La « pêchécologie » pour sauver les poissons et la mer !

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Ezzedine El Mestiri, fondateur du magazine Nouveau consommateur en 2003
Ezzedine El Mestiri, fondateur du magazine Nouveau consommateur en 2003

Prenons en considération les écosystèmes et les humains qui pêchent les poissons plutôt que d’avoir uniquement un objectif productiviste complètement archaïque.

Selon un constat de l’Institut français de recherche de la mer (Ifremer), la pêche durable continue à progresser sûrement, mais lentement. Sur les 347 000 tonnes de poissons débarqués en 2022, seules 56 % sont issues de la pêche durable contre 54 % l’année précédente.

Pas moins de 20 % des espèces sur les étals sont surpêchées, comme le maquereau ou la sardine. Parmi elles, certaines ont même vu leur population s’effondrer, notamment le lieu jaune de Manche et le merlu de Méditerranée. Pour ces 2 % de populations considérées comme « effondrées », la reproduction est insuffisante pour leur renouvellement.

Loin des objectifs

Le rapport révèle que la situation est préoccupante en Méditerranée, où seules 36,5 % des 18 000 tonnes de poissons débarqués sont pêchées durablement. À l’inverse, la mer du Nord et l’est de la Manche affichent des meilleures performances.

L’Union européenne a mis en place le système du rendement maximum durable (RMD) qui désigne la quantité maximum de chaque espèce de poissons que l’on peut pêcher. Cette politique commune avait fixé l’objectif de 100 % de pêche durable pour 2020, mais malheureusement, quatre ans plus tard, nous en sommes bien loin !

L’ONG Bloom, qui milite pour la préservation des écosystèmes marins, pointe que seul un poisson sur deux débarqués est pêché durablement, loin des objectifs voulus par Bruxelles. Elle reproche aux pouvoirs publics de ne pas contrôler les grands bateaux de pêche industrielle qui disposent d’une capacité de captures des dizaines de tonnes à l’heure. Ces méthodes ont un impact sur les habitats marins et rendent la mer de moins en moins productive, puisqu’elle est de plus en plus détériorée. S’ajoutent le réchauffement des océans et le changement climatique qui ont des conséquences sur la biodiversité marine. Disponibilité des ressources alimentaires, mortalité et désertion des colonies figurent parmi les bouleversements des écosystèmes provoqués par la surchauffe des eaux.

Vers une approche holistique

La pêche a des impacts sur la biodiversité marine, mais aussi sur l’économie et l’avenir des professionnels du secteur. Il est temps de prendre en considération les écosystèmes et les humains qui pêchent le poisson et pas uniquement d’avoir un objectif productiviste complètement archaïque. L’ONG Bloom plaide pour une approche globale, qui prend en compte les enjeux sociaux, écologiques et économiques et qui évalue de façon holistique l’empreinte écologique ainsi que la performance sociale et économique d’une activité de pêche. C’est-à-dire la pratique d’une « pêchécologie » qui devrait s’inscrire dans une démarche de moindre impact sur les océans, le climat et le vivant.

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