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L’histoire du golf en Europe débute en France, avec la création du parcours de Pau, en 1856. Petit à petit, le sport se professionnalise et la Fédération française de golf (FFGolf) voit le jour en 1912, avec l’objectif de déployer le golf amateur et professionnel dans l’hexagone. Aujourd’hui la pratique s’adresse-t-elle vraiment à tout le monde ?

Le golf connaît un fort développement en France au début des années 1980, avec la création de nombreux parcours, qui se distinguent à l’époque des golfs historiques. « L’étiquette selon laquelle le golf est un sport réservé à une élite, date de cette période. Il y avait moins de 10 000 golfeurs avant les années 80 en France. Aujourd’hui la Fédération compte 450 000 licenciés et un peu plus de 700 000 golfeurs réguliers », indique Christophe Muniesa, directeur général de la FFGolf. Malgré le nombre important de personnes qui pratiquent ce sport en France, le golf semble encore souffrir d’une image élitiste. Cette perception est-elle fidèle à la réalité ? Quels sont les moyens mis en place pour rendre ce sport – dont le marché est estimé à plus de 1,5 milliard d’euros en France – plus accessible ?

L’étiquette élitiste colle à la peau du golf

Selon la FFGolf, il y aurait un décalage entre la perception du golf et la réalité du terrain. Dans les années 80, les golfeurs étaient essentiellement des hommes aisés et chefs d’entreprises, le sport n’était accessible qu’à une élite, « ce qui n’est plus d’actualité », insiste Christophe Muniesa.

Dans un entretien accordé au Point fin mars 2025, Pierre-André Uhlen, directeur général de UGolf et Bluegreen, assurait que le coût du golf n’avait jamais été excessif. « Lorsque j’ai commencé le golf à la fin des années 80, les tarifs étaient déjà très accessibles. Ils le sont encore aujourd’hui, pour un très large public ». Pour vérifier ce point, la FFGolf a mené une étude en 2019 afin d’établir le coût réel de la pratique. Les résultats révèlent que la cotisation annuelle s’élève à 1 200 euros. Pour un accès journalier, il faut compter en moyenne 42 euros pour un 18 trous et 15 euros pour un parcours de 9 trous. Ces sommes ne sont ni dérisoires ni extravagantes, lorsqu’on les compare à d’autres pratiques sportives. Par exemple, pour l’équitation il faut compter 1 100 euros à l’année, fourchette haute, et pour le padel, certains clubs proposent des coûts d’abonnements annuels à 2 000 euros.

Les freins à la démocratisation du golf tiennent moins à son coût qu’au profil du public qu’il séduit. « Aujourd’hui, le revenu moyen d’un golfeur est 30 % supérieur au revenu moyen des Français », observe le directeur général de la FFGolf. Comment l’expliquer ? La sociologie du sport apporte plusieurs éléments de réponse.

Selon une enquête menée par l’Insee, 68 % des diplômés du supérieur déclarent faire du sport, contre 43 % des personnes sans diplôme. Pour Christian Pociello, docteur en sociologie et spécialiste du sport, les classes populaires se penchent plutôt vers la boxe, quand la classe moyenne mise plutôt sur les disciplines techniques ; comme le judo ou le karaté, tandis que les élites se tournent vers des activités qui valorisent la beauté et l’esthétisme, comme le golf par exemple. « La barrière principale ne réside pas dans le coût de la pratique mais dans ce qui relève de l’imaginaire collectif », analyse Christophe Muniesa.

La FFGolf avait réalisé un « micro-trottoir » en posant la question suivante à des passants dans la rue : selon vous quel est le sport le plus cher entre le ski, le golf, l’équitation, la voile et le triathlon ? Le golf est arrivé en tête des réponses. « Dans la représentation générale on croit que le golf coûte 10 000 euros par an, ce qui n’est pas du tout le cas. La licence de golf coûte 60 euros. Lorsque vous interrogez des gens, y compris des golfeurs, ils pensent que la licence coûte 500 euros ! Il y a des écarts significatifs de perception ».

Une démocratisation en progression

Selon une étude réalisée par la FFGolf en partenariat avec l’Union sport et cycle, la moyenne d’âge d’un golfeur est de 52 ans, avec un ratio de 70 % d’hommes pour 30 % de femmes. Posés ainsi, les chiffres ne semblent pas démontrer une grande diversité de la pratique, or il y a une progression notable ces dernières années. « Dans les faits, le golf ne cesse de se développer en France. Depuis les années 80, on observe une croissance modérée à hauteur de +2-3 % par an. Nous sommes la sixième discipline sportive en termes de licenciés en France ». Entre 1985 et 1995, ce ne sont pas moins de 350 clubs qui ont été créés.

Les pratiques dérivées du golf comme le mini-golf, ou le « swin golf », une discipline qui se joue dans les champs, contribuent-elles à la démocratisation du sport ? « Il n’y a pas de corrélation entre la pratique du mini-golf et du golf. De même, ceux qui jouent au swin golf ne jouent pas au golf et inversement ». Une frontière poreuse dont la Fédération a du mal à saisir les causes.

Le golf en opération séduction !

Pour Christophe Muniesa, pas de doute : le frein majeur au développement du golf réside dans le temps consacré à la pratique. En effet, une partie en 18 trous dure en moyenne quatre heures. « Si vous mettez une demi-heure pour y aller, que vous restez discuter avec vos partenaires, ça vous a pris 6 heures de votre temps ». La Fédération est en train de développer des formules avec les clubs pour réduire la durée de jeu.

L’un des nombreux défis est d’attirer les enfants, qui représentent moins de 10 % des joueurs. Face à cet enjeu, la FFGolf a déployé un outil baptisé « Mon carnet de golf » dans les classes de CM1-CM2. Un livret est délivré à l’enseignant et aux élèves et l’ensemble des matières académiques sont déclinées en lien avec le golf. « Par exemple, en mathématiques on mesure la trajectoire de la balle, en français on apprend le vocabulaire… ». Chaque année, cette opération permet à la FFG d’attirer entre 40 000 et 50 000 enfants. La Fédération fournit le matériel nécessaire aux établissements qui adhèrent au programme. Du 28 mars au 13 avril, la Fédération a lancé l’opération « Tous au golf », avec 450 clubs sur les 600 de l’hexagone. L’objectif est de faire découvrir la pratique du golf en passant un moment convivial. « Il y a aussi des valeurs positives associées au golf, comme la notion de sport-santé ». En effet, c’est un sport en plein air qui s’adresse à un large public. La Fédération compte axer sa communication autour du bien-être lié au golf.

Lisa Begouin

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