references
RH & FORMATIOn
Réseaux & Influence
n°5
Les Protocoles des sages des Clubs
Et si le monde était contrôlé par une élite qui se retrouverait en cénacles secrets pour décider de l’avenir de l’humanité ? Pour étayer leurs légendes urbaines, les « conspirationnistes » ont jeté leur dévolu sur deux réseaux selects : le Groupe Bilderberg et le Bohemian Club. Attention, fantasmes et accusations nauséabondes.
e matin du 29 mai 1954, le petit village néerlandais d’Oosterbeek, à 80 kilomètres au sud-est d’Amsterdam, connaît une agitation peu commune. De luxueuses berlines quittent l’asphalte de la route principale et s’engagent sous le manteau des arbres, sur l’étroit chemin qui mène à un long édifice blanc à l’architecture austère abrité des regards : l’hôtel Bilderberg. Les automobiles s’immobilisent et libèrent leurs prestigieux passagers. Ils sont 61 : 50 européens et 11 américains. Parmi les convives se trouvent le milliardaire David Rockefeller et le Prince Bernhard des Pays-Bas. L’importante assemblée n’a pas fait le déplacement pour le charme rural du Gelderland ni pour visiter le musée de la bataille d’Arnhem, mais pour assister à un cycle de conférences. Pendant trois jours, et dans le secret le plus complet, ils débattront de l’attitude à adopter envers le communisme et l’Union soviétique, les politiques économiques ou encore l’intégration européenne. Le 31 mai se clôt la première réunion de ce que l’on nommera désormais le « Groupe Bilderberg ». En pleine guerre froide, il doit sa naissance à deux diplomates polonais désireux de renforcer les liens entre l’Amérique et l’Europe. Alors que la Seconde Guerre mondiale est terminée depuis bientôt dix ans, les problèmes en commun sont nombreux : politiques monétaires, investissements internationaux, commerce, sécurité… Depuis, le groupe s’est réunit chaque année pour un cycle de conférence où jusqu’à 150 leaders politiques, diplomates, économistes, chefs d’entreprises ou journalistes, discutent des grandes tendances macro-économiques et des principaux défis que le monde doit affronter.
C
“Le club a été désigné par les « conspirationnistes » comme « le réseau des maîtres du monde » ”
Bref, pas de quoi crier au loup à première vue. Et pourtant, le club transatlantique a été désigné par les « conspirationnistes » comme « le réseau des maîtres du monde ». Pourquoi ce titre ? D’abord à cause de l’influence des personnalités qu’il a accueillies à un moment ou à un autre. En 2000, le château du Lac de Genval, en Belgique, a abrité Dominique StraussKahn, Beatrix des Pays-Bas, Georges Soros ou encore Henry Kissinger. En un peu plus d’un demi-siècle, de nombreux chefs d’Etat de tous bords politiques y ont garé leur cortège diplomatique, comme Helmut Schmidt, Angela Merkel, Herman Van Rompuy, José Luis
Les « maîtres du monde »
Rodriguez Zapatero, Bill Clinton, Georges Pompidou ou Tony Blair. Mais ce qui excite surtout les fantasmes, c’est la règle de secret absolu qui entoure ces réunions. Malgré l’importance des sujets traités et la renommée des orateurs, aucun discours ou prise de position ne doit fuiter. Pendant des années, l’existence même du groupe est demeurée secrète. Pour certains, sur l’air d’ « on ne nous dit pas tout », c’est la preuve qu’il s’agit ni plus ni moins d’un « gouvernement mondial » où des décisions cruciales se prennent loin de l’opinion et de toute démocratie. Bilderberg s’en défend, arguant sur son site internet que « grâce à la nature privée des conférences, les participants ne sont pas contraints par les conventions