EcoRéseau Business n°36

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De nouvelles “citadelles médiévales” à éviter

« Séisme »… « Cataclysme »… « Coup de Trafalgar »… La gueule de bois persistante de tout le monde n’est pas due aux fêtes de fin d’année pour une fois, mais bien à l’élection de Donald Trump à la présidence américaine, tenant soi-disant à un « repli identitaire sans précédent ». Des discours blessants pour les femmes et les immigrés, des velléités d’isolationnisme et de protectionnisme – la page Internationale imagine à quoi ressemblera le monde s’il tient ses promesses – des discours mensongers incessants, que le fact checking de nos confrères américains n’est pas parvenu à discréditer. Il y a de quoi rester coi et appréhender les résultats de 2017 en France. Et si nous subissions simplement les conséquences d’une fracture sociale dans la population ? Les Américains du Mid-West et de la Rust Belt étaient en colère, comme une partie des Français le sont. Dans son essai « Le Crépuscule de la France d’en haut », le géographe Christophe Guilluy pointe ce même hiatus entre métropoles et territoires « périphériques », que la représentation politique continue d’ignorer. Les classes modestes – ouvriers, employés, salariés de la petite fonction publique, qui gagnent en dessous du revenu médian – ne vivent plus là où se crée la richesse. L’industrie est délocalisée, mais les emplois tertiaires ne la remplacent pas comme escompté. Chômage et précarité guettent ces classes modestes des petites villes et territoires ruraux, ainsi que les populations des banlieues, quand les grands centres urbains, nouvelles cités médiévales, profitent de la mondialisation et génèrent les deux tiers du PIB. Les catégories populaires cherchent à préserver l’essentiel, un capital social et culturel protecteur. Dans les banlieues, l’islam structure le capital culturel. Dans la France périphérique, où la religion n’a plus ce rôle, cela passe par l’attachement au village, au territoire… qui signifie parfois le vote FN. Mais il ne s’agit pas d’une contestation idéologique du système, les classes populaires ne sont pas travaillées par un seul et même repli identitaire – mais plutôt par une crainte sociale, que le pavillon se dévalue, suite à l’arrivée massive d’une population immigrée par exemple. Ce n’est pas vraiment une question de racisme, mais tient plus au fait que personne ne souhaite être ou devenir minoritaire, en l’occurrence pauvre. Les élus ont intérêt à nommer le phénomène et à ne pas voir seulement, avec un brin de condescendance, un repli identitaire dommageable. Ils doivent entendre la colère qui sourd des territoires. Des approches plus locales des partis envers ces zones qui ne créent pas de richesses sont nécessaires. D’autant plus que tout n’est pas perdu pour elles. Le Région & Territoires montre que certaines parviennent à capitaliser sur leurs atouts, comme ici Bourgogne Franche-Comté sur son savoir-faire industriel et agroalimentaire. Les villes durables qui se transforment pour répondre aux enjeux environnementaux, traitées en Grand Angle, ne sont pas seulement des métropoles. Leurs décisions ouvrent autant de champs des possibles aux créateurs d’entreprises. Des hobbypreneurs, qui font de leur passion une entreprise, se retrouvent partout en France, comme souligné dans le A la Une. Les outils ne manquent pas pour ceux qui se lancent, qui n’attendent pas l’installation d’un grand groupe ou l’investissement public, et qui peuvent redonner confiance à ces territoires en danger..

Jean-Baptiste Leprince
Fondateur & directeur de la publication

Julien Tarby
Rédacteur en chef

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