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CLUb EnTREPREnDRE
L’Analyse
n°6
Artisans : handle with care
Rarement sous les feux de la rampe, l’artisanat poursuit pourtant son bonhomme de chemin, entre les morsures de la crise et la concurrence des grands groupes. Charmantes anomalies, gages d’une qualité made in France, ou structures de proximité inégalables ? Les trois, mon capitaine.
P
lus une semaine sans l’annonce de la suppression de milliers d’emplois dans une grande entreprise. Et à chaque fois, la même impression que l’économie française se délite un peu plus de jour en jour. Mais c’est oublier une évidence : ETI et multinationales ne représentent pas la totalité de l’activité du pays. Car comme l’affirme un slogan efficace, c’est bien l’artisanat qui constitue la première entreprise de France. Au premier janvier 2013, les Chambres de métiers et de l’artisanat annonçaient plus d’un million
et mal connu. C’est en tout cas l’avis d’Olivier Torrès, professeur d’économie à l’université de Montpellier 1 et à l’EM Lyon, et créateur de l’observatoire Amarok sur la santé des artisans : « Tout l’enseignement du management est pensé et structuré autour de la grande entreprise. D’ailleurs, la plupart des professeurs sont spécialisés en marketing, en finance ou en gestion des ressources humaines. A l’inverse, il y a un impensé majeur, une absence totale de théorisation autour de la PME et de l’artisanat. La preuve : en cinq
appréciés des consommateurs. C’est là l’une des principales forces de l’artisanat : la perception de qualité de leur travail par les consommateurs. Une réputation qui s’explique aisément. « Aujourd’hui, les gens sont en quête d’authenticité, de qualité individuelle, d'unicité et de personnalisation du produit et du service, ce qui a toujours été la spécificité de l'artisanat », affirme Florence Cognie, sociologue, spécialiste de l’artisanat au laboratoire de recherche Dysola de l’université de Rouen. Même son de cloche chez Alain Griset,
d’entreprises artisanales regroupant 3,1 millions d’actifs – soit un sur dix – pour un chiffre d’affaires de 300 milliards d’euros. Le tout réparti de façon relativement équilibrée entre alimentation (11%), production (17%), bâtiment (40%) et services (32%). Malgré cette forte implantation en France, l’artisanat demeure pourtant un secteur mal compris,
“L’artisan est proche de son marché, de ses salariés, de ses fournisseurs, des institutions ”
ans d’études pour décrocher mon agrégation d’économie, je n’ai pas entendu une seule fois prononcé le terme d’artisanat ! Cette méconnaissance explique en grande partie le manque de pertinence des décisions prises par les gouvernants en matière d’artisanat, ainsi que le sentiment partagé par de nombreux artisans d’être incompris. » Incompris des décideurs, mais
président des Chambres de métiers et de l’artisanat : « Pour le consommateur, les scandales récents de la filière de l’agroalimentaire industriel expliquent le retour à la qualité et à la traçabilité. Le savoir-faire des artisans répond également à une nouvelle demande des consommateurs, le « sur-mesure », très prisé de nos jours, qui répond au rejet de la standardisation.