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Par Jean-Eudes Yahouedeou, CEO de Seeqle
TRIBUNE. Depuis quelques mois, le débat fait rage : faut-il revenir au bureau pour renforcer la cohésion et la productivité ou, au contraire, privilégier le télétravail pour attirer et retenir les talents ?
Entre les entreprises qui imposent un retour au présentiel et celles qui revendiquent un modèle full remote, le choix semble binaire. Pourtant, nous avons constaté que la vraie réponse ne se trouvait ni dans l’un, ni dans l’autre, mais dans une approche plus flexible, qui évolue au fil des besoins réels des équipes.
Ce sont nos propres collaborateurs, et notamment nos équipes techniques, qui ont demandé un retour partiel en présentiel. Un constat qui va à l’encontre de nombreuses idées reçues et qui démontre qu’en matière d’organisation du travail, il n’existe pas de solution universelle, seulement des ajustements pragmatiques.
L’illusion du tout-télétravail
À ses débuts, Seeqle – comme de nombreuses start-up – a expérimenté un mode de travail 100 % distanciel pour ses équipes techniques. L’objectif était d’attirer les meilleurs talents, d’offrir une flexibilité maximale et de permettre aux développeurs et experts en IA de travailler dans des environnements optimaux. Cette approche semblait idéale : moins de trajets, plus de concentration et un élargissement du vivier de recrutement au-delà des frontières géographiques traditionnelles.
Mais la réalité s’est révélée plus nuancée. Rapidement, un constat s’est imposé : l’innovation naît rarement derrière un écran interposé. Les équipes techniques elles-mêmes – pourtant souvent les plus attachées au télétravail – ont exprimé leur volonté de revenir au bureau pour recréer du lien, fluidifier les interactions et retrouver une dynamique de co-création plus naturelle. Plutôt que d’imposer un modèle descendant, nous avons laissé les collaborateurs construire leur propre équilibre. Résultat : un mode de travail hybride, avec un socle commun (1 à 2 jours de télétravail par semaine pour la majorité des collaborateurs, une fois leur autonomie confirmée) avec une adaptation aux spécificités de chaque équipe.
Un équilibre pensé avec et pour les équipes
Face à cette évolution des besoins, nous avons opté pour un modèle hybride structuré. Cette approche repose sur trois piliers essentiels. D’abord, la cohésion d’équipe. Les échanges en présentiel favorisent un climat de confiance et un esprit collectif plus solide. Loin d’être anodines, les interactions humaines impactent directement la motivation et l’engagement des collaborateurs. Ensuite, la collaboration interéquipes. Les projets nécessitant des itérations rapides et une prise de décision dynamique bénéficient d’une proximité physique entre les équipes techniques et business. Enfin, la productivité. Les études montrent qu’un équilibre entre présentiel et télétravail maximise la performance. Nos chiffres le confirment également : la flexibilité permet d’améliorer la concentration tout en maintenant une forte dynamique collective.
Écouter plutôt qu’imposer : le futur du travail doit être co-construit
Aujourd’hui, les positions sur le télétravail dans le monde de l’entreprise se polarisent de plus en plus, souvent dictées par des logiques budgétaires (réduction des bureaux, ouverture à un vivier international, etc.) ou culturelles (contrôle, appartenance à l’entreprise). Certaines entreprises reviennent ainsi au 100 % présentiel tandis que d’autres se réfugient dans le full remote, mais trop peu font le pari de l’écoute active et de l’expérimentation.
Pourtant, nous sommes convaincus que l’avenir réside dans un modèle hybride, qui conjugue flexibilité et ancrage collectif. Cette organisation permet aux collaborateurs de bénéficier des avantages du télétravail, comme l’autonomie et la concentration, tout en préservant l’importante dynamique d’équipe qu’offre le présentiel. Au-delà d’un choix organisationnel, cet équilibre est un levier stratégique : il favorise l’innovation, optimise la collaboration et renforce l’engagement.
Le futur du travail s’inscrira dans la capacité des entreprises à ajuster des règles en fonction des impératifs business et des réalités du terrain. Il est essentiel d’adopter une approche sur mesure, qui s’appuie sur les retours concrets plutôt que sur des théories préconçues.