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En immersion
n°6
Fenêtre sur ateliers
à La chaussée Saint-victor, dans le Loir-et-cher (41), les ateliers du Grain d’Or tracent leur sillon. avec sa main d’œuvre de travailleurs handicapés, une bonne dose d’énergie et beaucoup de bonne volonté, l’entreprise adaptée tente d’en remontrer à ses concurrents dans un environnement rendu de plus en plus précaire par la crise, sans négliger sa mission sociale.
H
uit heures du matin, le thermomètre affiche à peine dix degrés, mais aux ateliers du Grain d’Or, dans la banlieue de blois (Loir-et-cher), les ouvriers sont déjà à pied d’œuvre. armé d’une pelle, l’un d’eux est monté dans la remorque d’un camion où attendent les feuilles mortes ramassées la veille, qu’il déverse énergiquement dans une benne. Dans un vaste hangar de stockage, des équipes de trois à quatre personnes s’emparent de souffleurs de feuilles, de taille-haies et de râteaux dont ils chargent des camions qui les emmèneront sur les chantiers de la journée : entreprises, collectivités et particuliers les attendent pour l’entretien de leurs espaces verts. Le hangar communique avec un atelier où une vingtaine d’ouvriers s’installent dans la bonne humeur, prêts à s’atteler à leurs travaux de la journée : conditionnement, étiquetage, câblage… Un début de journée banal, comme en vivent tant d’entreprises en France. a la seule différence que les ateliers du Grain d’Or sont une entreprise adaptée (ea), c’est à dire qu’au moins 80% de ses salariés sont des travailleurs handicapés.
salariés en situation de handicap n’ont aucune qualification, ndlr) et de permettre à des travailleurs handicapés d’exercer une activité professionnelle salariée dans des conditions adaptées à leurs possibilités, tout en prenant en compte les exigences économiques », explique Patrice Petit, le directeur des ateliers du Grain d’Or. Leur mission sociale est capitale puisqu’en France, selon une étude de la Dares (ministère du Travail) portant sur des chiffres de 2011, deux millions de personnes de 15 à 64 ans ont une reconnaissance administrative de leur handicap, mais seulement 700 000 travaillent, et leur taux de chômage est de 21%, soit plus du double de celui de la population totale. Les ateliers du Grain d’Or ont été fondés en 1989 par l’adapei 41 (association départementale de parents et amis de personnes handicapées mentales du Loir et cher), qui gère une douzaine de structures dans le département (jardin d’enfant spécialisé, institut médico-éducatif, foyers de vie, structures d’hébergement, etc.). L’entreprise adaptée compte une soixantaine de salariés, dont une cinquantaine
FibrE socialE…
Une frontière moins hermétique qu’il n’y paraît plus calme, mieux aménagé », explique l’homme de 45 ans. nathalie Pourmarin, 28 ans, travaille dans une équipe de au-delà de l’aspect professionnel : leur hygiène, leur tenue, leur santé, leurs fréquentations…, explique
EntrEprisE adaptéE Un secteur méconnu, rattaché à l’economie sociale et solidaire (eSS) et qui alimente beaucoup d’a priori chez les non initiés, mais qui compte tout de même 700 entreprises et emploie 30 000 salariés – dont 24 000 salariés handicapés – pour un chiffre d’affaires estimé à 1,05 milliard d’euros. Leurs activités sont très variées : espaces verts, soustraitance, entretien, travaux administratifs, restauration, blanchisserie, imprimerie, logistique… « La vocation des entreprises adaptées est d’employer des salariés très éloignés de l’emploi (75% des
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