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PANOrAMA
International
n°4
Les deux Corée
Sur les terrains économique et culturel, la Corée du Sud enchaîne les succès. Mais entre précarité, injustices et dénatalité, sa population marque le pas.
l a suffit d’un demi-siècle à la Corée du Sud pour devenir l’une des économies les plus performantes de l’OCDE. Alors qu’en 1960, son PIB par habitant n’était que de 260 dollars, soit autant que le Cameroun ou l’Indonésie, il est aujourd’hui de 20000 dollars, soit autant que l’Espagne. Mieux, en PIB parité pouvoir d’achat, le « Pays du matin calme » figure au douzième rang mondial. Au delà de la rapidité de son développement, grâce notamment à un fort interventionnisme de l’Etat, ce petit pays de 48,8 millions d’habitants impressionne par sa réussite actuelle. D’abord parce qu’il mise sur l’économie de la connaissance : depuis plusieurs années, il fait partie des bons élèves de l’OCDE, qui classe ses investissements en recherche et développement au deuxième rang mondial et son système éducatif régulièrement dans le peloton de tête. Ensuite parce qu’il ne néglige pas le numérique : le territoire compte 52 millions de téléphones mobiles et 40 millions de personnes sont connectées à internet, soit l’un des taux de connexion les plus élevés du monde. Le tout en faisant preuve d’une grande vertu : entre 2009 et 2012, l’Etat a investi 38 milliards d’euros, soit 4% de son PIB, dans les technologies vertes afin de « passer du développement rapide au développement durable sans compromettre la croissance ». Le tout en dépit de la menace constante du belliqueux voisin nord-coréen.
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sur le marché des Smartphones (215 millions d’unités vendues en 2012, contre 137 millions d’iPhone seulement), des téléphones mobiles (22% des parts de marché, devant Nokia), des télévisions et des
l’économie du pays est considérable, puisque son chiffre d’affaires représente 23% du PIB national. Mais la Corée du Sud ne réussit pas seulement sur le terrain économique. Sur le
au début des années 2000 : la K-pop, ou Korean pop. Les nouveaux « boys-band » coréens, soutenus par de puissants labels, écoulent des millions de disques et enchaînent les tournées autour du globe,
breux pays asiatiques, et son cinéma qui fait sensation dans les festivals européens, la musique populaire est le principal outil du soft-power coréen, auquel le Gouvernement, via le ministère de la
Kyeong Hong-Mercier, professeure à l’Université de Séoul et auteure de « Hallyu in globalization and digital era ». Le soft-power rend désirables les produits hightech, la cuisine, le style vestimentaire, et même le tourisme en Corée du Sud.
Séoul est l’une des villes les plus « digitale » au monde. écrans pour ordinateurs. La multinationale fait aussi bonne figure pour les semiconducteurs, les appareils photo numériques et les tablettes. Elle est présente dans la construction navale et les front culturel aussi, elle enchaîne les succès. En 2012, il fallait vivre sur la planète Mars pour échapper aux chorégraphies déjantées de Psy, star d’internet qui a dépassé le milliard de visionnages accompagnés par une ferveur grandissante. En France, les places de leur dernière date au Zénith se sont arrachées en quinze minutes seulement. Mais la K-pop ne sert pas seulement à écouler des Culture, consacre plusieurs millions d’euros chaque année. La « vague sud-coréenne », ou Hallyu, s’est étendue à toute l’Asie, rendant le pays et ses produits très familiers et sympathiques aux yeux des fans. « Dans les années 1990, les consortiums évitaient d’identifier l’origine de leurs industries par peur que la mauvaise image de la Corée n’entache la diffusion internationale de leurs produits. Depuis le début des années 2000, ils utilisent grandement l’image des idoles dans leur campagne publicitaire en Asie. Et les produits Samsung apparaissent souvent dans les séries » explique Seok-