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À 42 ans, le fondateur de Goentrepreneur, titulaire d’une licence de conseil en management commercial, sait ce dont il ne veut plus. Découverte chèrement acquise puisque l’ex-franchisé d’une enseigne de conseil en gestion et pilotage d’entreprise a renoncé à ses 50 000 euros de contrat de partenariat (variante du commerce associé) pour redevenir le patron de son entité propre. C’est l’histoire d’un jeune salarié responsable de formation au sein d’une banque d’investissement qui tient à bout de bras pendant quelques années sa mission : « Aider à réussir, que chacun trouve du plaisir à son poste, aider l’autre. » Mais le Samaritain de la formation, au terme de huit années à la tête d’une équipe de sept formateurs pour 1 000 collaborateurs et un budget à « six zéros », comprend qu’on lui demande une course de performance sans valeur humaine ajoutée, appliquer des décisions venues du haut. Démission.
« Ma femme, photographe de femmes enceintes de talent, elle-même enceinte de notre troisième enfant, avait besoin que je l’aide à devenir entrepreneure. » Elle le devint sous le pilotage de ce mari qui venait de retrouver ses valeurs. Puis ? « Je fouille les offres à la recherche d’une franchise qui ferait de moi ce patron tourné vers le conseil. » Il pense avoir trouvé l’enseigne de ses rêves, convainc sa banque de financer son contrat de partenariat (une variante de la franchise), trouve le bureau, le nom, il est le seul franchisé du département de l’Eure-et-Loir – il demeure à Chartres –, se lance, trouve des clients et… végète. « Malgré une formation coûteuse mais insuffisante, privé de données, sans confrères, face à des entrepreneurs venus du BTP, des mâles sans grand savoir-vivre peu disposés à appliquer mes conseils humainement aiguisés, je viens à mon bureau sans entrain. Intellectuellement, je ne me sens pas évoluer. »
En panne de carburant… humain
Anthony Léger cherche bien, un temps, à se recaler sur un autre type de clientèle, mais le logiciel du franchiseur, décidément, ne s’y prête pas. Alors l’homme d’action n’abandonne pas, il se forme, s’intéresse au développement personnel et… reçoit un appel. Au bout du fil, une prospect de sa vie d’avant, une start-uppeuse lancée dans les soins cosmétiques pour enfants à la peau noire dont le projet attend le développement d’une clientèle. Léger devient directeur des opérations de Sawadi. Il retrouve ses marques, son élan. La start-up devient même la lauréate de Challenges, incubée par LVMH, Séphora et L’Oréal. Dès lors, Anthony « ne se sent plus à la hauteur des enjeux », d’autant que la jeune pousse ne tient pas ses promesses. Le « Goentrepreneur » se redéfinit une nouvelle fois comme formateur en ligne. Il maîtrise le pitch, en fait son fonds de commerce, tourne des vidéos-tutos et… tombe en panne. Plus de carburant humain. Les clients ? Il ne les voit pas. « Je ne me nourrissais plus de dimension humaine. J’ai besoin de la gratitude des autres… » Denrée rare ! Alors Anthony Léger s’invente une autre entreprise, mi-numérique, mi-humaine. Il attire une clientèle d’entrepreneures (oui, essentiellement des femmes) en perte de vision, de résultat, de sens. « De gens qui cherchent la profondeur. » Il en recrute, via LinkedIn, beaucoup dans les DomTom, en Guadeloupe, Martinique, en Belgique, au Luxembourg, il vise l’Afrique francophone et le Canada, échange par Skype, redonne une colonne vertébrale à des coach/es, des formateurs/trices, des expert/es, des conseils en développement personnel, bref de petites « boîtes » unipersonnelles à dimensions personnelle et spirituelle.
Rebondir au nom d’une vision
Son objet d’entreprise, alors, s’établit sur quatre piliers : exprimer la difficulté du message (qui je suis, ce que je sais faire, qui je peux aider – le « pourquoi »), synthétiser l’offre, en définir le pitch, mettre en place l’acquisition de clientèle (une méthode commerciale, l’automatisation du processus, l’enrichissement des réseaux sociaux). Goentrepreneur cible bel et bien essentiellement des entrepreneures pour la bonne raison, selon Anthony Léger, que contrairement aux hommes qui placent leur ego en avant, ses clientes s’en passent fort bien, et « ça va plus vite ».
Il n’empêche qu’il est en passe de s’associer avec un jeune expert en digital marketing, Adrien Pennachia, pour mettre au point une redoutable machine de prospection clients via LinkedIn,
SellIn Machine, diversification de son activité. Avant de réaliser le grand rêve, s’installer en famille aux États-Unis. Au fond, les « rebonds » d’Anthony Léger sont-ils des échecs ? « L’échec n’existe que si l’on abandonne. Moi, je choisis de croire. » Avec des slogans de cette eau…
Olivier Magnan