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La politique reste un sujet à manier avec grande prudence en famille et plus encore au bureau. Entre nouveau gouvernement, vision du féminisme, de la politique migratoire ou encore du conflit israélo-palestinien, les motifs de discorde ne manquent pas.

Il s’agit sans doute du plus célèbre dessin de presse de l’Histoire. Un dîner en famille, de Caran d’Ache, fut publié le 13 février 1898 dans Le Figaro. Sur la première case, une famille bourgeoise fait bombance. Tout le monde sourit, fait risette. En bref, tout va bien. Sur la seconde case, la nappe est par terre, les assiettes cassées, la grand-mère donne un coup de pied au gendre et c’est la bagarre générale. Mais que s’est-il donc passé ? Eh bien, « ils en ont
parlé… ». Sous-entendu de l’affaire Dreyfus, sujet fort explosif à l’époque tant il déchaînait les
passions et les haines. Et alors au bureau, ça donne quoi ?

Ne rien s’interdire, à la condition d’un certain tact

La société française n’a jamais considéré que la politique relevait du champ du tabou, à l’inverse des Anglais ou des Américains, qui détestent aborder ce sujet en public, préférant de loin le fameux « small-talk ». En bref, parler de la pluie et du beau temps ou de tout autre sujet qui ne soit pas à risque d’agiter les passions. La France, de culture et de tradition latine, n’a jamais eu peur de la polémique. Comme le disait François Mitterrand : « Que font deux Français lorsqu’ils se rencontrent ? Des discours ! ». Les bistrots servent à cela.

ATTENTION À NE PAS TRANSFORMER LA MACHINE À CAFÉ EN TRIBUNE PARTISANE

Malgré tout, on peut distinguer deux catégories de salariés. D’un côté les « militants » qui profiteront de n’importe quelle occasion pour tartiner un peu de leur idéologie, qu’elle soit de droite ou de gauche. « Il faudrait qu’on pense à réserver une toilette aux personnes non-genrées ou non-binaires… » Et de l’autre côté de l’échiquier : « Vu l’insécurité qu’il y a dans la rue je trouve que le patron devrait investir dans de nouvelles caméras de surveillance… Franchement ça craint aux infos ces gens qui se baladent avec des couteaux… Des fois, je me demande s’il ne faudrait pas, comme aux States, qu’on puisse avoir le droit de porter une
arme… Je pose la question ! ».

En bref, face à ces tentatives un peu lourdes voire carrément pénibles, la plupart des salariés tenteront de dévier le débat : « Oh tu sais, moi, la politique… ». Et si on parlait d’autre chose ? Il n’y a qu’un malheur, aujourd’hui, tout est politique ! Des films que nous allons voir au cinéma en passant par nos destinations de vacances ou encore nos préférences alimentaires,
il est possible, de tous côtés, d’y trouver du grain à moudre pour de nouvelles disputes, rarement marquées au sceau du savoir-vivre. Plutôt que censurer les opinions, il serait idéal de réhabiliter la nécessaire cordialité, condition sine qua non des échanges. Il y a du boulot !

VALENTIN GAURE

 

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