en novembre pour tenter de trouver une solution avant l’instauration définitive.
Les constructeurs européens face à la concurrence chinoise
L’Europe, connue pour ses marques prestigieuses comme Mercedes, BMW, Audi, Ferrari et bien d’autres, a longtemps dominé le marché des moteurs à essence et diesel. Cependant, la montée en puissance des véhicules électriques chinois, soutenue par des investissements massifs dans la technologie des batteries, représente une menace pour l’industrie européenne. Et pour cause, la Chine est désormais le premier exportateur mondial de véhicules, ayant dépassé le Japon en 2023.
Cette mesure s’inscrit donc dans un contexte de tensions commerciales globales, notamment entre les États-Unis et la Chine. Le président américain Joe Biden a en effet, récemment porté les droits de douane sur les véhicules électriques chinois à 100 %, protégeant ainsi le marché américain dominé par Tesla. En réponse, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, annonce que l’UE ajustera les droits en fonction du préjudice subi par l’industrie européenne.
Répercussions et inquiétudes
Les constructeurs automobiles allemands, qui réalisent près de 40 % de leurs ventes mondiales en Chine, sont particulièrement préoccupés. Hildegard Müller, présidente de la fédération allemande des constructeurs automobiles (VDA), a mis en garde contre des dommages potentiels dépassant les bénéfices attendus de ces mesures. Le ministre allemand des Transports, Volker Wissing, a également exprimé des craintes concernant une potentielle guerre commerciale.
En France, où les constructeurs comme Renault, Peugeot et Citroën sont moins exposés au marché chinois, l’impact immédiat pourrait être moindre. Toutefois, la dépendance croissante de l’Europe aux importations de véhicules électriques chinois, qui ont grimpé à près de 8 % du marché européen fin 2023, reste une préoccupation majeure.
Une stratégie pour la durabilité de l’Industrie européenne
L’objectif de l’UE est double : protéger ses 14,6 millions d’emplois dans le secteur automobile et maintenir la compétitivité de ses industries face à la concurrence étrangère. L’interdiction des ventes de moteurs à essence et diesel prévue pour 2035 dans le cadre de la lutte contre le changement climatique accentue la nécessité de cette protection.
De cette façon, les prochains mois seront cruciaux pour déterminer si un terrain d’entente est possible, afin de protéger les intérêts européens tout en maintenant un commerce international équitable et ouvert.