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La « faim progresse » en France, alerte le président des Restos du Cœur, Patrice Douret, lors du lancement de la 39e campagne de distribution alimentaire.
La hausse des prix, en particulier des denrées alimentaires, associée à l’inflation, a considérablement renforcé les difficultés des Français les plus modestes à se nourrir. Les Restos du Cœur, premier rempart face à la crise alimentaire, manquent malheureusement de moyens cette année. Le constat est simple, l’association doit réduire le nombre de bénéficiaires pour pallier ses difficultés financières. « La faim progresse, de plus en plus de personnes sont en difficulté en raison de l’inflation », déclare Patrice Douret, qui souligne alors les défis auxquels l’association se confronte. Les dernières données de l’Insee ont d’ailleurs confirmé une augmentation significative des prix, avec une inflation de 4 % en octobre, dont une hausse de 7,8 % pour le secteur alimentaire.
La demande explose
Actuellement, les Restos du Cœur reçoivent les demandes d’inscription de ceux qui souhaitent bénéficier de l’aide alimentaire pour tout l’hiver. Cependant, les tendances inquiétantes se confirment : entre 5 et 10 % des personnes accueillies l’hiver dernier se voient désormais refuser l’aide pour cette année. En parallèle, le nombre de nouvelles personnes éligibles, qui demandent l’aide de l’association ne fait qu’augmenter.
L’association, qui a accueilli 1,3 million de personnes en 2022-2023 contre 1,1 million pour l’année précédente, se confronte aujourd’hui à un dilemme poignant. Puisque son budget pour les achats alimentaires destinés aux bénéficiaires a doublé en raison de l’inflation, et que ses ressources financières sont mises à rude épreuve, les Restos du Cœur n’a plus la possibilité d’aider tous les éligibles.
Cette situation critique a donc conduit les Restos du Cœur à abaisser pour la première fois le seuil de revenu qui donne droit à l’aide alimentaire. Ce critère a donc permis à l’association de refuser une partie des demandes. Du côté de ceux qui ont vu leur demande refusée, c’est la résignation qui l’emporte. Bien que l’association offre d’autres services comme le don de vêtements ou l’aide à la recherche d’emploi, l’aide alimentaire va manquer à nombre de ces foyers.
Une survie menacée ?
Malgré un élan de générosité exceptionnel à la suite d’un appel en septembre, les Restos du Cœur restent encore aujourd’hui dans l’incertitude quant à leur stabilité financière future. Des dons importants, y compris une contribution gouvernementale de 10 millions d’euros et un don similaire de la famille Arnault, ont été reçus. Cependant, l’association souligne la nécessité continue d’un soutien financier pour assurer sa survie.
Face à cette crise imminente, les Restos du Cœur appellent le gouvernement à mettre en place un « plan d’urgence alimentaire » avec un budget dédié aux associations d’aide alimentaire porté à 200 millions d’euros, contre environ 150 millions actuellement, dans l’espoir de maintenir leur action cruciale envers les plus démunis.
À l’heure actuelle, la survie des Restos du Cœur reste incertaine d’après le président de la structure, et ce, malgré des efforts considérables pour encourager le grand public à soutenir l’initiative. L’association qui dépend de la générosité continue du public espère que cette période de fin d’année, qui représente 60 % des dons annuels, impulsera un élan de soutien nécessaire pour faire face à cette crise alimentaire qui perdure en France.