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n°4
PANorAmA
Rétrospective
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Edito Rétrospective : Le ver, le fruit et le sportif 2 3
Dans chaque numéro, EcoRéseau vous propose de revenir sur un événement ou une institution qui fait l’actualité, en les mettant en regard de ce qu’ils étaient ou auraient pu être il y a un demi-siècle. Pas question de comparer l’incomparable, de fustiger ou de glorifier le passé. Simplement de montrer que non, ça n’était pas forcément mieux avant. uand rafaël Nadal exhibe ses biceps, la France tombe en pamoison. Quand Lance Armstrong sortait ses seringues, la Nation chaussait ses œillères. Quand Franck ribéry se touche le mollet, le pays redoute la catastrophe nationale. Qu’on pratique ou non, qu’on y soit accroc ou allergique, un constat s’impose : le sport occupe une place prépondérante dans la société. Au point d’être devenu sportspectacle, donc sport-business, donc, bien souvent, sport-scandale. Autant de dérives qu’on fustige aujourd’hui en jetant l’opprobre sur les footeux mal élevés, les cyclistes bioniques et les handballeurs un peu trop joueurs. mais c’est oublier les racines du mal… tout commence dans les années 60. Sur le papier, c’est encore l’âge d’or d’un sport pétri de valeurs, de bons sentiments et de troisièmes mi-temps arrosées à la bière plutôt qu’aux chèques en blanc. trois disciplines phares occultent toutes les autres : le football, éternel numéro 1 ; le cyclisme, porté par le tour ; et la boxe, par le souvenir de marcel Cerdan. « Seules ces trois disciplines possèdent des structures professionnelles, raconte Jean-michel blaizeau*, historien et sociologue du sport. Pour tout le reste, on est sur un sport exclu-
Le ver, le fruit et le sportif
en 2010, le sport « pesait » en France 35 milliards d’euros, et représentait près de 2% du Pib. Soit autant que l’agriculture. Composante sociale incontournable en 2013, l’était-il déjà dans les années 60 ? Non. mais son succès, comme ses dérives, étaient en germe.
Par Olivier Faure
PANoRAmA
L’Entretien : Laurent Wauquiez Régions & Territoires : Lille Hexagone : “orages d’été” International : Les deux Corée A la Une : - La culture « made in France » - entretien avec Gonzague Saint bris
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sivement associatif et amateur, avec des gens du cru à la tête des clubs, et des valeurs identitaires très fortes. » Pour autant, le fair-play est de mise. « Bien sûr, on peut se castagner un peu sur le terrain, mais ça ne va pas plus loin. Et jamais dans les tribunes ! Il y a un respect des règles fondamentales de bienséance sportive. » Le sport est aussi largement circonscrit dans le temps. Football, tennis, vélo : tout se passe le di-
gens étaient aussi très largement supporters et spectateurs », rappelle l’historien. mais derrière cette façade lisse comme un tibia de cycliste, en coulisse, ou plutôt dans les vestiaires, se joue l’avenir du sport français. Car « la décennie 1960 marque les débuts du sport comme phénomène de masse », affirme Jean-michel blaizeau. Avec la loi-programme d’équipements sportifs de 1961, l’etat décide la construction de 1000
“Je me dope parce que tout le monde se dope ” Jacques Anquetil