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PANORAMA
Hexagone
n°4
« Orages d’été »
Douze rapports du Conseil d’orientation des retraites, six réformes, vingt ans de débats et des millions de citoyens dans la rue. Des rebondissements, de l’émotion et des punchlines qui claquent : la réforme des retraites en France est définitivement la meilleure saga estivale.
ne fois n’est pas coutume, cette année, le meilleur feuilleton de l’été n’est ni sur TF1, ni sur France 2. Il n’a pas été réalisé par Josée Dayan et promis, ni Ingrid Chauvin ni Claire Keim n’interprèteront le rôle de l’héroïne. Cet été, le rôle phare est dévolu au Gouvernement, avec, comme dans toutes les meilleures sagas, de nombreux seconds rôles bien épais (les partenaires sociaux, l’opposition, les syndicats), des méchants et des secrets. Ce feuilleton, c’est bien sûr la nouvelle réforme des retraites.
U
« Encore ? » vous exclamez-vous. Eh oui, comme toute bonne série qui se respecte, la réforme des retraites, en France, est un feuilleton à rebondissements qui sait manier l’art du « cliffangher » : la fin de chaque épisode laisse le spectateur-électeur sur un suspense insoutenable, attendant avec impatience la suite de sa série favorite. Mais d’abord, un rafraîchissement.
Par Aymeric Marolleau
le castinG
le Gouvernement arbitrera les débats et promet d’écouter tous les acteurs jusqu’à la fin de l’été. Mais d’habitude, ce n’est pas l’arbitre qui marque les buts. Yannick Moreau, ex-présidente du COR, a remis le 14 juin dernier au Gouvernement un rapport très discuté sur la réforme des retraites. le Parti socialiste fera le match dans le match. L’aile gauche est prête à en découdre et dénonce le rapport Moreau, tandis que les sociaux-démocrates veulent réformer. Gare aux buts contre son camp. la commission européenne est la touche exotique du casting. Fin juin, elle a donné son avis sur le sujet, en adressant au Gouvernement une liste de recommandations plutôt libérales. La forme a déplu aux intéressés. les partenaires sociaux : organisations patronales et syndicales espèrent bien voler la vedette au gouvernement. Le patronat est opposé à la hausse des cotisations, qui menacerait l’emploi, mais est favorable à l’alignement du taux de CSG et souhaite un alignement des régimes du public et du privé. Quatre syndicats de salariés, CGT, FO, FSU et Solidaires refusent catégoriquement l’allongement de la durée de cotisation et la mise à contribution des retraités, et font de la modification du mode de calcul des retraites des fonctionnaires un « casus belli ». Ils appellent à manifester le 10 septembre, soit quelques jours avant la présentation du projet de loi du gouvernement. Ils nous réservent quelques punchlines dont ils ont le secret. C’est le moment de refaire votre stock de pop-corn et de mouchoirs, car le feuilleton de l’été nous promet de l’action, de l’émotion et des larmes, beaucoup de larmes.
dans les éPisodes Précédents…
saison 1 : 1982, « la retraite à 60 ans pour tous ». François Mitterrand est à l’Elysée, l’ordonnance Auroux accorde la retraite à partir de 60 ans, pour 37,5 années de cotisation, au taux plein de 50% du salaire annuel moyen. Facile.
© Jacques Paillette
saison 2 : 1993, « la réforme Balladur ». C’est le premier serrage de vis, causé par une crise, déjà. En 1993, cette crise est monétaire et très liée à la réunification allemande. Pour ne pas laisser courir les déficits des régimes de retraite, le Gouvernement rend les conditions du secteur privé moins favorables : il faudra désormais 160 trimestres de cotisation pour une pension à taux plein, contre 150 autrefois. Pensions qui seront indexées sur l’inflation au lieu de l’évolution des salaires.
© Forum Economique Mondial
© Flickr Parti Socialiste