Temps de lecture estimé : 4 minutes

Nombreux et nombreuses sont ceux et celles à avoir profité d’un marché du travail atone pour se former. En allongeant leurs études, en quittant leur job ou en aménageant leur temps de travail. Objectif : monter en compétence et en employabilité grâce à un MBA (Master of Business Administration), un Executive MBA ou un BBA (Bachelor in Business Administration). De leur côté, les écoles ont mis le cap sur les nouvelles techniques d’enseignement.

La pandémie a joué un rôle d’accélérateur du changement côté étudiant·es, comme côté business schools. Des évolutions étaient déjà en cours avant la crise : travail à distance, outils numériques… Les écoles étaient déjà confrontées à une solide concurrence, celle des plates-formes d’elearning, à l’instar de Coursera, Udacity ou Edx. Pour qu’Internet ne s’impose pas comme la meilleure offre d’enseignement professionnel, les écoles ont joué de leurs petites cellules grises. Depuis mai 2020, elles n’ont plus le choix. Du bachelor à l’Executive MBA, elles ont revu leurs process de fond en comble.

Bachelor : privilégier les écoles membres de la CGE

Le bachelor est un diplôme post-bac, souvent perçu comme l’équivalent de la licence. Pourtant ce nom cache une grande variété de qualités d’enseignement. Pour attester qu’un BBA a la valeur académique d’un diplôme universitaire équivalent, il doit être visé par l’État. Depuis 2020, les écoles demandent que leur bachelor soit reconnu au grade licence. Cette double certification facilite la lisibilité du diplôme et rassure les candidat·es et leur famille. C’est le cas du BBA de l’Edhec, classé n° 1 des BBA en France par le magazine L’Étudiant. Ce bachelor de niveau bac +4 est accrédité, reconnu et visé par l’État. Les étudiant·es choisissent trois parcours : le business management est une spécialisation qui bénéficie d’échanges académiques. Le Global business immerge totalement dans trois pays : la France, les États-Unis et Singapour. Enfin, le parcours Online est intégralement dispensé en ligne. Un bachelor spécialisé oriente généralement les étudiant·es vers une insertion directe dans la vie active. Un programme généraliste les dirigera plutôt vers les masters. Mais depuis le début de la crise, la tendance générale est au prolongement des études. Un rapport d’enquête parlementaire signé par Marie-Georges Buffet et Catherine Mörch de décembre 2020 estime que seul un·e jeune sur six a arrêté ses études pendant la crise covid. S’ajoute une tendance des entreprises à renforcer un standard de recrutement à bac + 5. Retarder pour mieux sauter, telle est la nouvelle devise.

Le BBA, plus spécialisé que le bachelor

Le BBA, tout comme le bachelor, est une formation post-bac courte et professionnalisante. Il est également accessible sur concours. Idéal pour les étudiant·es qui souhaitent intégrer rapidement le monde du travail, sans passer par une classe prépa et l’étape de la préparation des concours. Le BBA et le bachelor vont modeler au fil des années la durée des études, sans s’engager sur une longue période. Comment choisir sa formation dans la jungle des offres et des terminologies ? En privilégiant les écoles membres de la Conférence des grandes écoles (CGE). Les étudiant·es sont assurés·e de la solidité des programmes grâce à la qualité du corps professoral, ainsi que d’un bon réseau de partenaires, ce qui facilite l’insertion sur le marché du travail. Ce type de formation convient particulièrement aux étudiant·es qui souhaitent bénéficier d’un encadrement. C’est une transition en douceur entre le lycée et l’insertion dans le monde du travail. Les promotions sont généralement de taille restreinte, ce qui facilite les apprentissages. Les programmes incluent des enseignements fondamentaux, ainsi que des formations pratiques avec des cours dans les disciplines fondamentales et des contenus pratiques, des travaux de groupe et des stages. Enfin, contrairement aux CPGE – les classes préparatoires –, les bachelors et BBA recrutent toutes sortes de profils : bacs généraux et STMG. La forte coloration internationale du BBA offre aux diplômé·es d’opter pour un premier emploi à l’étranger. C’est le cas de l’International BBA proposé par Kedge Business school sur le campus de Marseille. « Ce programme en management offre deux ans minimum à l’étranger et un an d’expérience professionnelle, explique Virginie Angle, directrice du programme International BBA de Kedge. Avec son parcours professionnalisant et ses nombreuses spécialisations, ce bachelor permet à nos étudiants de décrocher un poste dans les métiers du management, dans un environnement multiculturel dans les six mois qui suivent leur diplôme. » Mais si habituellement le BBA se caractérise par cette dimension internationale, l’année 2020 a fait exception. On estime que 80 % des métiers actuels auront disparu ou seront profondément modifiés dans 20 ans. Nombre de BBA proposent des spécialisations métier. À Audencia, le BBA Big Data et Management associe le management et l’ingénierie en association avec Centrale Nantes. L’EM Lyon propose, en plus des doubles diplômes internationaux, un double diplôme en 3e année avec l’école W, l’école des contenus et de la création numérique. Les étudiant·es peuvent ainsi suivre des cours dans la majeure Journalisme, documentaire et fiction.

