Les régions qui créent, incubent et accélèrent

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La création d’entreprises, voilà un marqueur scruté pour juger du dynamisme d’une économie et d’un territoire. Alors que l’entreprenariat français bat des records (+ 691 000 entreprises en 2018, + 17 % par rapport à 2017), les accélérateurs et incubateurs de start-up jouent un rôle décisif dans le développement de ces nouvelles pousses.

Bretagne : terre d’entrepreneuriat

Les Bretons ont le goût d’entreprendre. Selon Odoxa, 27 % d’entre eux disent vouloir créer leur entreprise, soit la plus importante portion pour une région française. Et ce n’est pas le seul classement où la Bretagne truste les premières places. La progression de ses créations d’entreprises en 2018 est la 4e de métropole (+ 17,9 %), loin devant ses résultats de 2017 (+ 3,4 %). Ce sont ainsi 23 075 nouvelles entreprises qui sont venues s’ajouter à l’écosystème de l’entrepreneuriat breton. Et l’année 2019 confirme la bonne dynamique, 7 318 entreprises ont été créées au premier trimestre et 6 402 au second, soit 1 230 et 738 de plus qu’aux premiers et seconds trimestres 2018. Parmi les principaux incubateurs bretons, Emergys, lancé en 2000, accueille les projets technologiques proches des laboratoires de recherche, pour une période d’incubation moyenne de 19 mois. La French Tech Rennes Saint-Malo porte également l’incubateur Le Booster, créé en 2013, qui œuvre pour transformer une idée en projet structuré. Côté accélérateurs, West Web Valley, basé à Brest, booste des jeunes pousses du web et dispose d’un fonds de 35 millions d’euros géré par Arkéa Capital Gestion.

Occitanie : année record

Si la progression de 14,5 % de ses créations d’entreprises en 2018 n’est pas parmi les plus importantes de métropole (11e, en dessous de la moyenne nationale de + 16,9 %), l’Occitanie a bien atteint des hauteurs records l’an passé et conserve sa place parmi les principales régions françaises en termes d’entrepreneuriat. Après la création de 55 000 entreprises et une progression de 4,7 % en 2017, ce sont 63 000 nouvelles entreprises (4e total national) qui ont permis à la région toulousaine de contribuer à 10 % du total des créations françaises en 2018. Seule l’année 2010 et ses quelque 65 300 nouvelles sociétés furent plus fastes pour les entreprises occitanes. Toulouse et Montpellier, métropoles French Tech, sont au cœur de l’écosystème de l’entrepreneuriat régional. Le réseau d’incubateurs RésO Incubateurs Pépinières +, créé en 2018, rassemble 47 structures d’accompagnement sur le territoire. Parmi elles, l’incubateur et accélérateur toulousain Nubbo accueille des projets de biotech, chimie, électronique et logiciels Web, et propose une aide financière jusqu’à 50 000 euros pour booster les start-up. À Montpellier, l’incubateur BIC Montpellier conçu en 1987 fait office de référence internationale (classé par UBI Global en 2018 second meilleur incubateur mondial collaborant avec une université).

Île-de-France : cœur de l’entreprenariat

Comme dans bien des domaines, l’Île-de-France est la région locomotive. À l’instar du bilan national, dont la hausse significative est principalement due à l’essor des entreprises créées sous le régime du microentrepreneur, la région francilienne bat des records en 2018, avec plus de 212 000 entreprises créées (+ 18,8 % par rapport à 2017. L’Île-de-France tient son rang de premier bassin d’emploi européen et de cœur économique national (31 % du PIB et 40 % des dépenses de R&D). Selon un récent baromètre Odoxa, 25 % des Francilien/nes disent vouloir créer leur entreprise. Pour accompagner entrepreneur/euses et start-up, incubateurs et accélérateurs ne manquent pas. Outre les trois incubateurs régionaux de la recherche publique (Incuballiance, Agoranov et Paris Biotech Santé), l’Île-de-France réunit près de 160 incubateurs (selon Alloweb). Le plus grand d’entre eux, la Station F, « plus grand campus de start-up au monde » à son lancement par Xavier Niel, propose aux entrepreneur/euses 3 000 stations de travail et dix programmes d’accompagnement. Le tout étalé sur quelque 34 000 m² et ouvert 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Citons également les accélérateurs Day One, à l’origine de plus de 20 millions d’euros de levée de fonds, et The Family (société d’investissement qui prend 3 % du capital des start-up), ou encore le réseau d’incubateurs Paris & Co (12 en ÎdF), labellisés Paris Innovation (label donnant accès à l’aide Paris Innovation Amorçage).

