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Trump est donné perdant face à Biden. Mais…
La grosse affaire de novembre dans le monde, l’élection présidentielle américaine. À J-30, Trump est donné perdant face à son rival démocrate, Joe Biden. Exactement le même scénario qu’il y a quatre ans face à Hillary Clinton…
Comme un air de déjà-vu ? À quelques semaines des élections américaines qui auront lieu le 3 novembre, jamais les prévisionnistes n’ont autant craint d’étaler leurs pronostics du grand gagnant de cette présidentielle pestilentielle. L’ombre du précédent de 2016 obscurcit cette campagne électorale qui semble, qui plus est, se jouer, une nouvelle fois, en faveur du parti démocrate ! Dans la configuration actuelle – Joe Biden en tête dans les sondages, avec quelque sept points de plus que Donald Trump (50 % contre 42-43 %) –, elle n’est pas sans rappeler celle d’il y a quatre ans. À cette époque, les augures furent, en effet, tout aussi favorables à Hillary Clinton, alors grande favorite des sondages. Pourtant, la candidate démocrate a – grande surprise – échoué, faute d’avoir raflé la fameuse majorité du collège électoral. On l’aura compris, tout va se jouer, cette fois encore, dans l’épineuse course aux 538 grands électeur.trices, eux-mêmes électeur.trices du chef de l’État américain. C’est la grande particularité de ce mode de scrutin indirect, propre aux présidentielles du pays de l’oncle Sam : le vainqueur est celui qui remporte, non pas le plus de voix d’électeur.trices à l’échelle nationale, comme ce fut le cas de Clinton, mais a minima 270 voix de ces délégué.es, dont le nombre alloué à chaque État varie selon leur population respective.
Swing States, clés du dénouement
Les sondages attribuent d’ores et déjà quelque 212 grands électeurs à Biden (dont 118 qui lui sont largement assurés), contre 115 à Donald Trump. Mais il y a quatre ans, le même candidat n’était guère en meilleure posture ! Or il a remporté une majorité d’États – certes pas les plus peuplés –, de quoi lui assurer 304 délégué.es (contre 227 pour Clinton). Et en particulier, les fameux Swing States, la douzaine d’États qui balancent d’une élection à l’autre, soit en faveur des démocrates, soit en faveur des républicains : Floride, Ohio, Wisconsin, Pennsylvanie, New Hampshire, Arizona, Texas, Géorgie, Maine… C’est dire si tout l’enjeu de cette élection va dépendre de la capacité du président sortant à reproduire le même scénario : convaincre à nouveau, même de manière serrée, ces « États hésitants », donnés pour l’heure acquis aux démocrates. On comprend, dès lors, pourquoi les deux grands finalistes – car d’autres « petits » candidats sont aussi en lice* – ont les yeux rivés sur ces fameux Swing States. Ils y enchaînent les meetings de campagne – même en ligne, covid-19 oblige – pour défendre bec et ongles leurs programmes. Mais quels programmes exactement ? C’est là que le bât blesse : si Joe Biden en a dévoilé début juillet les éléments clés, en faveur « des familles des travailleurs et de la classe moyenne » – subventions, hausse du salaire minimum à 15 dollars/heure, prêts pour les PME, tests gratuits pour lutter contre le coronavirus, plan d’investissement pour les énergies bas carbone… –, Donald Trump et les républicains, au contraire, se sont concentrés sur la défense du bilan actuel. Quitte à être critiqués pour leur absence d’idées face à un second mandat.
Des financiers divisés
La mauvaise gestion de l’épidémie de coronavirus – qui a causé près de 200 000 morts outre-Atlantique et une récession sans précédent – handicape lourdement Donald Trump. De quoi largement ternir son bilan économique d’avant la crise sanitaire, désormais difficile à « vendre » pour l’élection présidentielle : « chômage initialement au plus bas depuis cinquante ans, croissance supérieure à celle de l’Europe, essor de Wall Street… », comme le martèlent les républicains. Car malgré une certaine reprise de l’emploi depuis le début de l’été et du déconfinement, le crédit de Trump auprès des financiers de Wall Street semble s’étioler, celui-là même qui avait osé bousculer nombre d’adeptes du libéralisme à la Reagan en misant sur la carte du protectionnisme et des déficits budgétaires. Mais c’est sans compter sur la récente note du stratégiste très en vue Marko Kolanovic, analyste chez JP Morgan. Il affirme ni plus ni moins que « l’élan en faveur de Trump – dont la popularité est toujours forte dans son électorat – va bien se poursuivre, tandis que la plupart des investisseurs restent encore trop confiants dans une victoire de Biden ». Pour ce nouveau gourou de la Bourse, invoquant, lui aussi, « le biais potentiel dans les sondages », il ne fait pas de doute que « les chances d’une victoire du candidat démocrate ou républicain sont désormais presque à… égalité ». Reste l’inconnue relative de l’ego trumpien qui pourrait aboutir à la non-reconnaissance de sa défaite. Dans Le Point, Gérard Araud, ambassadeur de France aux États-Unis jusqu’en 2019, se dit persuadé que « Trump criera à la fraude et refusera le résultat » – ce qu’il a laissé sous-entendre sous couvert d’ironie. Biden le craint qui évoque l’intervention de l’armée pour le chasser de la Maison-Blanche, ce que la porte-parole du président juge une « hypothèse absolument ridicule ». Mais le ridicule ne tue pas, on le sait pour Trump… Verdict, donc, le 3 novembre.
Charles Cohen
* Le parti Libertarien, prône de l’ultralibéralisme et du libre-échange, avec sa présidente Jo Jorgensen et son vice-président, Spike Cohen, et le Parti vert H’2O, avec Howie Hawkins, président du parti, et sa vice-présidente, conductrice de bus, Angela Nicole Walker. Bien sûr, ces deux partis n’ont aucune chance.