Un MBA pour retarder l’entrée dans la vie active ?

Et si les MBA étaient les grands gagnants de la crise covid ? Il semble que le marché des Masters of Business administration soit contracyclique. C’est quand tout va mal que les cadres veulent évoluer et ressentent le besoin de se former. C’est ce semble montrer le nombre croissant des demandes d’inscription au sein de ces formations. Les grandes écoles ont vu les candidatures augmenter de plus de 60 %. Même tendance pour les formations moins cotées. Cette formation généraliste les outille pour occuper des postes à responsabilités : finance, stratégie, RH, gestion, organisation, management, leadership… Les MBA sont aussi (et surtout) l’occasion de se constituer un réseau à l’international. Là est le principal défi qu’ont dû relever les écoles. Restrictions de déplacement oblige, les étudiant·es privilégient désormais les MBA situés dans une zone géographique proche de leur domicile. Les campus situés en zone urbaine fortement peuplée sont donc privilégiés. Le rapport Tomorrow’s Masters de cette année, publié avec l’EFMD, European foundation for management development, Fondation européenne pour le développement du management, organisme d’accréditation des écoles de commerce, a révélé que la réaction traditionnelle à une période de crise économique se traduit par un essor du marché des masters. Un peu plus de la moitié (52 %) des personnes interrogées prévoient d’étudier parce qu’elles craignent une chute des offres d’emplois pour les nouveaux·les diplômé·es à cause de la pandémie. Les étudiant·es comprennent que l’ajout de compétences à leur diplôme de premier cycle les rendra plus attrayant·es aux yeux des employeurs. Mais pour de nombreux étudiant·es potentiel·les, l’intérêt pour le MBA est plus nuancé. Lorsqu’on leur demande directement ce qui les motive à étudier, le premier choix des partant·es est l’amélioration de l’employabilité, sélectionné par 28 % des répondant·es. Pourtant, le désir d’acquérir une expérience internationale, choisi par 27 %, motive tout autant. Un objectif que les écoles ont peiné à atteindre dans le contexte de la pandémie. L’amélioration de la rémunération est une motivation citée par 24 % des sondé·es, tandis que 23 % veulent mettre à jour des compétences existantes et 22 % sont désireux·ses de construire un réseau professionnel. Un groupe plus restreint, mais tout de même significatif, cherche à utiliser ses études comme un tremplin pour créer une entreprise, une option choisie par 17 % des répondant·es à l’étude. Parmi eux·elles, 28 % prévoient de créer l’entreprise tout en poursuivant leurs études.

EMBA : Profiter d’un marché atone pour se réinventer

Avant la pandémie, les cadres étaient en phase de quasi-plein-emploi. La demande d’Executive MBA était alors moins forte. La pandémie change la donne, les cadres en quête d’évolution se sont massivement tourné·es vers ce cursus. Certaines écoles ont ouvert de nouvelles classes pour faire face à la demande. À HEC comme dans la plupart des grandes écoles, les promos de la rentrée de septembre sont déjà quasi complètes. À l’origine de cet engouement, l’idée selon laquelle à la fin de la formation, la crise sera derrière nous et de nouvelles opportunités s’offriront à eux et elles.

Alors que les carrières linéaires sont devenues une exception, un passage par la case formation est perçue par certains cadres comme quasi incontournable. Ils·elles doivent sans cesse se réinventer. Un cadre titulaire d’un bac +3 dans le commerce ou le marketing aura besoin, pour accéder aux fonctions du top management, de connaissances en finance, comptabilité, stratégie, pour pouvoir acquérir une vision stratégique de l’entreprise. Les écoles se sont adaptées aux disponibilités des candidat·es. Le chômage partiel a donné le moyen à certain·es de se former à mi-temps, tandis que d’autres se sont rendu·es disponibles à plein temps pour s’impliquer à 100 % dans leur projet de conversion. Les objectifs varient : changer de secteur d’activité, donner une dimension internationale à son travail, changer de statut au sein de son entreprise, créer une entreprise… À l’Essec, environ 15 % des participants au Executive MBA souhaitent créer leur entreprise à l’issue de la formation.

S’adapter, le maître mot

Pour survivre à la crise, mieux, pour en sortir grandies, les écoles ont usé de tous les moyens possibles afin d’assurer une continuité pédagogique. Le pari semble en partie réussi. Reste à relever un défi : maintenir la coloration internationale de ces diplômes, tout en intégrant les restrictions de déplacement.

Marie Bernard

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

J’accepte les conditions et la politique de confidentialité

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.