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L’eau puisée dans les nappes souterraines (microbiologiquement saines) ne peut faire l’objet que d’un nombre limité de traitements de purification.
Qui aurait imaginé une telle vaste tromperie dans les eaux minérales ? Une enquête du journal Le Monde et de la cellule investigation de Radio France vient révéler que le groupe Nestlé et d’autres industriels nous ont caché que l’eau qu’ils pompaient était contaminée.
Durant des années, ils ont utilisé des traitements interdits d’ultraviolets et de filtres au charbon actif pour continuer leur business. Le groupe Sources Alma, producteur d’une trentaine d’eaux en bouteille en France, endure aussi à ses eaux des injections de sulfate de fer et de CO2, une microfiltration inférieure aux seuils autorisés, mais aussi des mélanges d’eaux dites « minérales » ou « de source » avec de l’eau du robinet.
Nestlé avait contacté le gouvernement
Or, le code de la santé publique définit trois types d’eaux conditionnées : les eaux minérales naturelles, qui se distinguent par leur « pureté originelle », les eaux de source et les « eaux rendues potables par traitement ». Si ces dernières peuvent supporter le même type de traitements que ceux appliqués à l’eau potable du robinet, il n’en va pas de même pour les deux premières catégories.
À la différence de l’eau du robinet, l’eau en bouteille ne doit pas être traitée avec des dispositifs de désinfection pour pouvoir être qualifiée de « minérale naturelle » ou « de source ». L’eau puisée dans les nappes souterraines (microbiologiquement saines) ne peut faire l’objet que d’un nombre limité de traitements de purification. Le recours à des filtres à charbon ou des filtres UV est strictement interdit.
Pour éviter le scandale et les sanctions, Nestlé a pris les devants en 2021 pour informer le gouvernement de l’utilisation de ce procédé interdit et a négocié discrètement avec lui, la mise en place d’un nouveau cadre en février 2023, pour continuer à exploiter ses forages avec des systèmes de filtration. Cet assouplissement de la réglementation sur les traitements autorisés pour les eaux minérales naturelles suscite aujourd’hui des interrogations !
Quelle défense pour Nestlé ?
La multinationale suisse justifie ses pratiques délictueuses par les conditions climatiques et environnementales, la multiplication des sécheresses, l’expansion des activités humaines autour de ses sites, qui rend difficile le maintien de la stabilité des caractéristiques essentielles d’une eau minérale naturelle. Le cynisme la pousse à déclarer qu’elle a protégé le consommateur de cette dégradation de la qualité de l’eau ! Mais ce dernier a-t-il encouru un risque sanitaire ? Circulez, il n’y a rien à voir ! Selon Nestlé la mise en place des traitements ne relèverait pas d’une tromperie, mais d’un renforcement de la sécurité.
Il n’en demeure pas moins que ces industriels ont trompé le consommateur qui a continué à payer une eau minérale cent fois plus chère que celle qui coule au robinet parce qu’elle est censée être pure, saine et meilleure pour la santé ! Cet acte de mystification constitue au regard du droit une infraction passible de sanctions. En attendant, bizarrerie dans ce monde économique, deux jours après les révélations scandaleuses dans les médias français, l’action du groupe Nestlé a progressé de plus de 4,5 % en une semaine !