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Le tourisme de masse produit ses premières révoltes sociales. L’heure est venue de changer notre modèle, comme l’indique notre chroniqueur, Ezzedine El Mestiri.
En juin dernier, des milliers de personnes ont manifesté dans les villes espagnoles de Malaga et de Cadix contre le tourisme de masse, accusé de priver la population locale de logements à des prix abordables.
La concentration touristique à l’archipel des Canaries a poussé la population à se révolter à cause des prix prohibitifs de l’habitat. Venise qui ne compte que 55 000 habitants accueille chaque année près de 30 millions de personnes. Face au surtourisme, et c’est une première mondiale, elle a imposé un droit d’entrée à l’instar d’un parc à thème. Le visiteur doit s’acquitter d’un billet d’entrée à cinq euros obligatoire les jours de grande affluence.
Des conséquences néfastes pour une population au bout du rouleau
Comment endiguer le flux touristique ? Les îles grecques, Mykonos et Santorin, Rhodes et Corfou qui font l’objet d’une pression touristique suffocante ont pris conscience de la menace. Ils ont adopté des hausses des tarifs et des quotas. En République tchèque, Prague a procédé à une sélection de ses visiteurs en incitant ses hôteliers à hausser leurs tarifs de 19 % l’an dernier. Suisse Tourisme, une entreprise mandatée par la Confédération veut mieux équilibrer les flux de vacanciers pour protéger le pays alpin du surtourisme, en proposant des destinations hors des sentiers battus. Répartir les visites au fil de l’année.
Les mouvements hostiles au surtourisme se multiplient à travers le monde poussant les autorités à agir pour concilier le bien-être des habitants avec un secteur économique essentiel. Des mesures sont mises en œuvre pour gérer les concentrations de visiteurs. L’une d’elles consiste à mieux les répartir dans l’espace et le temps. Atténuer un phénomène qui gâche à la fois le voyage et la qualité de vie des locaux. De nombreuses villes, victimes de leur succès, voient leur population se multiplier avec la venue des touristes qui provoque d’importants déséquilibres dans la vie quotidienne : transports surchargés, nuisances sonores et une pénurie de logements pour les habitants.
L’hyper-concentration des touristes est un incroyable fléau
Selon l’organisation ONU Tourisme, le surtourisme est provoqué par le fait que 95 % des touristes mondiaux se concentrent sur moins de 5 % des terres. A l’échelle de la France, c’est 80 % de l’activité touristique qui se concentre sur 20 % du territoire. Un afflux massif de touristes, dépassant la capacité d’absorption d’une région, pose de sérieux problèmes auxquels il est impératif de trouver des solutions.
Face à l’impact environnemental, culturel, social et économique du surtourisme, il y a une urgence de limiter le nombre de visiteurs dans des lieux touristiques en vogue.
Au-delà des répercussions négatives sur la population locale, le surtourisme exerce aussi des pressions sur l’environnement avec une surconsommation des ressources naturelles et une création toujours plus importante de déchets polluants. Selon un rapport de l’ONG WWF, en mer Méditerranée, 52 % des détritus seraient liés au tourisme balnéaire ! Le nombre d’arrivées internationales mondiales est passé de 960 millions en 2022 à 1,3 milliard en 2023. Et tout indique que cette croissance se poursuivra dans les prochaines années. Il est donc urgent de réinventer le tourisme, réguler les flux de visiteurs et l’encadrer.




























