cloud de confiance et souveraineté numérique
Crédits : ©️ 2025 Data Éclosion

Temps de lecture estimé : 2 minutes

TRIBUNE. Nous, Data Éclosion, Jean‑Pierre Corniou (président de l’Institut de l’iconomie, président d’Agile.IT, ex-DSI du groupe Renault, ex-président du Cigref), Pierre‑Antoine Tsady (fondateur d’Ecostylia Magazine), soutenons que : la souveraineté numérique n’est pas une posture idéologique. C’est une assurance‑vie économique pour protéger nos emplois, nos données. C’est la condition de la résilience, gage de l’autonomie stratégique. Par Yoann Pantic. 

Nous parlons de souveraineté pour préserver et développer, pas pour dresser des frontières. Sans elle, vient la dépendance et la violence économique : tarifs imposés, conditions unilatérales, coupures. En effet, en Europe, 80 % des dépenses de logiciels et de services de cloud, soit 265 milliards d’euros par an, vont à des entreprises américaines. Vient aussi le risque géopolitique : si un câble sous‑marin est coupé, presque toute l’économie s’arrête.

Pour autant, la souveraineté numérique ne se décrète pas : elle se construit. Et cela commence par les infrastructures, à savoir le cloud.

Le cloud aujourd’hui : 3 géants, 2 fragilités

Le marché est tenu par les hyperscalers américains : Amazon Web Services, Microsoft Azure et Google Cloud. Ils apportent puissance, mais aussi verrouillage.

En face, une myriade d’acteurs européens, souvent jugés trop petits, et moins dotés en services prêts à l’emploi : là où AWS et Azure en offrent plus de 200, les clouds européens en proposent quelques dizaines.

Plus préoccupant encore : une fois votre cloud choisi, difficile d’en changer, car la portabilité fait défaut. Ainsi, beaucoup de DSI se tournent vers un des géants états‑uniens too big to fail.

Faut‑il bâtir un « AWS européen » ? C’est ignorer qu’Amazon a investi 48,1 milliards de dollars en 2023, 77,7 en 2024 et en vise 100 en 2025, essentiellement pour AWS. À titre de comparaison, en 2024, c’est 1,4 milliard d’euros pour Iliad (Scaleway) et 343 millions pour OVHcloud.

Investir autrement : l’arme du standard ouvert

Notre culture du capital‑risque ne produit pas des investissements « à l’américaine ». Alors changeons d’outil : un standard ouvert de portabilité du cloud pour déplacer données et applications sans coûts excessifs ni réécritures massives.

Avec cette liberté de sortie, nos entreprises peuvent changer de fournisseur ; mieux : essayer de nouveaux acteurs (notamment européens) et ainsi redynamiser notre écosystème.

SPACE : l’USB du cloud

Nous proposons le Standard for Portability Across Cloud Environments, pour faciliter la migration de nos systèmes d’information (SI) et de nos données d’un cloud à l’autre, y compris dans des scénarios multicloud.

Pour les usages régaliens et critiques, le cadre existe déjà : SecNumCloud, référentiel de qualification de l’Anssi. Le SPACE ne le remplace pas, il le rend opérationnel.

Il est temps d’agir

Passons au réel : lançons un projet pilote avec des organisations ayant un besoin immédiat de cloud de confiance (défense, santé, spatial et leurs fournisseurs ; banques, industries critiques, médias ; clouds français et européens).

Objectif : démontrer la faisabilité du standard en publiant des indicateurs opposables (temps de bascule, indisponibilité, coûts de sortie).

Data Éclosion propose d’initier le standard et d’en piloter la première mise en œuvre. À l’issue du pilote, le standard sera confié à un consortium ouvert. À terme : pérennité, souveraineté et véritable pouvoir de négociation pour nos entreprises.

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