Risque contre normalité : un choix d’optimiste , par Thierry Saussez

Temps de lecture estimé : 3 minutes

L’événement

Le musée d’Art moderne de Paris consacre ses espaces à une exposition des oeuvres de Nicolas de Staël à laquelle je n’ai bien sûr pas manqué de me rendre. J’avais découvert ce peintre, qui réapparaît de façon aléatoire dans l’actualité, il y a une vingtaine d’années à l’occasion d’une exposition à Beaubourg. Les médias, en ce moment, ne parlent que de lui. Deux raisons pour ne pas manquer cette exposition incroyable : d’abord le nombre des oeuvres sublimes, deux cents au total, dont des dessins et des toiles jusqu’alors non exposées où se révèlent ses techniques de fin de vie puisque Nicolas de Staël, qui s’est suicidé à 41 ans en 1955 en raison, dit-on, d’un amour impossible, multiplie alors les à-plats de couleurs, les jaunes, les rouges, les bleus admirables. La deuxième raison tient justement à cette mort improbable du James Dean de la peinture dont on se demande comment il a pu ainsi quitter la vie en se jetant de la terrasse de sa maison d’Antibes ? Énigme d’un parcours exceptionnel. Il faut s’intéresser à son oeuvre, unique, et penser sur le plan pratique que l’engouement pour cette exposition se traduit par un nombre limité d’entrées possibles.

Une Personnalité

Amin Maalouf vient d’être élu secrétaire perpétuel de l’Académie Française pour succéder à Hélène Carrère d’Encausse dont l’engagement à ce fauteuil depuis des décennies finissait par nous faire croire qu’elle était réellement « immortelle ». Ce n’est malheureusement pas le cas. Amin Maalouf et l’Académie portent haut l’étendard de la francophonie en défendant une langue belle et précieuse qui réunit, aux quatre coins du monde, contre les tenants du déclinisme, tant de monde aujourd’hui. Né à Beyrouth, naturalisé français, il avait livré dans Identités meurtrières en 1998 sa vision des conflits que l’identité génère, notamment dans ce Liban si cher à la France, livré au communautarisme, à l’islamisme, proprement ingouvernable. J’ai une pensée pour les Chrétiens du Liban dans ce pays meurtri.

Trois Livres

Être Français

Le premier est celui de cet autre écrivain qui a décidé de déclarer sa flamme à la France qu’il aime, on reste sur le thème précédent. Il s’agit d’Omar Youssef Souleimane, journaliste, poète et écrivain syriano-français qui publie chez Flammarion un essai, Être français. Notre Syrien réfugié politique en 2012, qui a appris le français lors de l’asile qui lui est accordé, s’est vu accorder la nationalité française. Son dessein est d’actualité : il a rencontré pour composer cet essai des jeunes qui n’aiment pas la France, qui fantasment le bled qu’ils ne connaissent pas, qui s’affirment Arabes d’abord et musulmans. Souleimane veut défendre la patrie qui l’a adopté et qui lui a permis de renaître. Il faut en ces temps incertains de pareilles lumières.

Ma deuxième lecture est celle de trois auteur·es, Andrea Marcolongo, Patrice Franceschi et Loïc Finaz qui signent Le goût du risque chez Grasset. Leur ouvrage a retenu mon attention d’optimiste car il insiste sur la compréhension du lien entre liberté et risque. Un équilibre qui doit redevenir une priorité dans une société en quête
éperdue de sécurité et de bien-être. J’avais écrit en son temps un opuscule sur François Hollande où je mentionnais avoir découvert, sur la question de la normalité chère au « président normal », que des médecins traitaient des patients atteints de… normalité ! Des gens obsédés par le besoin de « rester dans les clous », la norme, au prix de ne jamais utiliser la totalité de leurs capacités et au risque de rater des choses dans la vie. Il me revient
en tête cette citation du poète chilien Roberto Fernandez Retamar, « Heureux les normaux, ces êtres étranges. Mais qu’ils laissent la place à ceux qui font les mondes et les rêves ».

Quarante voleurs en carence affective
Il faut se précipiter sur le dernier livre de Boris Cyrulnik, Quarante voleurs en carence affective, sous-titré Bagarres animales et guerres humaines, car en réalité il y a toujours quelque chose à apprendre auprès de ce maître en réflexion, ce roi de la pensée. Je retiens deux choses de son essai : il montre parfaitement combien les êtres qui évoluent dans une structure familiale appauvrie finissent par décrocher et à transgresser les règles.

Ce qui nous plonge en pleine actualité de la montée de la violence où entre la responsabilité de la non-éducation et montre à quel point est engagée dans le processus celle des familles. Boris Cyrulnik en profite pour introduire une réflexion sur la pensée extrême, pas la plus connue dans son oeuvre : il montre que cett eéducation appauvrie aboutit socialement à Mohamed Merah, auteur des attentats meurtriers de Toulouse et Montauban, et culturellement à Jacques Doriot, partisa en son temps de la collaboration. Identifions cette pensée extrême qui essaie de vous donner une feuille de route à suivre sans réserve, dans sa totalité.

Se connecter au printemps de l’optimisme : printempsdeloptimisme.com
Rejoindre la ligue des optimistes : optimistan.org

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

J’accepte les conditions et la politique de confidentialité

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.