UE : les priorités de la présidence hongroise

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Le parlement hongrois à Budapest, au bord du Danube. (Crédits : Shutterstock)

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Mouton noir de Bruxelles, la Hongrie occupe la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne jusqu’au 1er janvier prochain.

Budapest espère faire avancer son agenda lors d’un semestre particulièrement décisif. Paix en Ukraine, défense des états-nations, lutte contre l’antisémitisme… Analyse d’une méthode.

Souvenons-nous des derniers mots du directeur de l’agence de presse de Hongrie, à la fin du siège de Budapest, en novembre 1956 : « Nous mourons pour la Hongrie et pour l’Europe. » Une conscience continentale dont les écrivains d’Europe centrale se sont souvent fait les porte-voix passionnés, à l’instar du tchèque Milan Kundera, de l’autrichien Stefan Zweig ou du hongrois Sándor Márai.

Kiev, Moscou, Téhéran, Pékin : l’ébouriffante tournée de Viktor Orbán

La présidence du Conseil de l’Union européenne (rôle certes largement symbolique) revient ainsi à Budapest pour les six prochains mois, jusqu’au 1er janvier prochain. Ce sera ensuite au tour de la Pologne (1er semestre 2025) puis du Danemark (second semestre 2025). De quoi donner des sueurs froides aux technocrates bruxellois qui ont Viktor Orbán en horreur…

Le Premier ministre hongrois a d’ailleurs débuté son semestre en première ligne par un tour du monde particulièrement impressionnant. Orbán s’est d’abord rendu auprès de Volodymyr Zelensky et de Vladimir Poutine (premier dirigeant de l’UE à se rendre au Kremlin depuis Emmanuel Macron en février 2022) et a réclamé, à Kiev comme à Moscou, un « cessez-le-feu » plus que jamais urgent. Zelensky a d’ailleurs ouvert ce 15 juillet, pour la première fois, la perspective de négociations de paix avec la Russie. La visite du voisin hongrois n’y fut peut-être pas pour rien…

Bruxelles contre Budapest : l’inacceptable attitude des technocrates

Viktor Orbán s’est ensuite rendu à Téhéran puis à Pékin. Le représentant d’une nation de neuf millions d’âmes a ainsi pu dialoguer d’égal-à-égal avec Xi Jinping. Pour finir de donner de l’urticaire aux fédéralistes, Orbán a conclu son tour du monde en Floride, auprès de Donald Trump. Rien d’étonnant puisque le dirigeant magyar a imposé comme slogan de la présidence hongroise le très explicite « Make Europe Great Again ».

Ursula von der Leyen n’en finit pas de grincer des dents. En représailles, la présidente de la Commission européenne a ainsi décidé de se faire représenter par de simples hauts-fonctionnaires lors des réunions de la présidence hongroise ; un acte inédit. Autre forme de mépris : le traditionnel séminaire des commissaires européens dans le pays qui occupe la présidence tournante a été annulé, officiellement pour de vagues raisons d’agenda. Les commissaires européens ne profiteront donc pas du beau Danube bleu…

Plus pervers encore, le sommet des ministres des Affaires étrangères de l’UE, prévu fin août à Budapest, pourrait se voir annulé par la convocation simultanée d’une réunion de circonstance à Bruxelles, obligeant ainsi les ministres à décliner l’invitation hongroise… Tout est donc fait pour contourner la Hongrie, au risque du déni de démocratie.

La nation du Rubik’s Cube face au casse-tête bruxellois

Si, comme on l’a vu plus haut, la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne n’offre pas de considérables pouvoirs, elle permet tout de même à la Hongrie de pousser son propre agenda et d’établir une liste de priorités. Parmi celles-ci on pourra noter le rétablissement du primat des états-nations sur la Commission, la défense de l’élargissement, la lutte contre l’antisémitisme, la protection des minorités nationales (sujet essentiel en Europe centrale, notamment pour la Hongrie). Budapest entend aussi améliorer la relation de l’UE avec le Royaume-Uni et la Suisse et pousse pour la signature de nouveaux accords avec Andorre et Saint-Marin.

La Hongrie, petite nation par le nombre mais grande par son apport culturel à la civilisation européenne, s’inscrit ainsi en faux face aux multiples dérives de l’UE.  Il serait illusoire de tenir pour nulles et non avenues les initiatives de Budapest, véritable « empêcheur de penser en rond ». La présidence hongroise n’a pas choisi pour rien, en guise de logo, le fameux Rubik’s Cube inventé en 1974 par le hongrois Ernő Rubik. Belle métaphore du sempiternel casse-tête bruxellois…

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