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STRATéGIE & INNOVATION NUMéRIqUE
Décryptage
n°4
Smart industry
L’industrie traditionnelle va mal en France, on commence à le savoir. Et si ces machines et objets du quotidien, subitement connectés, devenaient de simples chevaux de Troie vendus par des fabricants devenus fournisseurs de services ? Revenus salvateurs, mais aussi révolution des mentalités en perspective chez les industriels.
D
es chaussures Nike qui transmettent les déplacements. Des raquettes de tennis capables aussi d’enregistrer les mouvements pour une analyse approfondie, comme Babolat, l’équipementier rhônalpin leader, l’a récemment annoncé. Des balances qui sauvegardent l’historique de poids, des voitures localisables en cas de vol et qui bientôt appelleront les secours, une maison qui obéit au doigt et à la voix, un réfrigérateur qui annonce quand racheter du lait… N’en jetez plus, les objets connectés émergent de tous côtés, changeant le quotidien du quidam, mais aussi le business des industriels, embarqués dans une véritable révolution.
Le deuxième facteur essentiel, en un sens, a été l’arrivée de l’iPhone. Tout à coup, M. Tout-le-monde a eu dans la poche un terminal connecté personnel et intuitif – la par-
pousse qui entre les consommateurs et les entreprises. Les premiers s’habituent de plus en plus à un monde où l’usage, plus que la possession, devient la norme – avec
Fusée de services à pLusieurs étages La « smart industry » commence avec la fidélisation. Pour reprendre l’exemple de Nike, la marque a créé une
fidélise le client : s’il a un compte, il se rachètera des chaussures Nike, pour pouvoir continuer à l’utiliser », souligne Samuel Ropert, analyste senior chez
L’inteLLigence autour de L’objet Plusieurs facteurs expliquent l’explosion de ces objets 2.0. Grâce aux progrès technologiques plus que rapides en informatique, dans les capteurs et le traitement de l’information, « ils deviennent intrinsèquement plus intelligents. Ce qui nous pousse à trouver des idées pour exploiter cette nouvelle matière », explique Frédéric Beuvry, Senior VP Design et Ergonomie chez Schneider Electric. Au sens large, un objet connecté est un objet de la vie de tous les jours augmenté de la capacité de transmettre des informations. La valeur ajoutée vient du fait qu’elle est replacée dans un contexte, enrichie, corrélée… Par exemple, avec des balances ou des tensiomètres, « la photo de l’état de santé devient un film, intégrant la notion d’historique, décrit Cédric Hutchings, co-fondateur de Withings. Ce qui donne une vraie dimension de contrôle. Ainsi, l’utilisateur peut se fixer des objectifs, suivre l’évolution et les tendances de sa santé, pour, dans la durée, l’améliorer. »
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« Bon, aujourd’hui, c’est le presse-purée connecté. Des idées pour une app ? » faite interface de dialogue entre un objet et un utilisateur non technophile. Il en existait quelques-unes avant, comme tout ce que cela implique en terme de demande de services. Et les deuxièmes expérimentent toujours plus véritable communauté : Nike +. Grâce aux données récoltées par les chaussures ou les autres accessoires, les Idate. Intéressant pour l’industriel, mais ce n’est que la pointe émergée de l’iceberg. Le vrai eldorado se situe dans les services : « Ils permettent, surtout sur des marchés matures, de créer des revenus récurrents », continue Samuel Ropert. Une révolution. Là encore, Apple a été l’un des précurseurs en la matière. La compagnie de Cupertino a prouvé l’intelligence et surtout l’immense rentabilité d’un système basé sur un produit et une galaxie de services élaborée par des éditeurs tiers : on sait aujourd’hui que la vraie force de l’iPhone
“ Les objets deviennent intrinsèquement plus
intelligents. Ce qui nous pousse à trouver des idées pour exploiter cette nouvelle matière