Le golf d’après-crise sous le par ?

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À part les gains faramineux des monstres du golf, on parle peu de ce sport pourtant en voie d’élargissement social désormais. Il pèse pourtant pèse 1,5 milliard d’euros de chiffre d’affaires dans l’économie française ! L’équivalent du plan hôpital sur trois ans. Principaux freins à son développement : son coût… et l’absence de champions nationaux pour susciter l’intérêt du grand public. Les défis de la sortie de crise sont nombreux !

Sport de réseautage pour millionnaire par excellence, le golf peine à se démocratiser. Pourtant, en France, le potentiel économique est immense. Avec des coûts d’équipement et d’accès au green plus accessibles, il pourrait séduire une population plus jeune. Mais c’est aussi (et surtout) sur le plan du tourisme que la marge de développement est importante.

Fort impact du tourisme golfique sur l’économie locale

En 2021, la France reste la première destination touristique au monde. En développant un tourisme golfique, elle pourrait attirer une population dont l’une des particularités est de dépenser 60 % de plus qu’un touriste classique. On estime actuellement à 340 000 le nombre de touristes du golf chaque année (la part des étrangers se situe autour de 17 % seulement). Pas moins de 300 structures françaises, soit plus de la moitié, vivent du tourisme et réalisent un chiffre d’affaires cumulé d’environ 500 millions. Il s’agit essentiellement de parcours et centres d’entraînement.

Une branche à part entière

La branche professionnelle du golf compte 5 200 salariés répartis sur toute la France. Au total, près de 9 000 personnes travaillent dans ce secteur*. L’étude économique Golf 2018, réalisée par EY, estimait à 15 000 cette année-là le nombre d’emplois dépendant directement ou indirectement de la pratique du golf. Tous les niveaux de qualification sont concernés : employé·es et ouvrier·ères (61 %), technicien·nes et agent·es de maîtrise (25 %). Seuls 14 % des employé·es du secteur ont le statut cadre. Plus de 80 % des salarié·es sont embauché·es à temps complet, presque tous en CDI. Le grand chelem de ce sport compte 4 tournois qui se déroulent traditionnellement entre avril et août : Masters (3e dimanche d’avril), US Open (3e dimanche de juin), British Open (3e vendredi de juillet) et PGA Championship (4e week-end d’août). S’il est plus agréable de parcourir le green sous le soleil, le golf n’a rien d’une activité saisonnière. Les établissements ouvrent toute l’année. Jardiniers, fontainiers, intendants, mécaniciens… les métiers de terrain concernent 39 % de l’emploi. Suivent les postes liés à l’accueil et à la vente (21 %), à la restauration (13 %) et à l’enseignement sportif (11 %). Parmi les 523 établissements de golf, on dénombre une majorité de TPE/PME de moins de 11 salarié·es.

Un parc national vieillissant

En France, 33 000 hectares de terrains de golf accueillent des membres des clubs, des joueurs extérieurs comme des touristes. Certains parcours sont destinés aux amateurs assidus tout au long de l’année à leur loisir. Ils sont également pratiqués par les golfeurs professionnels et ceux et celles qui pratiquent la compétition. Les parcours situés dans l’enceinte des « resorts », ces ensembles hôteliers haut de gamme avec activités de loisirs dans leur enceinte, sont plus directement orientés vers le tourisme. Nombre d’entre eux mettent un green à disposition des touristes et proposent des séjours axés sur la pratique du sport. Mais un défi majeur attend les acteurs du marché dès la sortie de crise : plus de 60 % des golfs français ont été construits entre 1985 et 1995. Leur rénovation et le développement de nouveaux services supposent des investissements de modernisation importants. La capacité d’investissement des structures est inégale et souvent limitée. Elles doivent composer avec la lourdeur d’une économie de coûts fixes, notamment un foncier et une masse salariale importants. À quoi s’ajoute une baisse quasi constante du nombre de licencié·es. En 2020, la fédération française du golf a perdu 15 349 licences soit 3,7 % de ses adhérent·es par rapport à 2019. La légère reprise amorcée en 2016 a été stoppée net par la crise sanitaire. Mais nécessité fait loi, pour continuer à attirer un public haut de gamme, les structures soignent leur image. Si 44 % des golfs « commerciaux » et 32 % des golfs associatifs déclarent une rentabilité nette négative, ils ont tout de même dédié 10 % de leur chiffre d’affaires aux investissements. Objectif : fidéliser et diversifier.

Un marché des équipements peu développé

À l’inverse de certains sports pour lesquels le marché des équipements est ultra-segmenté, celui du matériel de golf est un terrain à conquérir. Il est actuellement occupé par des équipementiers haut de gamme uniquement, inaccessible au grand public. Ce micromarché réalise un chiffre d’affaires annuel de 201 millions d’euros pour 403 000 licenciés à la FFGolf en 2020**. À titre de comparaison, le marché des équipements de tennis s’élève à 120 millions d’euros seulement, pour plus d’1 million de licenciés en 2020 : deux fois moins de CA pour deux fois plus de joueurs… Le budget annuel moyen du golfeur est évalué à 489 euros. Outre ce budget équipement, un licencié de golf dépense en moyenne chaque année 1 200 euros pour l’adhésion à un club ou à des cours. Pas étonnant, dès lors, que moins de 10 % des licenciés aient moins de 19 ans. Pour réduire la moyenne d’âge des adhérents, qui est actuellement de 52 ans, les acteurs du marché devront imaginer de nouvelles offres plus accessibles et surtout plus ludiques.

Les défis de la sortie de crise

Une enquête de la FFGolf et des groupements de la filière golf mesure l’impact de la première vague de confinement sur la filière. En mai 2021, plus de la moitié des structures golfiques déclaraient rencontrer des déficits de trésorerie, 43 % déclaraient déjà l’impossibilité d’honorer leurs charges d’exploitation dans les délais normaux et 80 établissements s’étaient vu refuser le Prêt garanti par l’État (PGE). Parmi les régions les plus touchées, se comptent l’Île-de-France, Provence-Alpes-Côte-d’Azur et Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes.
marie bernard

*Rapport de la branche professionnelle du golf octobre 2019.
**Statistiques FFGolf 2020.

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