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Qui ? Ann & Line
Quoi ? Une maison résolument chic fondée par une mère de famille en quête d’indépendance
Zurich. Calme voluptueux et résolument discret. Des femmes en crinoline se promènent au bord du lac. Nous ne sommes certes pas à Genève, mais l’atmosphère évoque un peu celle du roman d’Albert Cohen, Belle du Seigneur. Caroline Bodmer, kinésithérapeute de profession, y rejoint son Solal, c’est à dire son mari, tout récemment muté en Suisse alémanique. « Que faire ? » comme dirait Lénine, qui vécut dans la cité helvète lors de son long exil hors de Russie – il détesta d’ailleurs cordialement l’aspect bourgeois de la côte zurichoise.
La volonté de « recommencer quelque chose »
Que faire, donc ? Ouvrir de nouveau un cabinet de kiné, rejoindre une activité existante ? Non, décidément pas. Caroline Bodmer veut se réinventer. En 2014, malgré des années d’études, une flopée de diplômes et l’assurance d’un salaire confortable, elle se lance dans son autre passion qui tenait jusqu’alors du parfait violon d’Ingres. La mode, la mode, la mode.
Ann & Line est le deuxième volet d’une passion d’abord développée sur son blog, destiné à « briser sa solitude » avec son pays, la France, de l’autre côté des Alpes et du Jura. Le tout au service d’une obsession qui la travaille : « rendre le monde plus beau ». Quitte à tuer le suspense du papier, nous pouvons d’ores et déjà affirmer qu’elle y parvient. De surcroît, et cela ne gâche rien, Caroline Bodmer assume son « ambition » sans faux-semblants.
Indémodable et durable
« La mode a toujours été ma passion. Même toute petite, j’avais cette attirance pour les belles matières, les tissus précieux, j’aimais observer les femmes dans la rue, leur élégance, leur façon d’associer leurs vêtements, les couleurs, les détails qui font la différence… », assure ainsi Caroline Bodmer. Son mantra est de permettre aux femmes « de se sentir belles dans leur quotidien ». Le tout avec des pièces qui sont souvent des grands indémodables, prouvant par-là leur excellente qualité. Ils tiennent face aux affres du temps et des engouements successifs.
Se lancer dans le vide. Créer une nouvelle marque. Un choix courageux, surtout avec deux enfants en bas-âge. Ann & Line est inventée dans la foulée, l’imagination gagne Caroline Bodmer, qui conçoit de A à Z cette nouvelle griffe. Quatre adjectifs définissent celle-ci : « tendance », « intemporelle », « écologique » et « humaine ».
Rien de tapageur donc, mais l’envie de séduire et de convaincre dans la durée une clientèle locale qui tient la distance. Cela s’appelle un choix de long terme. Le succès vient dès l’ouverture de la première boutique, sur la Münsterhof. Caroline Bodmer y voit l’émergence d’une véritable « mission de vie ». Les vêtements sont conçus au Portugal, ainsi qu’en Turquie et en Bulgarie.
Faire du bien, faire le bien
Après avoir mené à bien deux ouvertures à Zurich, Caroline Bodmer parvenait à implanter Ann & Line à Cannes, au cœur de la très chic rue d’Antibes. Désormais, c’est objectif Genève. Avant le graal probable : Paris. Caroline Bodmer ne regrette décidément pas d’avoir abandonné la médecine.
Cette femme sensible et délicate voit dans son actuelle activité la continuation de la précédente. « J’ai l’impression de faire du bien aux femmes qui viennent me voir, à mes clientes. Elles me le disent souvent. C’est cela mon moteur ». Salutaire et exigeant. Tout elle.