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Non, Dominique Faure n’a pas voulu comparer l’attente du remaniement à l’angoisse ressentie par les malades du cancer…
La malheureuse doit avant tout sa polémique à son mauvais usage de la langue française.
Dominique Faure fait partie de l’association des ministres anonymes. Oui, la ministre déléguée aux Collectivités territoriales et à la Ruralité peut assurément faire ses courses très tranquillement… Ce n’est pas l’émeute lorsqu’elle va chercher sa baguette de pain à la boulangerie. Cette femme sympathique et débonnaire, qui fut maire d’une petite commune dans la région de Toulouse, semble de prime abord avoir à peu près les pieds sur terre. Loin des profils parisiano-parisiens qui sont la norme chez les macronistes.
Erreur, erreur ! Dans l’émission « Sens Politique » de France Culture, la ministre déléguée aux Collectivités territoriales n’a pas saisi la perche de la médiatisation naissante. Elle s’est pris les pieds dans le tapis, accumulant maladresses et bévues.
Dommage, car même si cette émission n’est pas très écoutée, elle reste assez suivie par le sérail des analystes et commentateurs, journalistes en tête. Ceux-là se sont donc empressés de répercuter l’information. Tant et si bien que Dominique Faure porte l’étiquette infamante de « la ministre qui a comparé l’attente du remaniement à la souffrance des malades du cancer… ». C’est du joli ! Résultat : Matignon va la placer sous surveillance et limiter drastiquement ses passages dans les médias.
La brinquebalante enchaîne les impairs
Rappelons les propos de l’impétrante, cités dans la longueur : « J’ai vécu cette période comme une période d’attente. Et à un moment donné, vous savez, j’ai fait ce parallèle, et je veux le faire avec vous, de gens qui, à qui on a diagnostiqué un cancer, et qui attendent pendant quatre semaines, cinq semaines parfois, les résultats des analyses pour savoir quelle forme de cancer, comment ils vont être soignés, quels risques ils ont et donc la vie, elle apprend la patience ». Lunaire et incompréhensible.
Soyons de bonne foi : une maladresse peut arriver, ne lui jetons pas la pierre. En vérité, la pauvre dame a sans doute voulu faire comprendre qu’il fallait relativiser l’attente du remaniement vis-à-vis d’autres épreuves, bien plus terribles. En revanche son français lui a fait défaut… Preuve en est avec cette maldonne aux airs de couac.
Voilà ce qu’elle aurait pu dire plus simplement, pour être comprise du premier coup. « Bien entendu, l’attente est délicate, mais il faut la relativiser. Ce n’est rien par rapport aux souffrances que vivent tant de nos compatriotes, je pense par exemple aux malades du cancer qui doivent rester des semaines dans l’angoisse, contraints de patienter jusqu’au résultat de leurs analyses. Mon cas personnel n’a pas beaucoup d’importance et de toute manière, je sais que je ne suis pas propriétaire de mon poste ».
Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement…
La gaffeuse ne s’est pas arrêtée sur sa lancée. Un peu plus loin, la journaliste Astrid de Villaines lui demande « quel droit supplémentaire Emmanuel Macron a accordé aux salariés depuis 2017 ? ». Bien en difficulté, Dominique s’emmêle les pinceaux : « Il a respecté les libertés que nous avons aujourd’hui dans nos textes de lois. Il a respecté et maintenu la liberté de manifester, la liberté de ne pas être d’accord ». Encore heureux… Monseigneur est trop bon ! Merci de ne pas avoir instauré la tyrannie !
Tout cela sans évoquer d’autres éléments de langage absurdes parce qu’abscons. Médaille d’or à celui-ci : « J’ai le dialogue social au cœur de mes tripes ». Au-delà du mauvais goût, qu’est-ce que cela veut vraiment dire ?
« Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement, et les mots pour le dire arrivent aisément ». Autrefois, on demandait aux écoliers de recopier cet adage dans leurs cahiers. Ce n’était peut-être pas inutile…
Les Perles de la politique
Vincent Lindon candidat en 2027 ? · C’est une enquête de M Le Magazine du Monde. Elle sème le trouble. Vincent Lindon, acteur apprécié, compte-t-il s’élancer dans l’arène politique ? En privé, il indique à qui mieux mieux son désir d’agir. « Il faut quelqu’un pour diriger la France. Je vais me présenter. L’Élysée, c’est le seul endroit d’où l’on peut changer les choses ». En marge d’un festival, Lindon s’exclame, emporté par la fougue : « Je suis fou de vous tous et toutes. Je suis fou des Français. Je suis fou de la France ». Il prépare même quelques phrases d’accroche… « Aujourd’hui, on propose des offrandes pour ceux qui n’ont besoin de rien et des sacrifices pour ceux qui ont besoin de tout ».