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ART DE VIVRE & PATRIMOINE
L’Air du temps
n°6
Bonjour, Sir !
Au-delà des idées préconçues et serinées en continu, existe-t-il aujourd’hui une spécificité française en hôtellerie haut de gamme ?
C
ésar Ritz était suisse. C’est tout de même lui qui a permis à la France, où il a longtemps résidé à la fin du XIXe siècle, de créer les codes de l’hôtellerie internationale de luxe, née avec la villégiature et la promesse de proposer des conditions plus modernes et confortables que chez soi. Grâce à cette avance, à ses redoutables atouts gastronomiques et à son excellence dans le service, l’hôtellerie française a pu afficher une vraie différenciation dans le haut de gamme. Mais cette longueur d’avance est-elle
école internationale d’hôtellerie et de management de 8000 étudiants et 25 000 diplômés dans le monde : « Premièrement la structure de nos hôtels, souvent d’anciens châteaux et maisons bourgeoises réaménagés. Deuxièmement la gastronomie. Enfin, et on le perçoit mal en France, la qualité de service basé sur la sincérité, l’accueil et la compétence. Le même degré d’attention se retrouve en Asie, mais le professionnalisme n’est pas aussi présent ». Pour ce dirigeant d’un groupe actif sur quatre continents, au travers
apprendre à sourir, ce qui n’était pas dans les mœurs. Nous avons aussi ouvert à Tel Aviv, où la structure hôtelière était intéressante, mais
historiques dans l’hôtellerie. La preuve est qu’elle passe par des griffes d’autres secteurs, avec des hôtels Missoni ou Armani, quand LVMH uti-
où la vitesse et le côté pratique prennent une part toujours plus conséquente. Nombre de personnes, à commencer par les professionnels, vou-
Plaza Athénée joue bien sur les codes contemporains », énumère Philippe Doizelet, selon qui l’innovation est imperceptible, mais continue :
“ En France le creuset de culture dans la gastronomie, le design
l’accueil non professionnel », relate celui pour qui le client ne doit pas être un numéro : « Ce concept d’accueil comme on l’entend dans les lise Cheval Blanc. Enfin les Américains ont une vraie tradition d’hôtels de luxe depuis les années 1920, mais ils sanctuarisent moins les draient souvent faire fi des convenances et se détourneraient de ce service guindé d’un autre temps. « Il est juste bousculé par d’autres codes. L’hôtellerie utilitaire est opposable à celle de plaisir. Les hôtels de luxe et palaces sont de plus en plus prisés par les vacanciers et visiteurs, même si des banquiers et autres professionnels descendent encore au Ritz et au Crillon », relativise Philippe Doizelet. Devant l’afflux de touristes en provenance des BRIC, la France bénéficie, atout non négligeable, de son aura de romantisme et d’amour. « Ces nouveaux visiteurs sont fascinés et les hôtels de luxe en profiteront. Regardez le Mandarin Oriental, dans son lieu magique rue Saint-honoré, qui attire de nombreux visiteurs chinois », illustre Alain Sebban.
séDuire DemAin à l’internAtionAl Le secteur a en outre prouvé qu’il savait s’adapter à un nouvel environnement. Il s’est tout d’abord ouvert à la mondialisation et aux capitaux étrangers : le Bristol appartient à la famille allemande Oetker, le Ritz à l’homme d’affaires égyptien Mohamed Al-Fayed, le Meurice au Sultan de Brunei, et beaucoup d’autres établissements à des Moyenorientaux. Ensuite les établissements changent leur formule pour mieux correspondre aux nouveaux profils de clients, à l’exemple du Ritz ou du Crillon en travaux. « Le Royal Monceau, sous la patte de Philippe Starck, a adopté un style plus moderne. Le
ou la mode est garant de créativité pour l’hôtellerie qui devient plus conceptuelle et crée une ambiance