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n°5
PANORAMA
L’Entretien
DATES CLÉS
16 juillet 1965 : naissance à Concarneau, en Bretagne. 1985 : première course autour du monde dans l’équipage d’Eric Tabarly, sur Côte-d’or, pour la Whitbread. 1992 : premier titre dans la Solitaire du Figaro. 1999 : création de l’écurie de course au large Mer Agitée. 2001 : première victoire dans le Vendée Globe avec PRB. 2002 : victoire sur la Route du Rhum sur Géant. 2004 : victoire dans la Transat anglaise sur Géant. Premier skipper à remporter successivement les trois plus grandes courses au large. 2009 : premier marin à remporter deux fois le Vendée Globe, avec Foncia ; élu meilleur marin de l’année par la Fédération française de voile pour la troisième fois. Création du bureau d’étude Mer Forte.
©B.STICHELBAUT
rupture, mais on fait preuve d’ingéniosité en associant de nouvelles techniques, de nouveaux matériaux, notamment grâce des méthodes de calcul sophistiquées qui n’existaient pas il y a deux décennies. Où avez-vous puisé la force de remporter le Vendée Globe 2008-2009 malgré un contretemps de deux jours au départ ? Tout le monde a vu le résultat final et la manière, mais très peu ont mesuré l’état d’esprit dans lequel je me trouvais. La clé dans ce genre d’épreuve, c’est la motivation, et la mienne était très forte. Quand j’ai pris le départ de cette course, cela faisait deux ans que je travaillais sur le bateau et dès ma première victoire, sept ans auparavant, je savais que je reviendrais. J’avais une telle motivation, une telle envie d’en découdre que cette avarie technique, que certains auraient prise comme une catastrophe, je ne l’ai perçue que comme un fait de course. Au moment de reprendre la mer, malgré mes 40 heures de retard, j’ai pensé qu’il me restait 80 jours de mer, donc rien n’était perdu.
Je me suis régalé pendant trois mois, je me marrais tous les jours à revenir sur la flotte. J’étais dans mon élément, je le faisais parce que j’avais envie de le faire. Je ne naviguais pas sur le meilleur bateau, mais il y avait une telle adéquation entre l’homme et la machine, que de l’extérieur cela paraissait presque facile, même si c’était énormément de travail, d’engagement et de prise de risque.
“Le marin est doté d’une capacité qui est très proche de la survie animale ”
capacité qui est très proche de la survie animale. Quand on est dans le pétrin, on n’a pas d’autre solution que de se débrouiller avec ce qu’on a pour s’en sortir. C’est ce qui m’est arrivé ce jour-là : si je n’avais pas trouvé de solution, j’aurais été obligé de m’arrêter en Australie ou au Chili. Pour un compétiteur, la menace de l’abandon est presque comme une question de survie. En 1999, vous avez créé votre propre écurie de course
1er janvier au matin, et lorsque j’ai enfin trouvé la solution le 4 janvier, je n’ai pas osé arrêter le moteur pendant cinq heures. Même si je ne suis pas superstitieux, j’étais terrifié qu’il ne redémarre pas. Mais comme je n’avais pas des réserves illimitées de gasoil, je m’y suis résolu. Ensuite, cette manœuvre est devenue aussi simple qu’un virement de bord car mes muscles l’avaient intégré. Le marin est doté d’une
au large, Mer Agitée. Pourquoi ? Jusque là, j’avais beaucoup navigué sur les bateaux des autres, ou avec des budgets gérés par d’autres. En 1998, j’ai gagné la Solitaire du Figaro pour la deuxième fois et le Solo Méditerranée. Je me suis alors dit qu’il était temps d’aller plus loin, et cela impliquait de me mettre à mon compte, d’avoir ma propre structure. Aujourd’hui, on ne