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CLUb ENTREPRENDRE
Créer aujourd’hui
n°6
Les séniors entrepreneurs
Les séniors sont de plus en plus nombreux à créer leur boîte. Plus expérimentés, plus prudents, mieux armés financièrement que leurs cadets… Leurs atouts sont nombreux et le phénomène prend de l’ampleur. Une bonne nouvelle face au problème du vieillissement de la population.
2 millions de français ont 50 ans ou plus. En 2030, les séniors seront 30 millions, soit 40% de la population. Le vieillissement de la société n’est pas sans poser problème, puisque les dépenses de santé et de retraite pèsent de plus en plus sur le budget de l’Etat. Il est également réputé menacer l’innovation et le dynamisme économique, puisque les séniors manifestent plus d’aversion au risque que leurs cadets, et se montrent moins novateurs. De plus, « l’espérance de vie en bonne santé à la retraite est passée de neuf ans en 1975 à presque 20 ans aujourd’hui, alors que les régimes de retraite sont en danger », observe l’économiste Stéphane Rapelli.
entrepreneuriat Une partie de la solution pourrait provenir d’un phénomène qui prend de l’ampleur : les séniors sont de plus en plus nombreux à créer leur entreprise. C’est le constat qui ressort d’une étude menée par deux chercheurs, Stéphane Rapelli, déjà cité, et Serge Guérin, sociologue, pour le compte de l’Observatoire Alptis de
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CriSe et auto-
la protection sociale. Selon leur étude, « plus un sénior actif avance en âge, plus il se tourne vers l’entrepreneuriat » ; « si les entrepreneurs représentent seulement 11,1% des actifs occupés, ils regroupent 15,7% des travailleurs âgés de 50 ans et plus. » Autres chiffres : « selon l’Insee, près de 16% des créateurs ont au moins 50 ans » et « un entrepreneur sur cinq âgé de 50 ans ou plus en 2011 a lancé une activité ou pris la direction d’une entreprise après avoir atteint la cinquantaine ». En outre, « il y a une forte corrélation avec la simplification de la création d’entreprise à partir de 2003, et une accélération depuis 2009 avec l’auto-entrepreneuriat », observe Stéphane Rapelli. Comment expliquer cet engouement des aînés pour l’entrepreneuriat ? Il y a d’abord un phénomène social propre à la France, où les séniors sont progressivement exclus de l’emploi salarié : « A partir de 50 ans, ils ne se sentent plus très bien dans l’entreprise, ils ressentent un regard négatif peser sur eux, et préfèrent partir créer leur propre affaire », observe Stéphane Rapelli. Pour Serge
Le nouvel attribut des entrepreneurs modernes Guérin, « l’image des séniors en entreprise reste négative en France, contrairement aux pays du Nord. A mesure qu’on vit plus longtemps, on nous rend vieux plus tôt ». La crise et le chômage des séniors ont aussi un effet non négligeable, car en dépit des études qui prouvent le contraire, ils sont souvent considérés comme moins productifs par leurs employeurs. Tomber au chômage à quelques années de la retraite peut entraîner une création d’entreprise contrainte, pour répondre à un besoin de compléter de trop faibles revenus. Mais toutes les créations d’entreprise ne sont pas contraintes : « En arrivant à la retraite, certaines personnes perdent leur réseau, leurs contacts, leur statut social, et souffrent de devenir une charge pour l’Etat. Ils ne se sentent pas vieux, et créer leur petite entreprise est une façon de rester actifs plutôt que de rejoindre le club de bridge », observe Stéphane Rapelli. Le phénomène pourrait encore s’accentuer à l’avenir : « Les séniors vont continuer
Œ
Souriez ! vous aimez votre boîte…