A l’École 2600, la lutte contre le fléau du siècle

L'École 2600 forme à la cybersécurité

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Située à Montigny-le-Bretonneux (Yvelines), l’École 2600 s’apprête à accueillir près de 400 étudiants à la rentrée. Tous se forment à la cybersécurité, filière en manque criant de talents.  

Le sujet a connu un regain d’intérêt alors que la France accueille sur son sol les Jeux olympiques et paralympiques. Mais les cyberattaques ne touchent plus uniquement les grands événements, tout comme elles ne visent plus seulement les grands groupes. En 2024, PME et TPE constituent des cibles de choix, considérées même comme des failles pour atteindre les plus grandes entreprises. Pour faire face, quoi de mieux que de se former ? Depuis 2021 l’École 2600 en a fait son cheval de bataille : mieux vaut prévenir que guérir !

Les cofondateurs de l’École 2600

« La question n’est plus de savoir si une entreprise sera oui ou non attaquée, mais quand elle le sera… ». Pour Valérie de Saint Père, cofondatrice de l’École 2600, plus aucune structure n’échappe aux cyberattaques. D’où la création de cet établissement dédié à la cybersécurité (voire à la sécurité tout court) en 2021. « Des cyberattaques de plus en plus nombreuses et sophistiquées, un élargissement des cibles visées, et la multiplication d’attaques hybrides (mélange d’intrusions physiques et à distance, ndlr) : voici les trois constats qui nous ont poussés à fonder cette école », explique Valérie de Saint Père. À ses côtés, Lionel Auroux (enseignant chercheur) et Axel Dreyfus (entrepreneur du numérique).

Le choix de l’alternance

Entre 2020 et 2023, l’Anssi a constaté une hausse de 400 % des actes de cybercriminalité en France. D’un côté les menaces se multiplient. De l’autre la filière peine toujours à recruter en raison d’un manque de main d’œuvre qualifiée. La faute sans doute à une image stéréotypée de la cybersécurité, qui renvoie presque spontanément « aux hackers vêtus d’un sweat à capuche et isolés », défend notamment Yasmine Douadi, fondatrice de Riskintel Média, dans les colonnes d’EcoRéseau Business. Alors, plus que jamais, formons les jeunes générations (et les moins jeunes !).

Les étudiants qui intègrent l’École 2600 sont formés sur trois ans pour décrocher en fin de parcours un diplôme de niveau bac + 5 (RNCP de niveau 7). Travailler en entreprise et sous la forme d’un contrat en alternance est un prérequis. « On a choisi l’alternance pour répondre aux besoins du marché et en raison aussi de ce que ce type d’apprentissage apporte à nos étudiants », précise Valérie de Saint Père. D’où viennent les étudiants qui postulent ? D’une école d’ingénieurs, d’une formation en sociologie, d’une filière aéronautique… « Les parcours académiques se révèlent très variés […] Une remise à niveau est dispensée en début d’année, environ un mois avant la rentrée officielle pour que tous les étudiants puissent réussir », ajoute la cofondatrice de l’école.

Un cours magistral (CM) à l’École 2600

En avril 2023, l’école levait 6 millions d’euros auprès d’une communauté de business angels de l’écosystème tech et cyber. L’objectif ? mettre en place une formation continue grâce à une plate-forme digitale. L’enjeu est aussi de former les collaborateurs dans les entreprises. Parce que les compétences acquises il y a plusieurs années (voire plusieurs mois) se doivent d’être retravaillées pour faire face à un secteur en constante mutation. « On a une approche centrée sur les micro-compétences et certifications », pointe Valérie de Saint Père.

« Nous recevons hélas beaucoup moins de candidatures de filles »

A la rentrée, près de 400 étudiants fréquenteront les bancs de l’École 2600, et bénéficieront de l’expertise d’une cinquantaine d’intervenants professionnels (au-delà de l’équipe pédagogique). Pour un avenir quasi assuré : « La première promotion achève son cycle cette année, et au 1er juillet 65 % d’entre eux ont déjà signé un CDI avant la fin officielle de leur formation, notamment grâce à l’alternance […] Et pour le reste, ils ont déjà reçu des propositions. Ils se dirigeront vers la sécurité offensive et défensive, travailleront dans la GRC (gouvernance, risque et conformité, ndlr). A noter que 30 à 40 % veulent rejoindre les services de l’État », détaille Valérie de Saint Père. Bref, face au manque de main d’œuvre, les candidats bénéficient d’un rapport de force favorable sur le marché du travail.

Toutefois, des inégalités liées au genre persistent. Dans un secteur qui n’accueille que 10 à 11 % de femmes à l’échelle européenne, l’École 2600 ne fait guère mieux avec 12 % d’étudiants dans ses rangs. « Nous recevons hélas beaucoup moins de candidatures de filles […] L’orientation se joue bien plus tôt, dès l’école et aussi via l’éducation des parents pour encourager les filles vers les carrières scientifiques. Cependant, nous n’appliquons pas la discrimination positive, ou des quotas… car nous ne voulons pas placer volontairement des élèves en situation d’échec », juge Valérie de Saint Père. Pour la cofondatrice de l’École 2600, les étudiantes qui s’épanouissent et réussissent dans cette filière représentent de véritables rôles modèles pour toutes celles qui hésitent à franchir le pas. Comme pour inspirer et susciter des vocations.

crédits : École 2600

Rédacteur en chef. Formé en Sorbonne – soit la preuve vivante qu'il ne faut pas « nécessairement » passer par une école de journalisme pour exercer le métier ! Journaliste économique (entreprises, macroéconomie, management, franchise, etc.). Friand de football et politiquement égaré.

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