Auvergne-Rhône-Alpes : pas la meilleure dynamique

Fidèle à ses standards, l’Auvergne-Rhône-Alpes devance les « autres régions » (autres que l’intouchable Île-de-France) en matière d’économie et d’entreprises. Si elle ne présente pas la meilleure dynamique de création d’entreprises (+ 16,6 % en 2018, 6e progression de métropole, en dessous de la moyenne nationale de + 16,9 %), la première région industrielle française reste la seconde en termes de volumes, encore une fois derrière l’Île-de-France (81 815 nouvelles entreprises en 2018, soit 11,8 % du total national). Au premier trimestre 2019, les créations d’entreprises en ARA (23 600) dépassent la moyenne nationale (+ 8,2 % contre + 8,1 %). Lyon et sa métropole, cœur de l’activité régionale, réunissent d’importantes structures d’accompagnement. Parmi elles, l’incubateur collaboratif BoostinLyon, pionnier du genre installé en 2011, a déjà accompagné plus de 120 projets et revendique 67 % de start-up toujours en activité. Autre incubateur notable, l’Alter’Incub Auvergne-Rhône-Alpes, qui accompagne gratuitement des start-up de l’innovation. Les entrepreneurs compteront sur des accélérateurs comme Axeleo, qui sélectionne une dizaine de start-up par an et dispose d’un fonds de 45 millions d’euros, ou Big Booster, porté par la Fondation pour l’université de Lyon et tourné vers l’international.

Paca : parmi les champions de la création

C’est simple, la région provençale se classe première de la classe métropolitaine en termes de dynamique de création d’entreprises. Après une croissance mitigée en 2017 (+ 4,1 %), 2018 est une année faste, avec une augmentation de 19,2 % (la moyenne nationale est de + 16,9 %). Aucune région ne fait mieux en métropole. Seule la Guyane française connaît meilleure progression (+ 34,6 %). Plus précisément, ce sont plus de 69 000 entreprises qui ont vu le jour en Paca en 2018 (3e total national). Comme partout en France, le secteur des transports et entreposage est en plein boom (+ 130,7 %). Autre marqueur de la bonne santé des entreprises de la région, les défaillances d’entreprises sont en baisse de 12,6 %, loin devant la moyenne française (- 2 %). Les entrepreneurs du numérique, des médias, de l’audiovisuel et des objets connectés solliciteront l’incubateur Marseille Innovation, organisé à Marseille autour de quatre pépinières et financé par l’État, les collectivités locales et des groupes privés. Sans oublier les trois incubateurs labellisés par le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation : Impulse (Marseille), Paca Est (Nice et Toulon) et Marseille Belle de Mai.

D’autres régions métropolitaines méritent d’être citées. La Normandie, « seulement » 8e région en termes de création (26 731), mais seconde meilleure progression de métropole en 2018 (+ 18,9 %). La Nouvelle-Aquitaine, 5e territoire en termes de créations d’entreprises en 2018 avec 58 043 nouvelles « boîtes » (+ 16,6 %, à égalité avec l’Auvergne-Rhône-Alpes). La région des Hauts-de-France, 6e avec 39 578 créations en 2018 (+ 14,3 %), profite, elle, de l’aura d’EuraTechnologies. Créé en 2009 et financé par la Métropole européenne de Lille, l’incubateur et écosystème tech s’étend sur 80 000 m² dédiés aux nouvelles technologies.

ADAM BELGHITI ALAOUI

Au Sommaire du dossier 

1. La France des micro-entreprises : le désir de créer

2. Les régions qui créent, incubent et accélèrent

3. Entrepreneur au XXIe siècle sur la planète

4. Le journal du futur

 

 

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