Alerte à la pollution liée aux substances médicamenteuses !

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Ezzedine El Mestiri, fondateur du magazine Nouveau consommateur en 2003
Ezzedine El Mestiri, fondateur du magazine Nouveau consommateur en 2003

En 2022, l’académie des sciences de l’ONU a révélé qu’un quart des rivières du monde contiennent des dangereuses substances médicamenteuses.

On appelle ce fléau la RAM. Il s’agit de la résistance aux antimicrobiens. Reconnaissant cette calamité comme une menace majeure pour la santé humaine et animale, la sécurité alimentaire et l’environnement, les États membres de l’ONU viennent d’adopter une déclaration politique pour forger une action collective contre elle.

Les bactéries évoluent vite et elles peuvent facilement modifier leur matériel génétique et développer des mécanismes de défense leur permettant d’échapper à l’action des antibiotiques. La RAM n’est pas seulement liée à notre capacité à traiter les maladies humaines, animales et végétales, mais elle concerne aussi notre sécurité alimentaire et la préservation de notre environnement. Il est donc, primordial de progresser dans l’éradication de cette menace, responsable de 1,3 million de décès par an et qui coûte environ 800 milliards de dollars par an en frais de santé et en perte de productivité. La Banque mondiale estime que la RAM pourrait entraîner des pertes de produit intérieur brut (PIB) de 1 000 à 3 400 milliards de dollars par an d’ici à 2030 ! La résistance aux antimicrobiens n’est pas un risque hypothétique et aucun pays n’est à l’abri de cette menace qui pourrait réduire à néant des décennies de progrès médicaux.

Une pollution sur la santé des écosystèmes et des humains

A l’échelle mondiale, il y a un manque d’informations accessibles sur les dommages environnementaux causés par la fabrication et l’utilisation des médicaments que nous consommons de plus en plus et nous en administrons à nos animaux d’élevage. Cela provoque des effets néfastes sur les écosystèmes qui se retrouvent pollués par des substances chimiques qui passent par les eaux usées. En 2022, l’académie des sciences de l’ONU a révélé qu’un quart des rivières du monde contiennent des dangereuses substances médicamenteuses. En France, 19 % des rivières étudiées dans le cadre de cette étude renfermaient des antimicrobiens à des niveaux excédant les limites de sécurité.

Qu’ils soient ingérés ou jetés, ces nombreux médicaments ne sont pas sans effets sur l’environnement. Les conséquences de cette pollution sur la santé des écosystèmes et des humains peuvent être délétères. Dans une étude publiée en 2024 dans la revue Nature, une trentaine de scientifiques alertent sur les effets désastreux sur la faune sauvage. Ils appellent à verdir le processus de fabrication et de mise au rebut des substances pharmaceutiques. Une autre recherche récente, publiée dans la revue Nature Sustainability, indique que les drogues qui polluent les rivières et les lacs comprennent, des antidépresseurs et des antibiotiques.

Des médicaments plus écologiques

La croissance démographique, le changement climatique et la menace croissante de la RAM nous adjurent de repenser notre approche de la production alimentaire. Réduire le besoin d’antimicrobiens à travers des normes et de précautions plus élevées pour la santé animale et végétale, diminuer l’utilisation des antibiotiques dans l’agriculture et accélérer l’élimination durable des produits pharmaceutiques. Promouvoir une consommation rationnelle de médicaments plus écologiques qui présentent un risque potentiel réduit pour la faune sauvage et la santé humaine.

Le citoyen, premier concerné, peut aussi limiter l’impact de ses traitements médicaux sur la nature.  Il est  possible, par exemple, de demander à son praticien de privilégier des prescriptions à faible indice PBT (abréviation de substance persistante, bioaccumulable et toxique). Celui-ci donne une note (de 1 à 9) sur la dangerosité environnementale des substances actives du médicament. Autre geste : trier correctement ses médicaments inutilisés ou périmés et les confier à la filière de récupération Cyclamed qui collecte ces déchets pas comme les autres afin qu’ils soient traités à part.

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