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n°4
La culture « made in France », colosse aux pieds d'argile
La France, pays de la culture ? elle le fut, sans aucun doute. Aujourd’hui ? elle demeure, si ce n’est Le phare artistique de la planète, l’un de ses principaux sémaphores. mais à trop se regarder le nombril, attention à ne pas changer marianne en Narcisse. Le Louvre, le festival d’Avignon et the Artist méritent et justifient notre fierté. mais les graphistes berlinois, les pianistes chinois et les plasticiens américains imposent une évolution de notre modèle.
ans les dîners en ville, mieux vaut être comédien, même raté, que chef d’entreprise, même brillant. Les premiers fleurent bon la bohême, le mystère et la Licence d’histoire de l’art à la Sorbonne. Les seconds transpirent l’argent, la comptabilité et l’eSC de province. bref, les premiers sont l’âme de la France, les dignes héritiers d’Hugo et Lamartine, quand les autres ne sont nés de ce côté-ci de l’Atlantique que par une erreur du destin, ou un retard à l’embarquement. Derrière ce trait – légèrement grossi – se cache une réalité : la France, les Français et leurs hommes politiques aiment, voire admirent, la culture et ceux qui la font. C’est même, en partie, grâce à cette relation intime que l’Hexagone est devenu Le pays de la culture. Car il le fut, incontestablement. « Fin XIXe et début XXe, Paris est un concentré de modernité et d’inventivité, assure marc bélit, fondateur de la scène nationale de tarbes, et auteur en 2008 du Malaise de la culture, prix de l’académie des sciences morales et politiques. Par exemple, quand partout en Europe se développe un académisme très classique, la France invente l’impressionnisme. » Une vitalité qui se double, à l’époque déjà, d’un patrimoine historique, intellectuel et architectural particulièrement riche. Après la cassure des deux Guerres mondiales, qui ne sera pas sans conséquences, la France poursuit sa marche en avant. preuve de son attachement à elle, le politique s’empare de la culture et crée, en 1959, un ministère dédié. « Confié à Malraux, celui-ci aura pour
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vocation de bâtir une politique culturelle avec des objectifs spécifiques : le soutien à la création, la conservation du patrimoine, et bien sûr la démocratisation culturelle, explique Vincent Dubois, spécialiste de la culture, professeur de sociologie et de sciences politiques à l’Université de Strasbourg. Les années 60 constituent une
des arts plus populaires et plus proches du quotidien de chacun. Un virage qui se concrétise notamment par le développement de politiques culturelles locales.
Une richesse cUltUrelle inégalée point d’orgue de cette passion française : 1981. pour la pre-
budget du ministère double en 1982. Cela a un effet d’entraînement très fort dans plusieurs domaines : les politiques culturelles locales, boostées par la hausse du budget et la décentralisation ; la professionnalisation des activités et des métiers de la culture, avec une augmentation du nombre de comédiens et d’intermédiaires culturels ;
la mode ou le patrimoine culinaire ; et enfin la création de nombreuses institutions nouvelles. » Ces cinquante années de volontarisme politique ont doté la France d’un outil et de ressources hors du commun. Avec pour phare paris, qui pour beaucoup, demeure La mecque de la culture. « Le Grand Paris possède incon-