Désertification : il y a urgence !

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Ezzedine El Mestiri, fondateur du magazine Nouveau consommateur en 2003
Ezzedine El Mestiri, fondateur du magazine Nouveau consommateur en 2003

La CNULCD et la Commission européenne viennent de publier un Atlas mondial des sécheresses qui souligne qu’aucun pays, quelle que soit sa taille, son PIB ou sa latitude n’est à l’abri de ce phénomène de désertification.

Encore une fois des négociations internationales prennent fin sans parvenir à un accord contraignant ! La Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (CNULCD), tenue en Arabie saoudite, espérait l’adoption d’une décision audacieuse qui devrait inverser la tendance catastrophique de la sécheresse. Malgré tout, lors de cette COP16, des progrès significatifs ont été accomplis par l’adoption de 35 résolutions portant sur des sujets aussi déterminants que la lutte contre la dégradation des terres, la migration ou la consolidation du rôle de la science et de la recherche pour faire face aux défis environnementaux.

Les impacts des sécheresses sont moins visibles et suscitent moins l’attention de l’opinion publique que les inondations ou les tremblements de terre. Pourtant, 100 millions d’hectares de terres productives, se dégradent chaque année en raison de la sécheresse, principalement dues au changement climatique et à une mauvaise gestion. C’est l’équivalent de la superficie de l’Égypte ! Deux milliards de personnes vivent dans des zones sèches et 40 % de la superficie de la planète se dégrade en raison du manque d’eau. Tous les continents sont concernés et principalement l’Afrique. L’Europe n’est plus épargnée et la France s’est déclarée aussi affectée comme l’Espagne, l’Italie ou la Grèce.

Des sols qui s’appauvrissent !

En cause, les émissions de gaz à effet de serre provenant des activités humaines et la combustion des fossiles qui provoquent un assèchement dans une grande partie du monde. Ils affectent les précipitations, l’évaporation et la vie végétale, engendrant des conditions d’une grande aridité. Les sols sont en train de s’appauvrir en raison de conditions climatiques extrêmes. Cela met en danger la productivité des terres. S’ajoute le désastre de la déforestation, qui contribue aussi à la désertification. Selon l’ONU, si les tendances actuelles se poursuivent, il sera indispensable de restaurer 1,5 milliard d’hectares de terres d’ici à 2030 surtout que les sécheresses coûtent au monde plus de 300 milliards de dollars chaque année, et devraient affecter 75 % de la population mondiale d’ici à 2050.

La CNULCD et la Commission européenne viennent de publier un Atlas mondial des sécheresses qui souligne qu’aucun pays, quelle que soit sa taille, son PIB ou sa latitude n’est à l’abri de ce phénomène. D’où, la nécessité de mettre en œuvre des  plans nationaux de gestion proactive et prospective et d’une collaboration internationale avec des solutions ajustées à divers secteurs et niveaux de gouvernance. Cet Atlas est un excellent outil permettant de comprendre et de visualiser les impacts multifacettes de la sécheresse tout en proposant des solutions durables comme les systèmes d’alerte précoce, la microassurance pour les petits exploitants agricoles, l’agroforesterie ou  la gestion de l’utilisation de l’eau.

Du savoir-faire pour redonner vie aux terres

La bonne nouvelle est que nous disposons, aujourd’hui du savoir-faire pour redonner vie aux terres et les restaurer. Des agriculteurs dans le monde adoptent de nouvelles techniques pour prévenir la sècheresse. Des voies à suivre pour gérer, réduire et s’adapter aux risques systémiques. Au Burkina Faso, on fait appel à l’agroécologie. En Ouzbékistan, on plante des arbres pour éliminer les émissions de sel et de poussière et aux Philippines, on régénère les barrières naturelles pour faire face à des conditions climatiques extrêmes.

Il est urgent de restaurer la santé des sols et intensifier la production alimentaire respectueuse de la nature. Garantir aussi les droits fonciers et renforcer les capacités financières et techniques des travailleurs agricoles. Comment peut-on admettre qu’un tiers de travailleurs dans le monde, plus d’un milliard de personnes employés dans le secteur agricole n’ont pas de droits sur les terres qu’ils travaillent ? 70 % des terres agricoles du monde sont aux mains des grandes exploitations et entreprises agroalimentaires ! L’équité fait partie aussi de la solution !

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