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On ne parle que d’elle, cette génération Z (des jeunes gens nés à partir de 2000). Elle serait différente, bousculerait les codes, les entreprises. L’effet de mode retombé, qu’en est-il vraiment ?

Les communiqués de presse d’annonces de recrutements en nombre tombent comme à Gravelotte. Les derniers en date : 500 emplois chez Carglass, 2 000 pour Ségula Technologies, en France – 5 000 dans le monde –, 5 000 chez Alten dans l’hexagone, 100 chez Avisto ou bien Soat – dans le domaine des entreprises de services numériques – ou bien encore 1 000 au sein du Club Med et une « livraison » de 800 saisonniers dans le groupe Barrière… Les tensions sur le marché de l’emploi sont palpables, même si c’est à géométrie variable selon les secteurs, les régions aussi, voire les tranches d’âge. La pression a changé de camp. Les atouts sont dans les mains des candidats et des jeunes tout particulièrement. À lire lesdits communiqués, on voit le soin apporté par ces recruteurs pour séduire, trouver les mots justes, « faire mouche ». Carglass évoque « des emplois évolutifs ». Soat se décrit comme « une société bienveillante » qui « accompagne ses collaborateurs dans leur carrière, au-delà des missions ». « Des opportunités de carrière formidables » sont affichées par Ségula. Née à partir de l’an 2000, la génération Z serait plus difficile à convaincre que ses prédécesseurs les Y, nés entre 1981 et 2000… Or, d’après une étude du groupe Mazars publiée en 2019, elle ne représente pas moins de 20 % des effectifs en entreprise.

Des paradigmes en évolution

« Future of work : quelles attentes de la génération Z pour l’entreprise de demain ? » Les avis de 1 019 jeunes ont ainsi été passés au crible par Mazars, cabinet spécialisé dans l’audit, le conseil et les services comptables, qui axe – précisément – sa politique de recrutement sur les jeunes tout juste sortis de l’enseignement supérieur. Mille embauches sont prévues d’ici à septembre 2020, dont 600 pour les seuls jeunes diplômés – la fameuse génération Z. Les recruteurs ont besoin de savoir. Et il n’y a pas qu’eux. Les enseignants aussi. Pour preuve, l’étude menée au sein de l’École de management du pôle Léonard de Vinci par les étudiants inscrits en master digital RH, sous la conduite de Michel Dalmas, professeur. « Nous sommes des médiateurs, explique-t-il. Si on méconnaît ceux et celles auxquels on s’adresse, si notre mode de fonctionnement reste inchangé, le message a moins de chance de passer. » Les tentatives de décryptage sont nombreuses. « Il y a un vrai sujet autour de cette dernière génération, explique Anne-Sophie Vasseur, fondatrice de Javelo, cabinet qui développe des solutions de gestion de la performance en entreprise. Nous ne sommes pas en position de force, poursuit celle qui mène actuellement une campagne de recrutement pour cinq emplois à pourvoir. Ces jeunes veulent leur poste idéal, au salaire qu’ils ont fixé. Et une fois en poste, ils ont du mal à supporter la frustration. On pourrait parler d’un côté capricieux. » Des petites ou grandes enquêtes, que ressort-il ? Trois maîtres mots : flexibilité, autonomie et lien social. Selon l’enquête de Mazars, huit Gen Z sur 10 déclarent ne pas se soucier de beaucoup travailler, à condition de pouvoir gérer leur temps comme ils l’entendent et d’adopter leurs propres méthodes de travail. D’où l’attractivité de l’entreprise libérée, avec moins de cadres intermédiaires, une organisation plus plate, plus de responsabilités accordées aux collaborateurs, dans un climat de confiance. La description du monde des « Bisounours » ? Ou des revendications jusque-là l’apanage des quadras et des quinquas, qui se diffusent à toutes les générations dans l’emploi ? Au plus près des employeurs, Vincent Binetruy, directeur France du Top Employers Institute, ne voit pas de réelle rupture intergénérationnelle. « Les motivations sont identiques, mais la mise en musique diffère. La génération X était prête à avaler plus de couleuvres… Mais l’environnement actuel leur donne les moyens de se montrer plus exigeants, avec le développement des Tanguys. »

Pas d’unanimité

Cette génération Z existe-t-elle réellement ? Parlera-t-on de fait générationnel ? « Le concept même de génération, et donc de génération Z, est loin de faire l’unanimité, déplore Michel Dalmas. Les réponses apportées par ces jeunes à des questionnaires ne sont pas jugées fiables par la sphère académique. » Fondatrice de SoManyWays, cabinet spécialisé dans les nouveaux rapports au travail, Anaïs Georgelin prend aussi de la distance avec les propos tant entendus. « Les nouvelles attentes sont plus contextuelles que générationnelles, explique-t-elle. Ce discours récurrent vaut pour des jeunes qui ont le choix, dans un marché de l’emploi qui peut se révéler porteur. C’est un luxe que tous n’ont pas. Et puis leur porte-voix est plus puissant, vu le nombre de canaux à leur disposition pour faire savoir ce qu’ils pensent. Une réponse à leur apporter ? Mutualiser les offres entre entreprises d’un même territoire. L’écosystème dans son entier a tout à y gagner. »

Murielle Wolski

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