references
CLUb ENtREPRENDRE
Créer aujourd’hui
n°4
Marianne crée sa boîte
Entre autocensure et pression sociale, beaucoup de femmes hésitent encore à lancer leur entreprise. Pourtant, pléthore d’initiatives ont été mises en place pour les inciter à franchir le pas : associations, réseaux, aides financières… Reste le frein culturel, difficile à lever.
orsqu’elle décida de fonder sa propre agence de communication, il y a une dizaine d’années, la présidente d’Albera Conseil, Patricia Chapelotte, se lança sans vraiment se poser de questions : « J’avais été salariée pendant assez longtemps, la hiérarchie me pesait. J’avais envie de décider, de prendre le pouvoir », explique celle qui fut un temps la conseillère com’ attitrée de Jérôme Kerviel et de Dominique Perben. Aux yeux de cette blonde quinquagénaire au regard d’acier, le fait d’être une
L
La femme n’est pas un chef d’entreprise comme un autre C’est un fait, en matière de création d’entreprise, les femmes ne sont pas encore les égales des hommes. Aussi, elles sont moins nombreuses à se lancer : alors que les femmes sont autant que les hommes à déclarer vouloir fonder leur entreprise, elles ne représentent qu’un chef d’entreprise sur trois, selon l’Agence pour la création d’entreprise (APCE). Un taux qui n’a pas bougé depuis… trente
accès au capital investissement, selon le club Women Equity. Et il est peu probable que ce chiffre ait beaucoup évolué depuis.
autocensure et stéréotypes Frilosité des investisseurs ou des femmes elles-mêmes ? Maïté Debeuret, co-dirigeante de Forces et fondatrice du portail www.entrepreneure.fr, s’est longtemps interrogée sur les raisons de ces disparités. De l’avis de cette femme, qui a recueilli le témoignage de plus de 200 dirigeantes de
dirigées par des femmes ont eu accès au capital investissement
“En 2006, seules 5% des entreprises ”
ans. Nette différence aussi du côté des montants levés au démarrage : 51000 euros de prêts bancaires en moyenne pour les femmes créatrices d’entreprise, contre 66000 euros pour les hommes, selon un baromètre réalisé par la Caisse d’Epargne en octobre 2012. Mais c’est surtout lorsqu’il s’agit de développer l’entreprise que l’écart se creuse : en 2006, seules 5% des entreprises dirigées par des femmes ont eu
femme n’avait aucune espèce d’importance quant à la réalisation de son projet. Mais son banquier, lui, n’était pas du même avis : « Au moment où je lui ai demandé un prêt, il m’a demandé si mon mari se portait caution ! » s’indigne-telle. Des histoires comme celles-ci, Patricia Chapelotte en a entendu des dizaines de la part d’autres dirigeantes au sein du club qu’elle a fondé depuis, Génération Femmes d’influence.
PME, l’autocensure joue tout autant que la pression sociale. Un véritable cercle vicieux : « La société entretient des blocages dans la tête des femmes, qui s’empêchent de faire avec les mêmes moyens que les hommes, estime-t-elle. C’est le même problème que pour l’égalité salariale : l’héritage socio-culturel pèse très lourd. On voit bien que les femmes sont encore responsables à 85% des tâches à la maison ! »