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Jopy pour chats obèses
C’est simple, un chat a besoin de viande saine, sous forme de croquettes non sucrées ou de pâtée naturelle. Souci, les croquettes du commerce sont légumineuses et sucrées. D’où obésité, maladie, frais vétos et vie raccourcie. Le maître de Georges a trouvé la solution et la boîte qui va avec…
Il était un chat, Georges, qui souffrait d’embonpoint. Il était son maître, François Rousse, 31 ans, de Nantes, qui cherchait le bon régime. Comme le maître du chat était un jeune homme issu de Dauphine spécialité finance toujours en quête d’une idée d’entreprise à créer, il s’est dit que parmi les 14 millions de chats recensés en France, il devait bien se trouver quelques milliers d’humains confrontés au même souci face à leur chat obèse : quel est le bon régime alimentaire pour le gros félin et comment me procurer facilement croquettes et pâtée dans le bon dosage ?
1er prix du Challenge Open Iseg
François Rousse est aussi adepte du vélo et une idée d’entreprise lui roule dans la tête. Il rencontre Tanguy Haugomard, élève de l’Iseg, spécialisation marketing, pour qu’ils créent ensemble la boîte. Le concept ne voit pas le jour, mais les deux jeunes gens se sont trouvés : ils vont créer Jopy, « la croquette meilleure pour votre chat et pour notre planète ». Jopy ? C’est le surnom de Georges.
Tanguy Haugomard connaît très bien le challenge Open Iseg, ouvert aux sept campus du groupe Ionis, de la 1re à la 5e année, comme aux anciens des cinq dernières promotions de l’Iseg. Pour avoir déjà présenté un projet non finalisé, il a conscience que Jopy aura toutes ses chances s’ils arrivent face au jury à la tête d’une entreprise – pour l’heure une SARL dont il est le cogérant avec François Rousse. Et bingo. Cette année, c’est Jopy qui remporte le 1er prix – 10 000 euros – d’un concours de projets parmi les mieux dotés des écoles de commerce et de communication (et ouvert puisqu’il suffit d’un élève parmi les écoles du groupe dans l’équipe fondatrice pour participer).
Diététique et régime écologique
Non seulement les voilà mis en avant, mais le prix est le bienvenu pour avancer d’un cran dans le financement d’une entreprise lancée via le crowdfunding d’Ulule ouvert en décembre 2019. Avec 644 précommandes, le concept Jopy est validé et… bloqué par les confinements successifs. Opiniâtres, les deux associés peaufinent leur business plan. On définit le régime selon le chat adulte et stérilisé, le site de vente en ligne propose de l’achat direct ou un abonnement et sa fréquence. Il est sans engagement, se suspend, se reprend. Il comporte croquettes et pâtée selon les besoins de l’animal, au dosage établi par un simple formulaire selon les kgcalories journalières recommandées.
Mais Jopy s’inscrit d’emblée aussi dans une vision environnementale : le menu se compose de produits naturels (dont le poulet) concoctés en France – les croquettes du commerce sont trop sucrées –, le packaging en papier biodégradable est sans plastique, les livraisons sont assurées par vélocoursiers et une partie du prix est reversé à une association…
S’en tenir pour l’heure aux trop gros chats
Depuis sa création, le site régime félin a livré quelque 3 100 commandes. Accueilli au sein de l’incubateur Novapuls régional, Jopy a travaillé la cohérence des chiffres de son offre pour présenter son pitch rodé à des investisseurs dès janvier 2021. Les deux diététiciens pour félins travaillent aujourd’hui à construire une équipe, à diversifier les recettes (il faut 5 mois au moins pour en mettre une au point) et à recruter leur clientèle (via les réseaux type Google Ad, travail de SEO, de relations presse, programmes d’affiliation et de parrainage, offre commerciale auprès des start-up nantaises, partenariat avec des boutiques – le pureplayer sait que les sites physiques nourrissent non seulement les chats mais aussi les données, le phygital…).
Ils ont droit souvent à la question qui s’impose : et les chiens (8 millions en France, en baisse) ? Et les NAC (du cobaye au serpent en passant par le lapin et le furet…) ? Les deux jeunes gens y penseront en temps utile. Pour l’heure, Jopy-Georges a retrouvé une silhouette de rêve sans pollution excessive. Un objectif largement suffisant pour la première phase de développement de la start-up nantaise.
Olivier Magnan