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Répétons-le, la reconnaissance internationale de son enseignement supérieur se veut plus que jamais un enjeu considérable pour un pays qui se veut influent. Les grandes écoles françaises l’ont compris. Leur internationalisation est devenue pour elles un défi permanent. Un mouvement dont les écoles de management sont les leaders.
Avec plus de 245 000 étudiants internationaux en mobilité diplômante, la France est la quatrième terre d’accueil dans le monde et première non anglophone, derrière l’Australie, le Royaume-Unis et les États-Unis. Mais elle ne progresse pas aussi vite que ses concurrents – 9 % d’étudiants étrangers accueillis entre 2011 et 2016, + 28 % pour l’Australie qui prend ses distances, tandis que l’Allemagne et la Russie se rapprochent. La France accueille moins, mais envoie plus, la mobilité sortante des étudiants français a crû de 50 % sur la même période. Au gré d’accords d’échanges, de doubles diplômes, d’implantation de campus à l’étranger, de stages internationaux et d’accréditations, les grandes écoles enrichissent leur réseau et par là même, leur influence. Une course continue que sanctionne chaque année le redouté classement annuel des business schools du Financial Times.
Bien : la France est la plus représentée dans le top 100 européen. Moins bien : elle ne place que cinq écoles (Insea, HEC, EMLyon, Essec et Grenoble école de Management) dans un top 100 mondial archidominé par les États-uniens. Seuls onze établissements français ont gagné des places cette année (mention spéciale à l’Essec et Audencia, qui grappillent respectivement 15 et 14 rangs). Si les françaises n’ont pas encore l’aura des têtes d’affiche, elles comptent sur leurs implantations à l’étranger (plus de 130 campus) et l’extension de leurs réseaux de partenaires internationaux. À l’instar de Neoma et Audencia qui en comptent chacune plus de 300. Une volonté de développement global incarnée par un livre blanc, L’enseignement supérieur français : acteur mondial, coédité par Neoma et Audencia. Au menu, universités partenaires, accréditations internationales et ouverture sur le monde.
Une affaire de partenariats et d’accréditations
Sur une soixantaine de pages, les articles d’analyse alternent avec des témoignages d’étudiants et de cadres de l’enseignement supérieur. « L’idée était d’établir un décryptage des stratégies à l’œuvre et d’intégrer le point de vue des étudiants sur leur expérience à l’international, en plus d’élargir la perspective en décryptant comment on pratique l’international dans d’autres pays », explique Delphine Manceau, directrice générale de Neoma BS. Promouvoir les mobilités internationales, l’immersion dans de nouvelles cultures, l’intégration dans des réseaux mondiaux… Autant de leviers, ajoute Delphine Manceau, pour « préparer les étudiants à leur vie professionnelle, qui sera internationale ».
Pour Christophe Germain, directeur général d’Audencia, même constat, l’international fait partie de l’ADN des écoles de management, qu’il décrit comme « de formidables chevaux de Troie pour la France, un exemple à suivre pour l’ensemble de l’enseignement supérieur français ». Une chose est sûre, les étudiants sont en contact permanent avec l’international. Tout démarre sur le campus, 65 % de professeurs étrangers à Neoma, 55 % à Audencia et plus de 80 nationalités représentées parmi les étudiants. Une mixité et des échanges permanents rendus possibles par les dizaines de partenariats internationaux conclus à travers le monde. À l’instar de la Shenzhen Audencia BS, ces accords offrent aux étudiants l’accès à des doubles diplômes conçus pour leur ouvrir les portes de nombreux marchés et réseaux d’entreprises. La Chine fait saliver, Neoma doit ouvrir en octobre 2019 le campus de la Nankai Neoma School of innovation. Entre écoles accréditées, on se comprend. Car un sésame des business schools existe, la labellisation par des organismes d’accréditations internationaux. Une reconnaissance indispensable pour faire rayonner sa marque sur la planète et conclure des accords. Le graal, c’est la triple accréditation, qui réunit le label américain AACSB, l’européen EQUIS et le britannique AMBA (évaluation de la qualité des programmes MBA). Dans le monde, 88 écoles l’ont décroché, 15 sont françaises, dont Neoma et Audencia.
Citoyens du monde
L’internationalisation, c’est avant tout l’ouverture sur le monde. En permanence en contact avec des étudiants et des professeurs venus des quatre coins du globe, les étudiants s’offrent des perspectives qui dépassent largement le cadre national. Au-delà de l’aspect formateur et professionnalisant des expériences à l’étranger, Christophe Germain relève une « finalité sociétale » : « Il n’y a pas de démarche plus pertinente, dit-il, que celle de pousser des jeunes à découvrir d’autres cultures. Nous avons aussi un rôle à jouer dans la société, un jeune aujourd’hui doit devenir citoyen du monde. » Avis que partage son alter ego chez Neoma. Delphine Manceau souligne « l’importance de s’ouvrir aux cultures, d’encourager les étudiants à aller vers les étudiants internationaux sur les campus ». Une culture de l’ouverture déployée et enrichie continuellement. Pendant qu’Audencia lance un institut global intercontinental en Amérique du Sud (équateur, Brésil) et en Afrique (Ghana, Kenya), sur la thématique de l’agrobusiness, Neoma ouvre des bureaux de recrutement d’étudiants en Inde et en Colombie. « L’idée est de rayonner à l’international en gardant les pieds dans notre écosystème, c’est fondamental », insiste Christophe Germain. En somme, faire la course aux partenariats et aux marchés. Ce que Delphine Manceau exprime autrement : « Nous ne voulons pas être une école offshore, nous tenons à notre ancrage en France. »
Face à ce constat d’un monde professionnel et étudiant plus que jamais internationalisé et concurrentiel, Olivier Rollot, rédacteur en chef du livre blanc, ironise par son adresse aux DG de Neoma et Audencia : « Et si la personne la plus importante au sein d’une école de commerce d’aujourd’hui était celle qui dirige le département des relations internationales ? »
Adam Belghiti Alaoui