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n°6
Démographie, « ich liebe dich », moi non plus
La France et ses bébés, l’allemagne et ses papis. L’image est brocardée par les politiques comme une étoile à regarder pour ceux qui sont englués dans le maelström de la crise. Fantasme ou réalité ? Un peu des deux, mais les cartes en europe seront redistribuées, assurément.
nataliste dès le début du XXe siècle », précise le rédacteur en chef de la revue Population et Sociétés. en 1900 la France et l’allemagne sont toutes les deux peuplées de 40 millions d’habitants, mais les dynamiques sont opposées. Dans l’entre-deux-guerres les alleen France depuis le début des années 90, pour s’établir à 2,1 enfants par femme en âge de procréer. en allemagne, il est de 1,4, et l’est a tôt fait de s’aligner sur l’Ouest. Les générations ne se renouvellent plus depuis longtemps. Un petit tremblement de terre européen
“La population française en ”
croissance dépassera aux alentours de 2045-2050 la population allemande
qui n’aura pas qu’une influence anecdotique sur la vente de baguettes en hausse et de bratwürste en baisse.
Crèche du futur i le bientôt-né pouvait choisir son lieu de naissance en toute rationalité économique entre la France et l’allemagne, quelle rive du rhin choisirait-il ? La réponse est moins évidente qu’il n’y paraît. Les publications accompagnant la journée du 1er octobre consacrée aux personnes âgées étaient une fois de plus agrémentées de chiffres alarmistes quant au vieillissement des pays occidentaux. mais certains plus que d’autres. Les taux de natalité de part et d’autre du rhin sont tels que la population française en croissance dépassera en 2045-2050 la population allemande déclinante selon les prévisions d’eurostat, le point de rencontre se situant à 73 millions d’habitants. « La population hexagonale s’est stabilisée, et assure le renouvellement de ses gé-
S
nérations depuis 1947 malgré le vieillissement, quand l’Allemagne est entrée dans une phase de diminution de sa population en plus de son vieillissement », nuance Gérard cornilleau, directeur adjoint du département des études de l’OFce. et le fait que d’ici 2060 il y ait vraisemblablement 15 millions d’habitants en moins d’un côté du rhin, et 9 millions de plus de l’autre, n’est pas sans conséquence pour l’équilibre du vieux continent.
bien que les politiciens se gargarisent de la santé démographique tricolore, la dynamique générale est la même que celle des voisins : « le vieillissement est même plus accentué en
Des évolutions opposées ? vRAi et FAuX
France qu’on ne le croyait, à cause des records d’espérance de vie des femmes », soutient anne Salles, maître de conférences en études germaniques à l’université Paris-Sorbonne, spécialiste de la politique familiale. Pour autant les deux grands moteurs de l’Ue sont habitués aux chassés-croisés en termes de naissances. « Il y a deux siècles la France était le pays le plus peuplé d’Europe après la Russie. Les paysans français, éclairés par les idées des Lumières, ont alors limité les naissances ; du jamais vu jusqu’alors dans le monde, où une femme en âge d’avoir des enfants devait procréer », retrace Gilles Pison, directeur de recherche à l’institut national des études démographiques (ined). il s’est ensuivi un rattrapage de la Prusse. « Les élites françaises ont longtemps
été persuadées que la guerre de 1870 avait été perdue pour des raisons démographiques. D’où les velléités de politique