Comment gérer le capital de départ quand on monte une start-up ?
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Faut-il opter pour une répartition égale ou inégale du capital quand on fonde une start-up à plusieurs ? Une analyse signée Élisabeth Mueller, professeur d’entrepreneuriat à l’Iéseg, et publiée par The Conversation.

Les fondateurs d’une entreprise débutent souvent en équipe afin d’augmenter les ressources disponibles, ce qui implique une décision sur la manière dont le capital de l’entreprise doit être réparti entre les fondateurs. Les fondateurs peuvent choisir une répartition égale, par exemple une allocation de 50-50 dans une équipe de deux, ou une répartition inégale, par exemple une allocation de 75-25. Les répartitions égales et inégales sont toutes deux fréquentes dans la pratique. Par exemple, 67 % des start-up technologiques nord-américaines optent pour une répartition inégale.

Or, cette décision prise tôt dans le processus entraine d’importantes conséquences sur la performance ultérieure : dans notre dernier article de recherche publié dans European Management Journal, nous observons que les start-up caractérisées par une répartition inégale du capital se développent notamment plus rapidement et réussissent mieux économiquement que celles où les fondateurs ont opté pour une répartition égale.

Relations sociales

Notre analyse de plus de 24 000 start-up allemandes montre que les équipes entrepreneuriales avec une répartition inégale atteignent en moyenne un taux de croissance, sur trois ans, supérieur de 1,3 point de pourcentage. De plus, les équipes « inégales » sont plus susceptibles d’intégrer ultérieurement d’autres investisseurs, ce qui explique en partie l’avantage de performance de ces start-up.

Cependant, les équipes « égales » présentent également des avantages. En effet, les fondateurs d’une nouvelle entreprise travaillent étroitement ensemble au quotidien. Ils se soutiennent mutuellement en combinant des perspectives individuelles et en discutant de leurs expériences antérieures. Au moment de fonder une entreprise, l’équipe décide donc de principes selon lesquels elle souhaite fonctionner, et la croissance potentielle n’est pas toujours le principal moteur de décision.

Ces principes constituent la base de leurs relations sociales. La décision majeure consiste à déterminer si les équipes veulent travailler d’égal à égal ou si elles permettent l’émergence d’un leader. Cette décision se reflète dans une répartition égale ou inégale du capital. Il est important de souligner que cette décision est parfois prise inconsciemment sans discussion explicite sur le sujet.

Par exemple, dans une start-up allemande dans le secteur du logiciel, l’une des fondatrices nous a déclaré qu’elle avait choisi de commencer dans une équipe à répartition égale car elle était nouvelle dans le secteur. Elle se sentait davantage en sécurité dans la relation d’égalité avec son cofondateur.

Ainsi, la répartition égale était utile pour faire face à l’incertitude. En revanche, pour sa prochaine start-up, elle souhaite prendre la majorité parce qu’elle pourra alors mettre en avant son expérience d’entrepreneure. À l’avenir, elle voudrait bénéficier d’une plus grande liberté dans la prise de décision qu’apporte une part majoritaire de capital.

Une question de motivation

Concrètement, les équipes qui choisissent une répartition égale sont caractérisées par une préférence pour l’égalité et l’équité, où les contributions sont basées sur la réciprocité. Ses fondateurs accordent une grande importance à la prise de décision collective et à l’harmonie et sont prêts à renoncer à un certain succès économique pour atteindre cet objectif.

Ainsi, une équipe allemande composée de deux entrepreneurs a développé un nouveau modèle de garderie pour répondre aux lacunes dans ce secteur. Dans l’équipe, chaque fondateur était responsable d’un domaine clairement circonscrit d’égale importance. Ils ont décidé de partager équitablement parce que la confiance était très importante pour eux. De plus, leur principale motivation était de résoudre un problème social, et non de croître rapidement.

Dans les équipes à répartition inégale, au contraire, chacun est censé contribuer proportionnellement à sa part de capital. Ainsi, les fondateurs plus influents sont censés contribuer davantage. Davantage motivées par le succès financier, elles adoptent des stratégies de croissance plus agressives.

Par exemple, l’équipe fondatrice d’une plate-forme guidant les utilisateurs vers des offres à bas prix, qui a participé à notre enquête, était consciente de la nécessité de se développer rapidement. Ses fondateurs ont commencé avec une équipe initiale de trois personnes et une répartition inégale. Après une entrée réussie sur le marché, ils ont activement recherché un investisseur pour rejoindre leur équipe et ont finalement obtenu un investissement qui a contribué à améliorer leur service.

Un taux de survie similaire

Lorsqu’ils lancent une nouvelle entreprise, les entrepreneurs doivent donc noter que la décision initiale concernant la répartition du capital peut entrainer des conséquences durables. Nos résultats en Allemagne semblent pouvoir s’appliquer ailleurs, du moins dans un contexte occidental.

Nos résultats n’impliquent pas que toutes les équipes entrepreneuriales devraient choisir une répartition inégale. De fait, l’organisation en répartition égale ou inégale est des modèles viables pour une équipe, car nous observons des taux de survie similaires pour les start-up.

Quant aux investisseurs, ils devraient éviter de limiter leur engagement exclusivement aux équipes entrepreneuriales qui présentent des répartitions inégales. Bien que les start-up avec une répartition inégale soient en mesure d’assurer des rendements financiers plus élevés, il est possible que les start-up avec une répartition égale fonctionnent mieux lorsque l’équipe fondatrice poursuit des objectifs sociaux ou environnementaux. Ainsi, les investisseurs devraient s’assurer, au préalable, que la structure interne de l’équipe correspond bien aux objectifs poursuivis par celle-ci.The Conversation

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence creative commons. Lire l’article original.

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