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Qui ? Keeep
Quoi ? une plate-forme de produits numériques reconditionnés
4,4 %. Voilà ce que représente l’empreinte carbone du numérique en France, à en croire les données de l’Ademe. Et dans le détail, 50 % de l’impact carbone du numérique sont liés à la fabrication et au fonctionnement des terminaux (téléviseurs, ordinateurs, smartphones, etc.). Face a ce constat, Mirabelle Lamoureux, jeune entrepreneure de 28 ans, a décidé de reprendre en 2023 l’entreprise Keeep, start-up marseillaise spécialisée dans le matériel informatique reconditionné à destination des professionnels. Oui, la transition environnementale passe aussi (et beaucoup) par un numérique plus responsable.
Ne pas partir d’une feuille blanche
De bonnes études, HEC et Dauphine, et un bon CV puisque Mirabelle Lamoureux a d’abord travaillé dans les médias (Canal+, Vivendi, etc.). Comprenez un avenir à peu près tranquille, voire tout tracé. N’est-ce pas ce qui l’a finalement trop angoissée ? Même si Mirabelle Lamoureux ne se destinait pas à un avenir entrepreneurial, il y avait un terreau fertile : « Je n’ai jamais eu d’ordinateur neuf […] Mon père tenait une boutique de réparation d’ordinateurs. La récupération fait partie de mon ADN, mais à l’époque son commerce peinait à fonctionner. Je crois que la dimension écologique n’était pas assez présente dans l’esprit des gens, c’était plutôt une façon de faire quelques économies », explique-t-elle. Puis la covid-19 est arrivée, et son lot d’interrogations, de doutes. Voire d’introspection. Face à l’urgence climatique, ne pas s’engager revient à ne rien faire. Alors parce que tous les petits gestes comptent, Mirabelle Lamoureux veut, à son échelle, contribuer à ce que le monde de demain soit un peu plus vivable.
« Il n’est jamais évident d’avoir la bonne idée. J’ai eu cette opportunité de reprendre l’entreprise Keeep, que je connaissais, et je n’ai pas hésité. L’ex-dirigeant était en fin de carrière, et rencontrait des problèmes de santé, mais le projet était tout à fait prometteur », raconte l’entrepreneure. Un bel exemple de reprise, très précieux lorsque l’on sait qu’entre 2022 et 2032… pas moins de 700 000 entreprises seront à céder !
Changer l’image de la seconde main dans le numérique
Le concept ? faire en sorte que les professionnels s’équipent en matériel informatique reconditionné, aussi bien les entreprises que les collectivités. « On travaille beaucoup avec des PME, des entreprises hors de Paris. Et la plupart de nos fournisseurs et ateliers se trouvent en région. On ne le dit pas assez : la majorité de la richesse créée en France est produite extra-muros ! », défend Mirabelle Lamoureux. Le reconditionné, c’est plus écologique, moins cher, et local.
Malgré une belle promesse sur le papier, des freins subsistent du côté de nombre d’entreprises. D’abord sur le volume : « Les entreprises ont parfois peur de ne pas pouvoir équiper tous les collaborateurs de façon homogène puisque les reconditionneurs ont des pièces par-ci par-là. Nous l’assurons, nous savons où chercher les pièces nécessaires et en quantité suffisante pour que l’entreprise soit bien livrée. » Sur la question du volume, Keeep a récemment équipé toute une promotion au sein d’une école de l’enseignement supérieur, acteur avec lequel elle travaille de plus en plus. Deuxième frein : l’image de la seconde main, comme si recourir à du matériel reconditionné « envoyait un mauvais signal et s’apparentait à une forme de déclassement pour les entreprises clientes », pointe la patronne de Keeep. La marque-employeur en 2025, est-ce vraiment proposer le dernier MacBook à ses salariés ?
Lutter contre la « fast tech »
L’entreprise, qui accueille aujourd’hui six personnes, propose également un service après-vente avec un modèle de remplacement. « La qualité des ordinateurs reconditionnés que nous proposons est notre premier engagement, nous avons d’ailleurs mis en place une charte de qualité très stricte. Mais, évidemment, nous devons anticiper le moindre problème, et réagir au plus vite afin d’assurer la continuité de l’activité d’une entreprise », précise Mirabelle Lamoureux.
À long terme, le credo est ambitieux et non pas moins crucial : que le numérique responsable devienne une évidence. Partout et pour tout le monde. « La fast fashion est entrée dans le débat public, on en parle beaucoup et c’est tant mieux. Désormais braquons aussi les projecteurs sur la fast tech, pour en finir avec une logique de surconsommation dans le secteur du numérique », ambitionne l’entrepreneure engagée. Sur ce point, le combat est assez grand pour qu’il y ait de la place pour tout le monde.
































