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CLuB ENtREPRENDRE
Créer aujourd’hui
n°5
Péril Jeune ?
Assimilée à un parcours du combattant, la création d'entreprise peut souvent refroidir les jeunes. Pourtant, plus qu'une question de moyens, d'outils ou d'accompagnement, l'obstacle majeur serait d'abord culturel.
B
alavoine chantait le blues du businessman tandis que Renaud vilipendait le statut d’étudiant. Deux écoles musicales opposées certes, mais au service de la même idée : la remise en cause des modèles socioprofessionnels. Si, aujourd’hui, la génération Y chamboule les modèles d’organisation et renonce à faire carrière dans la même entreprise, cette même génération s’oriente de plus en plus vers la création. Le meilleur moyen, vraisemblablement, de se faire plaisir et de donner du sens à son activité professionnelle.
volonté La création n’est pas toujours motivée par le seul désir d’innovation ou d’indépendance. Dans bien des cas, elle est contrainte ou forcée par la conjoncture. Porter un projet jusqu’à pouvoir se rémunérer permet ainsi de retomber sur ses pieds tout en évitant de subir une situation professionnelle précaire. Dans les chiffres, c’est un mouvement de fond non négligeable : 75% des auto-entrepreneurs ont effectivement monté leur affaire pour en faire un complément de salaire. Par ailleurs, on assiste également à un changement de paradigme au regard des évolutions de carrière des jeunes. « Désormais, les jeunes réalisent que
SoumiSSion et
Se faire plaisir+ prendre des risques= l'esprit d'entreprendre les voies, autrefois royales, ne mènent plus à des métiers sécurisés et à une progression tions ne sont pas si satisfaisantes que cela. L’accès à la propriété est devenu plus difimmobilier. La création intervient donc comme un moyen de se créer du capital argue Xavier Kergall, DG des Echos et du Salon des entrepreneurs de Nantes.
“La chape judéo- chrétienne sur l'argent, la
de carrière dans la même société pendant 20-30 ans. D’autant que les rémunéraficile au regard de la progression des salaires et de la hausse des prix du marché
eduquer pour
réussite et sa culpabilité est progressivement en train de sauter
et un levier d’investissement plus rapide dans la constitution de son patrimoine »,
”
mieux créer Globalement, les acteurs de l’enseignement, tant dans le secondaire que dans le supérieur, multiplient depuis plusieurs années les initiatives pour ouvrir les étudiants à l’esprit d’entreprise. Phénomène d’autant plus flagrant dans les universités où l’on
assiste, ces dernières années, à la création de nombreux mastères de 3e cycle consacrés à la création et à la reprise. En dix ans les mentalités ont évolué. Et l’entrepreneuriat n’est plus un gros mot dans les universités. Les politiques ont compris que ce sont les petites entreprises qui sont créatrices de richesse. Dans ce sens, le statut d’autoentrepreneur, à l’œuvre depuis 2009, a permis de démocratiser la possibilité de créer. Néanmoins, « l’esprit d’initiative, composante essentielle du chef d’entreprise, n’est pas encore suffisamment rentré dans les mœurs en France, nuance Laurent Degroote, vice-président à la CCI Grand Lille. Le monde associatif et l’Education nationale n’intègrent pas assez ce savoirêtre dans les enseignements. » « Malgré tout, le climat demeure propice à la création, analyse Xavier Kergall. Sociologiquement et culturellement, on assiste à une véritable accélération en matière de création. La raison ? Une meilleure image du patronat, qui n’est pas fait que de parachutes dorés. On commence finalement à saisir que l’entrepreneur, de sa création à sa pérennisation, c’est celui qui est au fond de la mine à pousser les wagonnets. » La chape judéo-chrétienne sur l’argent, la réussite et sa culpabilité est progressivement en train de sauter.
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