L’oeil politique – Naulleau relève le gant

Temps de lecture estimé : 2 minutes

Crédits : éditions Léo Scheer

Le chroniqueur littéraire bataille ardemment contre le mélenchonisme. Et voudrait réhabiliter une « gauche à l’ancienne ». Chimère ou pas chimère ?

D’une certaine manière, il est l’homme de gauche préféré des gens de droite. Souvent invité chez Pascal Praud, désormais chroniqueur au JDD, notre confrère Éric Naulleau est un bretteur particulièrement efficace. Son dernier ouvrage le prouve à l’envi : l’homme ne manque ni de cran ni de talent.

Ne lui parlez pas de politique. Parce qu’à l’entendre, l’idéal de vie d’Éric Naulleau est de « lire des livres que personne ne lit avec une tasse de café et deux chats sur les genoux ». Il est vrai que celui qui demeure célèbre pour avoir révélé au public français Le Cœur dans la boîte en carton, œuvre magistrale du romancier bulgare Konstantin Konstantinov, assume ses goûts culturels pour le moins hors de la vogue. Néanmoins, ces temps derniers, le littéraire averti semble de plus en plus délaisser les pantoufles. Pour mieux chausser ses gants de boxe ? Celui que les téléspectateurs ont appris à découvrir auprès d’Éric Zemmour dans l’émission « On n’est pas couché » veut aujourd’hui réveiller la gauche, sa chère gauche, qu’il décrit comme résolument « à l’ancienne ». Et n’hésite plus à fustiger – dans des ouvrages relevés et pimentés – les dérives actuelles de son camp.

Son divorce d’avec la gauche actuelle

L’an dernier, dans La Faute à Rousseau (éditions Léo Scheer) il s’en prenait à la célèbre députée écologiste dans un pamphlet qui fit date. Cette année, avec La République, c’était lui ! – Grandeur et décadence du camarade Mélenchon (toujours chez ce même éditeur) le chroniqueur tombe cette fois à bras raccourcis sur l’ancien sénateur socialiste devenu grand manitou d’une certaine gauche, celle qui assume la bordélisation de la vie politique… Et qui clame sa volonté de rompre avec le capitalisme.

« Pourquoi tant d’E.N », pour reprendre l’amusant calembour qui fut jadis le titre de l’un de ses ouvrages ? Eh bien parce qu’Éric Naulleau ne supporte plus de voir son camp historique se perdre dans les limbes, abandonnant coup sur coup toutes ses boussoles, « lutte contre l’antisémitisme » en tête. Sans oublier la montée en flèche du « wokisme » abhorré par Naulleau : « On a remplacé la figure de l’ouvrier par celle de la drag-queen ».

Le plus coriace des adversaires de Mélenchon

Le voilà bien seul, le camarade Naulleau, dans cette « gauche à l’ancienne » qu’il voudrait ressusciter. Certes, il y a Bernard Cazeneuve, François Hollande, Carole Delga… Et l’on finit par se demander si la gauche « sociale-démocrate » n’aurait pas davantage de prétendus leaders que d’électeurs, tant elle semble aujourd’hui se réunir dans une cabine téléphonique – Anne Hidalgo, candidate de cette écurie à la dernière présidentielle, totalisa 1,7 % des suffrages exprimés. Notons que depuis, le PS a courbé l’échine devant Jean-Luc Mélenchon, osant une étrange mésalliance durant la campagne législative (ce fut l’épisode dit de la « Nupes ») avant de prendre à nouveau ses distances… Et de retourner une fois de plus la veste aux prochaines élections ?

Un positionnement trop flou pour Naulleau, qui lui se place délibérément en adversaire frontal de Jean-Luc Mélenchon, apôtre du « zéro compromissions ». Il rappelle souvent que le chef des insoumis l’a inscrit sur sa liste noire, refusant catégoriquement de débattre avec lui (les deux manquèrent même d’en venir aux mains sur le plateau de Cyril Hanouna). « Quoi ma gueule, qu’est-ce qu’elle a ma gueule », renchérit Naulleau dans son dernier ouvrage parfaitement mené, où il semble inviter Mélenchon à le rejoindre dans un duel sur le front des idées. Assurément, cela ne manquerait pas de panache. Espérons que M. Mélenchon parviendra à rassembler ce qui lui reste de courage pour accepter cette confrontation.


Les perles de la politique

crédits : shutterstock

Naulleau a de la mémoire · C’est un moment peu glorieux de la carrière de Jean-Luc Mélenchon, rappelé avec intelligence par Éric Naulleau. En septembre 2018, l’insoumis rencontrait « par hasard » Emmanuel Macron sur le Vieux-Port de Marseille… Alors en meeting quelques heures plus tôt, Mélenchon insultait allégrement l’homme de l’Élysée : « C’est le plus grand xénophobe qu’on ait ! ». Et voilà qu’une fois face à lui, l’insoumis semblait soudain tout penaud, doux comme un agneau. « C’est une exagération marseillaise… », se justifiait l’éternel agité feignant soudain la gentillesse. Il avait perdu sa langue et peut-être aussi un autre de ses attributs… Éric Naulleau en rit encore à s’en tenir les côtes.

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