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Manuel Valls était cette semaine au micro d’Apolline de Malherbe sur BFMTV. Le début d’une nouvelle épopée politique pour l’ancien Premier ministre ?
Détesté, malmené, traîné dans la boue… Manuel Valls sort d’une difficile traversée du désert. Désormais, face aux menaces qui pèsent sur la France, peut-il jouer un rôle et revenir dans l’arène ? Sa clairvoyance est saluée.
Dans le viseur de l’extrême-gauche
C’était il y a quelques semaines. ÉcoRéseau Business observait, dans une brasserie en vogue de la Rive Gauche, l’arrivée de l’ancien Premier ministre Manuel Valls. Comme d’habitude, dès qu’une personnalité fait son entrée dans un endroit chic, la salle succombe à un petit moment d’émulation. Des réactions à peine chuchotées, du genre : « Oh ! Regarde qui voilà ! ».
Quand soudain, le serveur nous fit cette confidence : « Je déteste ce mec. Il a trahi la gauche. J’ai envie de vomir quand je le vois. Je vais le servir en serrant les dents et essayer de me retenir pour ne pas cracher dans son plat. » Avouons-le, nous avons beaucoup édulcoré son propos, très violent… Comment ce serveur au demeurant sympathique pouvait-il sombrer dans pareille vulgarité ?
Surprenante haine. Si les hommes politiques d’aujourd’hui sont confrontés au désarroi, le plus souvent à une plate indifférence, rares sont ceux qui sont vraiment détestés. Oui, dans l’œil de ce serveur, dans ses paroles ignobles, on lisait la haine ; imprescriptible. Comme souvent les attaques contre Manuel Valls proviennent de son propre camp : la gauche.
Valls a forcé la gauche à ouvrir les yeux
Quel crime Manuel Valls a-t-il commis ? Certes, comme les autres dirigeants des quarante dernières années, il a échoué à inverser la spirale du déclin national. Pourtant, d’autres Premiers ministres comme Jean-Pierre Raffarin, Jean-Marc Ayrault ou Édouard Philippe ne sont pas traités de la même manière. Alors quoi ?
En vérité, Manuel Valls est coupable d’avoir forcé la gauche à ouvrir les yeux. Il l’a tirée de ses doux rêves en la réveillant à l’aurore, certes en la secouant un peu, en la malmenant, parce qu’il était vraiment temps. Il fallait bien renoncer aux vieilles lunes socialistes en osant mener une politique économique responsable. Il fallait bien réagir face aux attentats de Charlie Hebdo, du 13 novembre puis de Nice, en osant enfin les qualifier du mot juste : « islamistes ». Il fallait bien mettre en œuvre l’état d’urgence, pour protéger les Français.
En 2015, il alertait déjà face à l’antisémitisme
Il fallait bien démasquer Jean-Luc Mélenchon et ses outrances incendiaires. Il fallait rompre avec le PS, ce parti miteux dont il voulait autrefois changer le nom. Il fallait aussi oser dire tout haut qu’il y avait un problème avec la sécurité et la politique d’immigration. Que toute interrogation à ce sujet ne pouvait pas être considérée comme un « dangereux fantasme d’extrême-droite ».
Et puis il fallait vraiment pointer du doigt la résurgence du nouvel antisémitisme. Cette gangrène qui explose aujourd’hui. Cela fait longtemps qu’il alerte. Déjà à la tribune de l’Assemblée nationale, le 13 janvier 2015, il brisait l’omerta : « Et comment accepter que, dans certains établissements, collèges ou lycées, on ne puisse pas enseigner ce qu’est la Shoah ? Comment on peut accepter qu’un gamin de sept ou huit ans dise à son enseignant quand il lui pose la question « quel est ton ennemi ? » et qu’il lui répond « c’est le juif » ? Quand on s’attaque aux juifs de France, on s’attaque à la France et on s’attaque à la conscience universelle, ne l’oublions jamais ! ».
Un caractère décidément bien trempé
Pour la gauche, Manuel Valls est donc coupable, forcément coupable. Parce que ce camp politique ne supporte pas les briseurs d’illusions. Albert Camus, en d’autres temps, aura affronté la même haine face aux disciples de Sartre, aveuglés et fanatiques, qui lui lancèrent au visage : « tout anticommuniste est un chien ». Oui, Manuel Valls a osé dire tout haut ce que la gauche refusait d’entendre. « Tu as dit la vérité, saute sur ton cheval et cravache ! », proclame un vieux proverbe afghan…
Contrairement à tant d’autres, qui ne cherchent qu’à plaire, Manuel Valls semble supporter l’interdit moral dont il est l’objet dans une partie – et une partie seulement – de l’électorat. D’autant mieux que l’ancien Premier ministre socialiste est désormais salué à droite, de Valeurs actuelles au Journal du Dimanche en passant par Le Figaro. Lui-même s’était dit prêt, lors de la dernière campagne présidentielle, à travailler « avec Emmanuel Macron ou Valérie Pécresse ». Revenu d’expériences politiques hasardeuses – comme sa tentative de conquête de Barcelone – Manuel Valls s’en tient pour l’heure à un rôle de vigie combattante. Hors-parti, il s’avance en homme seul et totalement indépendant. Il aime ça.
Clemenceau, sa fameuse idole
Cet amoureux de la figure de Clemenceau sait bien qu’au fond, la politique est une épreuve de violence. Il faut encaisser et rendre les coups. Comme le Tigre, son lointain mentor, il n’ignore pas que les traversées du désert forgent un destin. Clemenceau, avant d’être le sauveur de la patrie en 1918, fut touché par l’affaire du canal de Panama. Le vieux briscard osait aussi contrevenir aux illusions de son camp, la gauche. Déjà, il expérimentait la haine des caciques et des camarillas. Il y a parfois dans l’Histoire de drôles d’aller-retours.
Comme disait Cyrano : « on n’abdique pas l’honneur d’être une cible » … Et si Manuel Valls proposait à Jean-Luc Mélenchon un débat télévisé, comme autrefois on provoquait en duel un ennemi auquel on entendait régler son compte ? Cela serait chevaleresque et nécessaire. Les deux hommes seront au moins d’accord sur un point. Il y a bien deux gauches, deux gauches irréconciliables, et la première est en train de tuer la seconde.
Les perles de la politique

Antisémitisme : Manuel Valls appelle au réveil · « Français, réveillez-vous et résistez face à la haine ». Le titre de la dernière intervention de Manuel Valls dans La Tribune Dimanche ne souffre d’aucune ambiguïté. L’ancien Premier ministre a raison de parler sec, sans passer par les voies habituelles de la séduction et de la mièvrerie pataude. Au micro de RMC, il poursuit avec la même détermination : « LFI a cru qu’une alliance était possible avec l’islam politique. Elle flirte en permanence avec l’antisémitisme. J’appelle à un cordon sanitaire autour de LFI ».