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Le dynamisme économique de leurs territoires, voilà bien un casse-tête permanent pour les régions françaises. Bon point : les indicateurs révélateurs et les éléments de conjoncture ne manquent pas. Entre bilan de santé économique et démographie des entreprises, mesurons la richesse industrielle de nos régions.
Le paradoxe industriel
La rengaine est connue, Paris et sa région comptent parmi les territoires européens les plus dynamiques. En quelques chiffres, l’Île-de-France c’est 12,1 millions d’habitants, près de 1,1 million d’entreprises, plus de 6,3 d’emplois, dont 5,89 millions pour l’emploi salarié et 4,8 millions pour l’emploi salarié privé, un taux de chômage de 7,5 % et plus de 200 000 créations d’entreprises annuelles. Si elle est l’une des toutes premières régions industrielles de France (436 000 emplois selon l’Insee), l’Île-de-France est l’une des moins industrialisées (7,6 % contre 14,6 % de moyenne nationale). C’est le secteur tertiaire (commerce, administration, services…) qui se taille la part du chef, avec 85 % de l’emploi salarié (75 % de moyenne nationale). En détails, l’industrie se répartit notamment autour de l’aéronautique (plus de 100 000 emplois dans l’aéronautique industrielle et 130 000 pour l’aéroportuaire), l’industrie automobile (73 200 emplois en 2018) ou encore les industries manufacturières et extractives (près de 44 000 entreprises fin 2016). Entre automatisation des chaînes de production et transformation numérique (trop souvent mal nommée transformation digitale !) des entreprises, le paysage industriel francilien est en mutation, malgré son déclin. Une numérisation encouragée par la région, notamment au sein des PME. Logique pour celle qui aspire à devenir la première smart region d’Europe. Le chemin est encore long.
La filière aérospatiale pour moteur
Sans surprise, le secteur industriel de la région toulousaine est symbolisé par ses filières aéronautiques et spatiales. L’industrie occitane c’est plus de 225 000 emplois (11 % du salariat régional), qui font du territoire la 7e région industrielle métropolitaine (7 % de l’emploi industriel national). Avec la présence du géant européen Airbus, leader mondial du secteur, et une dynamique de secteur au beau fixe, l’Occitanie est l’une des places fortes de l’aéronautique européenne et mondiale. La filière emploie 61 000 personnes dans la région, pendant que le domaine spatial rassemble 10 000 salariés (la moitié des effectifs nationaux et le quart des effectifs européens !). Autre spécialité régionale de renommée internationale : les systèmes embarqués appliqués aux transports. Avec 20 000 employés, l’Occitanie s’impose comme un leader européen du secteur. Transition numérique et nouveaux enjeux technologiques obligent, la région toulousaine soigne également sa filière des technologies de l’information et de la communication (TIC) et ses 46 000 salariés (3e total national). Petit bémol économique pour l’Occitanie : un taux de chômage de 10,1 %, au-delà de la moyenne nationale.
L’industrie en moteur régional
Depuis la réunion des anciennes régions Nord-Pas-de-Calais et Picardie, les Hauts-de-France s’imposent comme une des régions les plus dynamiques sur le plan économique. La troisième région la plus peuplée de France (6 millions d’habitants), s’appuie sur une filière industrielle de poids. Première région pour la construction ferroviaire, seconde région pour la construction automobile (50 000 salariés et 550 sites), la région lilloise se hisse en haut du tableau. Autres secteurs forts : l’agroalimentaire (37 000 salariés) et la santé (30 000 salariés). Avec 287 000 emplois dans l’industrie, sur les deux millions d’emplois du territoire, les Hauts-de-France se classent 4e région industrielle française (près de 15 % de l’emploi régional). Une quatrième position nationale également occupée en termes d’exportations industrielles. Entre héritage et modernité, l’industrie de la région nordique se réinvente. Le secteur traditionnel du textile (15 000 salariés) se transforme au travers du Centre Européen des Textiles Innovants installé à Tourcoing, et l’industrie devient inséparable du secteur tertiaire. La région des Hauts-de-France, avec ses 8 pôles de compétitivité, est bel et bien sur la pente ascendante.
Dans le wagon de tête
Forte d’un riche tissu industriel, la région Grand Est s’impose comme la seconde région industrielle hors Île-de-France. Et pour cause, l’industrie représente près de 16 % des emplois de la région (12,4 % de moyenne nationale) et se répartit entre industrie manufacturière, énergétique et agroalimentaire. De plus de 10 % des industries françaises de 100 à 499 salariés et de plus de 500 salariés sont implantées en région Grand Est. Un secteur qui représente de surcroît 19 % de la valeur ajoutée du territoire. Parmi les fleurons industriels de la région strasbourgeoise : l’industrie automobile. La première région française en matière d’assemblage automobile c’est le Grand Est, avec 25 % de la production nationale et 87 000 salariés répartis sur 690 sites. Autre élément moteur du dynamisme industriel régional : la présence de 13 zones labellisées « Territoires d’industrie », dans le cadre du Plan national de transformation de l’industrie par le numérique, qui vise à « soutenir la transformation numérique de l’industrie et sa montée en gamme » (les territoires d’industrie se partagent une enveloppe de 1,3 milliard d’euros). Le Grand Est est la seconde région métropolitaine en nombre de territoires labellisés.
Championne de l’industrie
Si la région lyonnaise se contente de la seconde position métropolitaine derrière l’Île-de-France pour bien des indicateurs (PIB, PIB par habitant, nombre d’emplois, R&D, nombre d’entreprises…), elle est en revanche devant en termes de richesse industrielle. Avec près de 500 000 emplois dans l’industrie répartis sur 50 000 sites et un taux d’industrialisation de son économie de 18,3 %, elle dépasse son alter ego francilien. Un secteur fort donc, qui représente annuellement 41 milliards de valeur ajoutée brute pour la région. Autre témoin de la vitalité de l’économie aurhalpine : un taux de chômage de 7,4 % (8,6 % à l’échelle nationale). Parmi les principaux secteurs industriels d’ARA, on retrouve les produits métalliques (3 % de l’emploi régional), les caoutchoucs et plastiques (2 %) et les produits électriques et électroniques (2 %). Viennent ensuite l’industrie chimique, le textile, l’agroalimentaire… Et l’industrie numérique n’est pas en reste : avec une croissance de 19,5 % enregistrée de 2014 à 2018, elle représente aujourd’hui plus de 68 000 emplois (3 % de l’emploi régional). Un emploi sur douze créé dans la région l’est dans une entreprise du numérique. De quoi faire d’Auvergne-Rhône-Alpes la seconde région du numérique derrière…l’Île-de-France.
ADAM BELGHITI ALAOUI
Sommaire du dossier
1. Enquête exclusive : 7 transformations numériques à valeur d’exemple
2. L’industrie en région : quel poids, quelle densité ?
3. (Im)maturités dans le monde…