Moovjee, mentorat et couvaison

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Dominique Restino a découvert le mentorat entrepreneurial au Québec, en 2005. « Nous avions beaucoup d’aides pour la création d’entreprises, mais rien n’existait pour les aider à se développer », se souvient-il. Conquis par cette nouvelle forme d’accompagnement, il crée en France l’Institut du mentorat entrepreneurial, au sein de la Chambre de commerce et d’industrie de Paris, focalisé sur les entreprises déjà existantes à fort potentiel de croissance. Et en 2009, en pleine crise, il crée le Moovjee avec Bénédicte Sanson, en deux jours. Restino : « Nous avions trois convictions : que notre première ressource naturelle était la jeune génération, qu’il faut une jeunesse qui bâtisse pour l’avenir et que créer ou reprendre son entreprise à la fin de ses études – quel que soit le degré final atteint, du CAP à bac + 5 – est un vrai choix de vie. Mais cette jeunesse avait besoin d’accompagnement. Créer n’est pas trop dur, mais, pour pérenniser, il faut du mentorat. » D’où l’idée d’une organisation ad hoc, un accompagnement post-création.
Dix ans plus tard, les résultats sont là : 1 300 jeunes entrepreneurs sont passés par le Moovjee, certains ont depuis dépassé le million de CA et les 50 salariés… Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la tech n’est pas le seul secteur représenté. En s’intégrant au Réseau M – service de mentorat pour entrepreneurs de la Fondation de l’entrepreneurship, né au Québec en 2005 – et devenu son antenne française, le Moovjee a pris une dimension internationale. Il est régulièrement sollicité pour aider à construire des organisations équivalentes dans des pays étrangers (une branche tunisienne vient de voir le jour).

Mentor et à raison

Et au cœur du système, le mentorat. Les demandes (la constitution même du dossier peut faire l’objet d’un accompagnement) sont examinées par un comité d’admission constitué de mentors, de mentorés et de partenaires. Il dure un an, deux selon les cas. Les mentorés et mentors se choisissent mutuellement – c’est une relation avant tout basée sur des questions de personnalités. Par essence, un mentorat est personnalisé, il sera différent selon l’âge, le type de projet… Les mentors sont bénévoles, ne prennent aucune responsabilité dans l’entreprise qu’ils chaperonnent. Et ils ne viennent pas du même secteur, car les mentors sont des entrepreneurs encore en activité pour beaucoup – de quoi éviter de possibles concurrences. « C’est un partage d’expérience, pas seulement une transmission, souligne Dominique Restino. Les mentors ne sont pas là pour apporter les réponses, plutôt pour que les bonnes questions soient posées : c’est une question de savoir-être. » Un pôle expert métier est là, pour répondre aux questions (notamment techniques). Et depuis dix ans, le système a eu le temps de prouver son bien-fondé. Par exemple, un nombre croissant des mentorés du Moovjee sont « envoyés » à l’Institut du mentorat d’entreprise (IME), et bon nombre de mentorés de l’IME deviennent à leur tour des mentors pour le Moovjee – un cercle vertueux d’accompagnement, en quelque sorte.

Montrer l’exemple

Mais l’action du Moovjee ne s’arrête pas là. Deuxième axe important de sa stratégie : promouvoir par l’exemple. Être un jeune entrepreneur aujourd’hui ne soulève pas le même défi qu’il y a dix ans : c’est beaucoup plus accepté, aussi bien par la société que par les parents. Au prix de discussions multiples et de mises en avant. L’une des plus connues est le grand prix du jeune entrepreneur, devenu un vrai rendez-vous. Les finalistes du prix Moovjee sont d’office enrôlés dans le programme de mentorat – le coup de pouce fait partie de la récompense.
Le troisième axe majeur d’action passe par la constitution d’un écosystème – baptisé Moovjee family. Une « famille » qui rassemble tout ce beau monde, partenaires, mentors, mentorés… Ce qui passe notamment par une pléthore d’activités : des apéros entre entrepreneurs, des conférences (pour assister ou participer), des salons… Le réseau ne fait que croître. Dans le cadre du Réseau M, le Moovjee accompagne des structures locales dans la mise en place de programmes dédiés et se rapproche d’autres acteurs pour créer des programmes centrés sur des secteurs d’activités particuliers, comme le BTP. La famille s’agrandit.

Jean-Marie Benoist

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