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Les commémorations du Débarquement constituent une opportunité économique majeure pour la Normandie.
L’été arrive. Le beau temps revient. Et avec ça le désormais traditionnel marronnier médiatique du « nouveau tourisme ».
En bref, partir moins loin et plus longtemps, à la recherche de séjours respectueux du climat, dans des territoires de caractère. De nombreux coins de France sont décidés à saisir cette chance. Ainsi, des départements comme la Corrèze, le Cantal ou les Vosges – autrefois méprisés – profitent d’un net regain. De nombreuses familles plutôt citadines viennent y chercher un peu de quiétude.
Un éventail de 94 sites
La Normandie joue une carte assez différente… Et qui lui réussit. Certes déjà habituée à accueillir des touristes dans ses stations les plus cotées (Deauville, Trouville, Cabourg, Houlgate), la région de Richard Cœur de Lion mise désormais sur le tourisme mémoriel, qui développe une autre partie de son littoral.
Le 80e anniversaire du Débarquement du 6 juin 1944 fut évidemment l’occasion parfaite d’illustrer ce phénomène économique. 25 chefs d’État – dont Charles III – furent présents lors de la cérémonie à Omaha Beach et les images des côtes normandes parcoururent le monde entier. Quel théâtre ! Il y a dix ans, le 70e anniversaire avait attiré « 70 millions d’euros » de recettes supplémentaires, selon Atout France.
Avec 94 sites dédiés à la mémoire du « Jour J » (et non « D Day »), le Calvados (beaucoup) et la Manche (un peu) ont de quoi proposer une offre touristique particulièrement variée. On pense évidemment au cimetière américain de Colleville-sur-Mer, au cimetière britannique de Ver-sur-Mer ou encore au cimetière canadien de Bény-sur-Mer (29 lieux du même genre sont à visiter le long des côtes). Sans oublier le Mémorial du Débarquement, situé à Caen, vaste musée dédié à cette opération militaire d’importance, ou encore au fameux village de Sainte-Mère-Église, décor de la fameuse scène du parachutiste dans Le Jour le plus long.
10 millions de nuitées touristiques en 2023
Le Pôle observatoire tourisme Normandie nous apprend qu’en 2023 « 10 millions de nuitées touristiques » furent enregistrées dans les communes qui bordent les plages du Débarquement. Une hausse de +2,5 % sur un an. Et il ne fait aucun doute que ce chiffre sera largement dépassé cette année, en raison des commémorations. Notons que la fréquentation internationale représente 39,5 % des nuitées touristiques totales sur la zone, « soit 6,3 points de plus qu’à l’échelle régionale, en progression de 3,5 points par rapport à 2022 ».
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les Américains ne représentent que 15,8 % de la clientèle internationale, contre 18 % pour les Néerlandais et 16,3 % pour les Britanniques. Sept touristes étrangers sur dix sont d’ailleurs européens.
L’aspect mémoriel, première motivation de 80 % des visiteurs
En dehors des nuitées effectivement réalisées sur place, on constate que les sites du Débarquement – considérés dans leur ensemble – bénéficient de 42 % de visiteurs étrangers. 80 % des visiteurs interrogés au terme de leur visite indiquent d’ailleurs que l’aspect mémoriel fut la motivation principale de leur venue.
Le Conseil régional de Normandie précise les retombées en termes d’emplois : « Cette activité génère un volume très conséquent d’emplois indirects (4 400) et d’emplois induits en amont et en aval (3 560). Au total on estime que la thématique du tourisme de mémoire en Normandie génère 8 410 emplois (directs, indirects, et induits) ». Cela représente 20 % de la totalité des emplois touristiques de la Région. La Normandie précise d’ailleurs que « 78 millions d’euros » furent investis dans la dernière décennie.
L’analyse d’Hervé Morin
Hervé Morin, président Les Centristes de cette belle région française poursuivait cette analyse le 5 juin dernier, au micro de France Bleu Normandie : « Globalement, quelqu’un qui vient pour aller sur les plages du Débarquement va rester 6 à 7 jours en Normandie, donc c’est touristiquement très important. En plus de ça, ce qu’on sait, c’est que ce sont des gens qui ont plus de pouvoir d’achat que les touristes moyens, aux alentours de 20 % de plus. Donc c’est très positif pour la région ».
L’ancien ministre poursuit : « Nous en avons profité pour inviter tous nos grands partenaires économiques. Notamment Américains et Canadiens qui ont pu rencontrer les entreprises normandes avec lesquelles ils travaillent. Et donc on essaie d’associer aussi l’économie et ce moment-là ».