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CLuB ENTREPRENDRE
Leçons de maux
n°6
Reprise culottée
Rachats successifs, délocalisations, perte de clients… Après un siècle de succès, Lejaby a sombré. Mais renaît aujourd’hui dans différents projets où le luxe et les petites séries s’imposent.
D
ans les années 1930, Gabrielle Viannay travaille comme « cousette » dans l’entreprise de lingerie F. Gauthier et Cie. Lorsque cette dernière migre à Bourg-en-Bresse, l’ouvrière décide de créer sa propre marque, à Bellegarde-sur-Valserine, dans l’Ain, avec l’aide de son beau-frère, Marcel Blanchard. C’est une créatrice qui multiplie les innovations pour l’élégance et le confort de ses clientes. Si bien que ses créations rencontrent vite le succès. En 1961, soit sept ans après la mort de Gabrielle Viannay, Lejaby est acheté par Maurice et Charles Bugnon. Doués pour le marketing, ils développent la marque dans toute l’Europe. En 1966 ils rachètent la marque de maillots de bain Rasurel, fondée en 1928, puis la marque de collants Well dans les années 1970. Dans les années 1960, ils révolutionnent la lingerie en recourant à des matériaux innovants, comme la fibre Lycra.
nologies, comme les microfibres, marquent le début du déclin. Deux maux, en particulier, tombent sur l’entreprise familiale : les délocalisations et la vente à des fonds étrangers. En effet, en créant un premier atelier en Tunisie en 1992, Maurice Bugnon inaugure une longue série de délocalisations pour Lejaby. En 1996, après le décès de Maurice Bugnon à 85 ans, l’entreprise est cédée
usines en France et en licenciant 650 employés.
SouS Ainsi, au début des années 2010, Lejaby ne compte plus que quatre sites de fabrication dans l’Hexagone : Yssingeaux, une centaine de salariés ; Bourg-en-Bresse, 88 salariés ; Bellegarde-surValserine avec 47 salariés ; Le Treil, une soixantaine de
SenS deSSuS-deS-
au dernier trimestre 2011, par manque de trésorerie, la société est mise en redressement judiciaire, puis en liquidation. En décembre, cinq offres de reprise sont présentées. En janvier 2012, Lejaby est reprise pour un euro symbolique à la barre du Tribunal de commerce de Lyon par un consortium mené par l’en-
MaiSon Lejaby
visé par deux leurs commandes. Pas de quoi néanmoins décourager Alain Prost : « J’étais un entrepreneur dans l’âme et quand l’opportunité de reprendre Lejaby s’est présentée, j’ai décidé de plonger et de réaliser un projet qui me tenait à cœur. Je connaissais bien le secteur et Lejaby, qui avait
ciété des Atelières est en train de tisser sa toile. En janvier 2012, Muriel Pernin, qui dirige une société de communication, est particulièrement émue par le sort des salariées de Lejaby. Elle contacte Nicole Mendez, déléguée CFDT entrée chez Rasurel en 1974. Ensemble, elles vont mobiliser les éner-